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Matthieu Ricard: "Nous sous-estimons les capacités de transformation de l’esprit"

Matthieu Ricard était l’invité du RTLINFO Avec Vous à l’occasion de la sortie de son livre "Carnet d’un moine errant". Il répondait aux questions de notre journaliste Olivier Schoonejans.

Ça commence par cette phrase "Je suis né le 12 juin 1967 à l’âge de 21 ans. Ce jour-là, j’ai rencontré mon premier maître spirituel. C’était en Inde, à Darjeeling". Vous vous êtes dit ça à ce moment-là : "Ca y est, ma vie commence" ?

Rétrospectivement, oui. Par l’inspiration que j’ai trouvée. En fait parce que j’étais déconcerté dans l’adolescence de voir des grandes capacités, des génies particuliers, des écrivains, des philosophes, des explorateurs, des artistes, des scientifiques. Et en même temps, c’est pas forcément des modèles de vie. On aurait voulu avoir le génie qu’ils avaient pour jouer du piano mais pas forcément devenir ce qu’ils étaient. Et là c’était une parfaite coïncidence entre la personne et ce qu’elle enseignait. Ce que j’imaginais être la perfection humaine en termes de sagesse, de bienveillance. C’était le sens d’une direction dans la vie.

Qu’est-ce qui vous fait dire tout à coup "Je pars pour cette vie-là et c’est cela dont j’ai besoin" ? C’est quand même tranchée comme décision ?

Tranchée, non. Parce qu’il faut être très prudent dans ces cas-là. Il faut laisser murir les choses. J’ai fait 7 allers et retours pendant que faisais une thèse à l’institut Pasteur. Donc j’ai eu l’occasion de me dire avec certitude que c’était effectivement là où je souhaitais passer plus de temps. Un peu comme un fruit mûr qui vous tombe dans la main. Au bout de 7 ans, j’ai pris un aller simple et je m’en suis félicité tout le reste de mes jours.

Vous le faites pour qui ? Pour vous-même ? Pour les autres ? Vous recherchez la bienveillance, l’altruisme ?

L’idéal du bouddhisme c’est de commencer par identifier les causes de la souffrance, de s’en défaire, de passer de la confusion, de l’égarement, à la connaissance. Mais pas seulement pour soi (…) L’idéal du bouddhisme c’est se transformer soi même pour avoir les capacités d’aider les êtres à se libérer de la souffrance. C’est un petit peu comme quelqu’un qui devient médecin. Il faut d’abord acquérir des capacités soi même et ensuite les mettre au service des autres.

C’est facile ?

C’est la meilleure chose que je pouvais imaginer faire. Parce que c’est une joie en forme d’efforts. Parce que c’est une satisfaction de devenir un meilleur être humain. J’ai encore beaucoup à faire ! (...)

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