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Circet reprend Scopelec et la moitié de ses employés aux dépens du projet des salariés

La société Circet a été choisie pour reprendre la majorité des activités de Scopelec et sauvegarder 1.049 employés sur les 2.300 du premier et plus ancien groupe coopératif français, au détriment du projet de reprise Newscope porté par ses salariés.

Placée en redressement judiciaire fin septembre, le sous-traitant d'Orange pour les réseaux de fibre optique a perdu fin 2021 la majorité de son contrat avec l'opérateur historique, qui assurait 40% de son chiffre d'affaires, et luttait depuis pour sa survie.

Lors de l'audience du 8 décembre devant le tribunal de commerce de Lyon, les administrateurs et mandataires judiciaires, ainsi que le parquet, avaient jugé l'offre de la société française Circet plus solide financièrement que celle de Newscope, qui prévoyait la sauvegarde de 1.457 emplois et était soutenue par une large majorité de salariés.

Selon le jugement du tribunal rendu mercredi et dont l'AFP a obtenu copie, Circet, spécialiste français des infrastructures de télécommunications qui appartient au fonds d'investissement britannique Intermediate Capital Group (ICG), va reprendre la totalité des activités de Scopelec et de son sous-traitant Setelen à l'exception de la zone La Réunion-Mayotte, de la branche business "usages et services" et de la zone sud-est pour ses filiales Gobé et Scopelec Energie Services.

"C'est vraiment une décision décevante, on est triste après avoir fourni tous ces efforts. 1.049 employés c'est bien, mais ce n'est pas suffisant. La responsabilité est portée en grande partie par Orange, mais aussi par le gouvernement qui n'a pas levé le petit doigt", a commenté le délégué syndical CGT Mario Cesaro.

Mi-décembre, les salariés avaient demandé au président Emmanuel Macron de se positionner au nom de la "souveraineté" en faveur de leur projet de reprise, mais selon M. Cesaro cette demande est restée lettre morte.

"Macron n'a pas répondu au courrier, et on n'a jamais vu ni (le ministre de l’Économie) M. Le Maire ni le ministre du Travail (Olivier Dussopt) malgré nos appels. On n'est pas cotés en Bourse, donc on ne les intéresse pas", a fustigé le délégué syndical.

- Orange pointé du doigt -

Début décembre, Carlos Verkaeren, président du directoire de Scopelec, s'était insurgé contre Orange, assurant avoir été informé que l'entreprise détenue à 23% par l’État ne soutenait pas le projet de Newscope.

"Cela inverse complètement la posture d’Orange, qui était jusque-là bienveillante, c’est inacceptable et incompréhensible", expliquait alors la direction de Scopelec à l'AFP, alors que France Bleu rapportait qu'Orange se serait positionné en faveur des offres de Circet et Solution 30.

"On aurait eu plus de chances d'expliciter notre projet, plus de vérité, sans la pression d’Orange qui a troublé le libre-arbitre de la justice commerciale", a fustigé mercredi Cyrille Rocher, directeur de l’Union régionale des Scops en Occitanie - où est basée Scopelec - qui avait participé à la rédaction de l'offre Newscope.

La présidente PS de la région Carole Delga s'est, elle, émue d'une décision "au détriment de l'emploi" alors qu'il était selon elle possible de "maintenir cette entreprise référente de l'activité câbles et fibres dans le giron français".

Sollicité mercredi, Orange n'a pas souhaité réagir.

Le 7 décembre, des représentants politiques parmi lesquels Carole Delga, le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet et le député Nupes François Ruffin avaient appelé l'État à "prendre ses responsabilités", pointant du doigt deux "projets diamétralement opposés": ceux d'entreprises "détenues par des puissances étrangères", et celle de Newscope.

Les autres candidats à la reprise étaient les sociétés Alsatis, Kyntus, Solutions 30 et Foliateam.

Plus gros groupe coopératif de France (quelque 2.300 salariés en métropole et en Outre-mer et 475 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2021), Scopelec est une société coopérative et participative (Scop), c'est-à-dire que ses salariés détiennent le capital (en l'occurrence 74,8%) et le pouvoir de décision.

Elle a été créée en 1973, à la grande époque des coopératives ouvrières, à Revel (Haute-Garonne). Son siège a déménagé en 2021 à Sorèze, dans le Tarn.

Circet, spécialiste des infrastructures de réseaux fixes et mobiles, a réalisé un chiffre d'affaires de 2,42 milliards d'euros en 2021. La société compte 15.350 employés dans 14 pays (Europe, Maroc et Etats-Unis), dont 3.800 en France.

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