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La Belgique, aux mains de la mafia de la drogue? "Ce qui ne se voit pas, c'est la puissance financière des organisations criminelles"

Le marché de la drogue fait de plus en plus l'actualité, notamment à Anvers, où les crimes se multiplient. Les invités de l'émission C'est pas tous les jours dimanche ont été interrogés sur ce que certains appellent "la guerre de la drogue".

Les crimes liés au marché de la drogue se multiplient en Belgique, notamment à Anvers, où une enfant de 11 ans a été tuée par une arme de guerre. En 5 ans, 200 faits graves se sont produits dans la grande ville flamande. La Belgique et plus précisément Anvers est-elle aux mains de la mafia de la drogue ? C'est la question posée dans l'émission C'est pas tous les jours dimanche.

Pour Michel Claise, Juge d'instruction en matière financière auprès du Tribunal de Première Instance de Bruxelles, le pays a affaire à un marché bien plus important qu'il n'y parait : "Ce qui ne se voit pas, c'est la puissance financière des organisations criminelles", déclare-t-il. "Aujourd'hui, on se focalise sur les narcotrafiquants et d'Anvers, mais ce n'est qu'une partie", ajoute Michel Claise.

"À partir du moment où nous constatons une diminution des moyens policiers pour lutter contre ces phénomènes, ce phénomène est en expansion. 1 gramme de cocaïne, c'est plus ou moins 100€ à la revente, ce sont des centaines de tonnes qui passent par Anvers", fait remarquer l'invité. "Pourquoi ces trafiquants auraient encore la moindre crainte, à partir du moment où ils disposent d'un pouvoir financier qui est presque plus important que certains états ?"

Le problème: le sous-investissement dans la police ?

Pour le juge d'instruction, c’est le sous-investissement dans la police qui explique ce phénomène : "Le manque cruel de moyens, par rapport à une situation qui est dénoncée depuis tant d'années, lasse, à partir d'un moment, les professionnels et inquiète aussi la population. On en arrive à des phénomènes de violence ", argumente Michel Claise.

Également invité sur le plateau de C'est pas tous les jours dimanche, Georges-Louis Bouchez, président du MR, nuance la situation exposée par Michel Claise : "Rien qu'au port d'Anvers, on a saisi 110 tonnes de cocaïne, l'année dernière, ça équivaut à 5,5 milliards d'euros rien que sur les quantités saisies", précise-t-il.

Georges-Louis Bouchez estime que la situation n'est pas uniquement une question de moyens : "Il y a aussi une question de procédure (…) Je pense qu'il faut adapter la justice à l'époque moderne". En ce qui concerne la police, le président du MR rappelle que le gouvernement Michel s'était engagé à recruter 1600 policiers chaque année, 2016. "Et on ne trouve pas" regrette-t-il. "Il y a une crise des vocations. Il y a des questions pécuniaires, mais il y a aussi des questions de respect de la police dans la population et surtout de la part du monde politique qui les pointes trop souvent du doigt. Il y aussi la relation avec la justice qui n'est pas toujours la plus harmonieuse", ajoute-t-il.

Légaliser la drogue, une solution ?

Légaliser le cannabis pourrait fonctionner, estime Michel Claise, "c'est une évidence". En ce qui concerne la cocaïne et l'héroïne, c'est plus compliqué : "On ne va pas décider cela d'un claquement de doigts". Selon le juge d'instruction, "il faut des mesures d'accompagnement".

Michel Claise considère cependant qu'il y a une étape avant la légalisation : "Et si en matière de cocaïne, nous amenions une réflexion sur la répression des milieux 'huppés', où cette drogue est très à la mode. Il ne faut pas oublier que ces gens, qui ont les moyens, engraissent les organisations criminelles". Le juge d'instruction fait notamment référence aux milieux d'affaire. "On le sait, que ce sont des milieux où cela circule", confirme-t-il.

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