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Marine Le Pen avec ses alliés européens à Madrid sans éteindre le feu français

Marine Le Pen, candidate d'extrême droite à la présidentielle, a revu samedi à Madrid ses alliés européens pour asseoir sa crédibilité, sans parvenir à éteindre le feu de la saga familiale et politique qui couve autour de sa nièce Marion Maréchal, tentée de rejoindre Éric Zemmour.

La candidate du Rassemblement national avait pris soin d'emmener à Madrid l'eurodéputé Nicolas Bay, premier vice-président du groupe Identité et Démocratie (ID) au Parlement européen - où siège le RN - et qui est cité parmi ceux tentés de rejoindre Eric Zemmour.

Mais l'eurodéputé a refusé de dire samedi s'il serait à ses côtés jusqu'au premier tour. "Je suis aujourd'hui à Madrid aux côtés de notre candidate et de nos alliés européens pour travailler à un projet qui dépasse largement ces petites péripéties politiciennes", a-t-il déclaré sur BFMTV.

"Ceux qui veulent partir (du RN) partent, mais ils partent maintenant parce que ce qui est insupportable, c'est la taqiya (la dissimulation, ndlr) qu'ils reprochent eux-mêmes aux islamistes", lui a indirectement répondu la candidate du RN lors d'un bref point presse.

"Avoir des gens qui aujourd'hui font semblant d'être ici, alors qu'en réalité leur cœur ou leur esprit est ailleurs, c'est insupportable. C'est un manque total de dignité et de respect à l'égard de l’ensemble de nos militants", a-t-elle ajouté.

- "Râtelier" -

En partant à l'aéroport, l'attachée de presse de la candidate Caroline Parmentier s'est à son tour emportée contre Nicolas Bay. "C'est quoi tes valeurs ? La loyauté ? Il y a des limites à l'hypocrisie et à la duplicité. Barre-toi maintenant plutôt que de bouffer le plus longtemps possible au râtelier", lui a-t-elle dit.

Marine Le Pen avait déjà jugé vendredi "violent" que sa nièce Marion Maréchal songe à rejoindre son rival, en insistant sur "l'aspect personnel" de leur relation et en assurant être "mieux placée" pour gagner en avril que l'ancien éditorialiste.

La candidate du RN (autour de 17%) est donnée dans les sondages à la deuxième place au premier tour, au coude-à-coude avec la candidate LR Valérie Pécresse, devant Eric Zemmour (13%).

Alors que des rumeurs enflaient, Marion Maréchal s'est confiée au Parisien et au Figaro pour dire qu'elle "penchait" pour Eric Zemmour, sans le rallier à ce stade.

Au risque de raviver les plaies familiales, ce que Marion Maréchal veut à tout prix éviter.

Marine Le Pen a été rattrapée par sa nièce jusque dans l'enceinte de la réunion avec ses alliés d'extrême droite et souverainistes, parmi lesquels figuraient les Premiers ministres hongrois Viktor Orban et polonais Mateusz Morawiecki, mais aussi... le mari de Marion Maréchal, Vincenzo Sofo, qui représentait le parti Fratelli d'Italia (néo-fascistes). Et que Mme Le Pen a salué.

Les propos de Marion Maréchal suivent d'une semaine les ralliements chez Eric Zemmour de deux eurodéputés ex-RN Jérôme Rivière et Gilbert Collard.

L'eurodéputé Thierry Mariani, donné parmi les possibles partants, a affirmé qu'"aujourd'hui", il "restait Marine Le Pen, la seule qui est en position de gagner".

En s'affichant avec ses alliés, Marine Le Pen conforte sa stature internationale et sa crédibilité sur sa capacité à accéder au pouvoir. Elle se démarque aussi d'Eric Zemmour, qui avait connu des déplacements chahutés à Londres et Genève.

Après un petit déjeuner en tête-à-tête avec M. Orban, qui a salué en elle une "cheffe" sans nommer Eric Zemmour, elle s'est dite "très optimiste sur la capacité" de former un groupe unique au Parlement européen. Ces formations y sont divisées entre le groupe ID (RN français, Ligue italienne, AfD allemande) et le groupe CRE des Conservateurs et réformistes européens (Droit et Justice polonais, Vox espagnol, Fratelli d'Italia). Le Fidesz de Viktor Orban, qui a divorcé du groupe du Parti populaire européen, est lui à la recherche d'autres partenaires.

A Madrid, ils ont fustigé ensemble la politique énergétique et migratoire de l’UE mais se sont divisés sur l’Ukraine. Marine Le Pen, réputée proche de Moscou, a refusé de valider un paragraphe sur l'Ukraine d'une déclaration commune, qui affirme que "les actions militaires de la Russie à la frontière orientale de l'Europe nous ont conduit au bord de la guerre" et appelle à la "solidarité" face à "de telles menaces".

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