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L'auteur présumé du tir sur un gendarme du GIGN, tué lors d'une opération contre l'orpaillage illégal fin mars en Guyane, a été interpellé samedi.
L'homme, âgé de 20 ans et de nationalité brésilienne, a été interpellé dans l'après-midi par le GIGN dans la forêt guyanaise, après avoir fait part de son intention de se rendre, a indiqué le procureur de la République de Cayenne, Yves Le Clair à l'AFP.
Le tireur présumé a été placé en rétention judiciaire, avant sa comparution devant le juge des libertés et de la détention (JLD), qui devrait le placer sous mandat de dépôt.
Selon les premiers éléments de l'enquête, le suspect appartenait à un groupe de braqueurs de mines d'or clandestines, et n'était pas lui-même un orpailleur.
Le gendarme du GIGN, Arnaud Blanc, 35 ans, était décédé le 25 mars alors qu'il participait à une opération contre l'orpaillage illégal sur le site clandestin de Dorlin, au coeur de la Guyane, non loin de Maripasoula. Le tireur présumé était resté "dans le secteur", a précisé M. Le Clair.
Il avait été héliporté avec neuf camarades au coeur de la jungle guyanaise afin de rejoindre par surprise le site de Dorlin.
Le groupe avait été pris à partie par une bande armée. Après des échanges de tirs nourris, le gendarme, sous-officier de gendarmerie de l'antenne GIGN de Cayenne depuis 2019, avait été touché par balle.
Une enquête avait été ouverte par le parquet de Cayenne pour meurtre en bande organisée.
- Opérations régulières de démantèlement -
Cette interpellation survient huit jours après l'hommage rendu le 31 mars par Emmanuel Macron au gendarme Arnaud Blanc, pacsé et père de deux enfants, sur la base du GIGN de Versailles-Satory (Yvelines).
"Celui qu’on surnommait +Blanca+ avait bien l'âme d'un soldat de la France, souriant et libre", avait déclaré le chef de l'Etat devant son cercueil du gendarme.
Ce "tireur d’élite, conducteur de véhicules blindés, secouriste confirmé, expert en pirogues" avait pris pour engagement de "protéger chacun en rempart du droit, en soldat de la loi jusqu’au bout", avait ajouté Emmanuel Macron.
Ce n'est pas la première fois qu'un tel drame survient. En 2012, deux militaires avaient été tués et deux gendarmes grièvement blessés par balles lors d'une opération conjointe armée/gendarmerie contre des chercheurs d'or clandestins en Guyane, déjà au niveau du site de Dorlin.
Depuis 2010, l'armée a également été endeuillée dans le cadre de cette lutte par plusieurs décès de nature accidentelle.
L'armée et la gendarmerie mènent régulièrement de grandes opérations de démantèlement des sites d'orpaillage illégal dans le cadre de la mission Harpie, lancée en 2008 par Nicolas Sarkozy, alors chef de l'Etat.
De fin octobre à début décembre 2022, jusqu'à 500 militaires avaient ainsi été mobilisés pendant sept semaines afin de "neutraliser" les principaux sites clandestins d'extraction d'or.
Cinquante tonnes de matériel et de denrées diverses, 30.000 litres de carburant, 12 km de tuyaux de chantier, six concasseurs, 90 groupes électrogènes, 37 quads, 15 pirogues et leurs moteurs avaient été saisis. Soit un préjudice financier d'environ 4 millions d'euros, selon la préfecture, pour les garimpeiros (terme désignant les orpailleurs brésiliens illégaux en Guyane).
Selon les chiffres d'un rapport parlementaire publié en juillet 2021, la gendarmerie de Guyane estime à 8.600 environ le nombre de mineurs clandestins, "en situation irrégulière sur le territoire" pour l'essentiel.
Quelque 500 sites d'orpaillage illégal seraient toujours actifs, selon l'Observatoire de l'activité minière (OAM), dont 150 situés au cœur du Parc national amazonien, créé en 2007 pour protéger la forêt amazonienne et sa biodiversité.
En 2022, les autorités françaises ont mené plus de 1.000 patrouilles en forêt contre l'orpaillage illégal, saisissant 59 kilos de mercure et 5 kilos d'or, selon un bilan de la préfecture.
Outre les difficultés rencontrées pour pénétrer la forêt amazonienne, la lutte contre ce phénomène est compliquée par son caractère transfrontalier, les orpailleurs agissant de part et d'autre des fleuves Oyapock et Maroni, frontières entre le département français et, respectivement, le Brésil et le Suriname.