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Les puéricultrices se sentent oubliées du gouvernement: "On a l’impression que dans les crèches le Covid n’existe pas"

S’il y a bien un secteur qui n’a jamais fermé ses portes depuis le début de la pandémie, c’est bien celui de l’accueil de la petite enfance. A tel point que les puéricultrices se sentent oubliées du gouvernement. Elles réclament plus de reconnaissance et plus de valorisation.

Les crèches constituent un des rares secteurs à ne pas avoir dû fermer pendant ces deux ans de pandémie. Aujourd’hui, les puéricultrices aimeraient que leur travail soit davantage reconnu et valorisé. "On est fier de l’avoir fait, très fier, parce qu’on voit que les enfants sont toujours épanouis et que leurs parents nous sont reconnaissants. Mais d’un autre côté, je me sens fatiguée et frustrée. Il y a une sorte d’ingérence de la part de l’Etat par rapport à notre situation", avoue Sabine directrice de crèche et accueillante d’enfants au Petit Envol à Woluwé-Saint-Pierre.

Ces structures d’accueil connaissent cependant également des problèmes d’organisation :  manque de personnel criant, absentéisme plus courant, matériel de protection manquant ou absence de testing… Il est difficile de trouver du renfort de qualité et de confiance lorsqu’une puéricultrice tombe malade. "On a l’impression que dans les crèches le Covid n’existe pas, on ne ferme pas, ça n’existe pas, on n’en parle pas. C’est très compliqué à gérer parce qu’on a quand même l’impression d’être très importante et on l’est aux yeux des parents et des enfants qui sont là", souligne Camille, puéricultrice au Petit Envol.  

A peine évoqué lors des Codeco

Lors des comités de concertation, le secteur est rapidement évoqué et balayé aussi vite. Les décisions sont brèves et sans précision. "On parle beaucoup des fermetures d’écoles, vous n’entendez pas parler des crèches ou bien juste : ‘Les crèches restent ouvertes’, c’est tout ce qu’on reçoit comme information", regrette la directrice de la crèche de Woluwe-Saint-Pierre.

Les mesures sanitaires sont également très légères au sein des structures d’accueil pour enfants. Les puéricultrices ne pouvant pas constamment porter le masque puisque les enfants ont besoin de voir les expressions faciales pour bien apprendre, elles se sentent donc parfois vulnérables face au Covid. "Je ne vois pas pourquoi un enfant de maternelle devrait rester à la maison et être protégé alors qu’un enfant de la crèche ne devrait pas l’être", s’interroge Camille.

Les enfants n’étant pas vaccinés, il est donc probable qu’ils augmentent la propagation du virus. C’est en tout cas l’avis de Brice Layeux, infectiologue à l’hôpital Delta. "Au début de l’épidémie, beaucoup de spécialistes clamaient qu’il n’y avait pas de transmission par les enfants, qu’il ne fallait pas fermer les écoles et ne pas les prendre en otage, que ce virus les épargnait définitivement… Ce qui, pour beaucoup de spécialistes, n’a jamais été très logique et cohérent puisque la plupart des virus sont souvent transmis par les enfants, dit-il. Le problème des tous jeunes enfants, c’est qu’il est un peu difficile de les tester. Les frottis, ce n’est quand même pas très agréable et donc on fait plutôt un frottis de gorge mais on sait que c’est moins sensible et un antigénique rapide, c’est encore moins sensible. La vaccination des enfants n’est pas encore lancée en Belgique, on espère que ça freinera peut-être ces foyers."

Difficile financièrement en cas de fermeture 

Et lorsqu’une crèche doit fermer pour cause de cas Covid, c’est également très compliqué à gérer financièrement. "Une fois qu’on a un cas avéré Covid ou qu’on a une suspicion de contact, on doit fermer. Quand on ferme, on doit donner des attestations a tous les parents. Les parents se retrouvent en quarantaine. Mais on est obligé de rembourser à chaque parent et pour ça, on reçoit une petite aide mais qui ne compense absolument pas le remboursement qu’on fait aux parents. La compensation n’équivaut même pas à la moitié du prix à la journée d’un enfant", déplore Sabine.

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