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Allemagne: le sulfureux leader d'extrême droite Björn Höcke jugé pour un slogan nazi

Le procès de Björn Höcke, une des figures les plus radicales du parti allemand d'extrême droite AfD, jugé pour l'utilisation d'un slogan nazi, a commencé jeudi dans l'est de l'Allemagne, à l'approche de scrutins régionaux clés où sa formation espère s'imposer.

Quelques centaines de manifestants, brandissant des banderoles avec les inscriptions "stopper l'AfD" ou "Björn Höcke est un nazi" et criant des slogans contre l'extrême droite, étaient rassemblés devant le tribunal entouré de forces de police.

Esquissant un léger sourire, M. Höcke, vêtu d'un costume sombre et portant une cravate bleu ciel, est entré en fixant longuement les procureurs dans la salle d'audience.

Quatre mois et demi avant des élections en Thuringe, région de l'ex-RDA communiste où il rêve d'accéder au pouvoir, ce procès organisé à Halle, dans le Land voisin de Saxe-Anhalt, est particulièrement suivi.

Créée en 2013, l'AfD a connu depuis l'été une poussée dans les sondages mais a récemment été mis dans l'embarras après qu'un de ses principaux candidats aux élections européennes de juin a été accusé d'avoir touché de l'argent d'un réseau de propagande financé par Moscou.

En Thuringe, l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) est attendue première au scrutin régional, comme en Saxe et dans le Brandebourg, deux autres Länder issus de l'ex-RDA dont les habitants sont aussi appelés aux urnes en septembre.

Björn Höcke est jugé pour avoir déclaré "Tout pour notre patrie, tout pour la Saxe-Anhalt, tout pour l'Allemagne", lors d'un meeting électoral fin mai 2021 à Merseburg, non loin de Halle.

- "Monument de la honte" -

Or, "Tout pour l'Allemagne" était une devise utilisée par les SA, formation paramilitaire du parti nazi qui a joué un rôle essentiel dans la conquête du pouvoir de Hitler.

M. Höcke, 52 ans, qui a notamment enseigné l'histoire pendant quinze ans au lycée, affirme ne pas l'avoir su.

En Allemagne, où la loi interdit formellement l'utilisation de slogans nazis ou l'exhibition en public de symboles du IIIe Reich, ce délit est passible de jusqu'à trois ans de prison.

En décembre dernier, lors d'un meeting de l'AfD à Gera, en Thuringe, M. Höcke avait récidivé: après avoir lancé "Tout pour", il a incité le public à crier "l'Allemagne".

M. Höcke est un habitué des provocations verbales: en janvier 2017, il avait qualifié le Mémorial de la Shoah à Berlin de "monument de la honte", lors d'un discours à Dresde, en Saxe, et son exclusion du parti avait été envisagée.

- Irrésistible ascension -

Raie sur le côté, cet homme svelte au regard bleu acier plaide pour rompre avec la culture de repentance des crimes nazis, fondement de l'après-guerre dans le pays.

M. Höcke a grandi dans l'ouest de l'Allemagne au sein d'une famille convaincue par des thèses d'extrême droite.

Le printemps 2013 a marqué le point de départ de l'ascension politique de ce père de quatre enfants: il a été membre fondateur de la section régionale de l'AfD en Thuringe, où il avait déménagé cinq ans plus tôt.

En août de la même année, il en est devenu le président. Après les élections régionales de 2014, où l'AfD est entré au parlement de Thuringe (avec 10,6% des voix), il en est devenu le chef du groupe parlementaire, fonction qu'il occupe toujours.

En raison de positions très radicales, l'AfD de Thuringe, comme celle de Saxe-Anhalt, ont été placés sous la surveillance des services de renseignement.

"Pour les électeurs de cette région, une condamnation de Höcke par le tribunal ne changera rien car ils sont convaincus que les institutions démocratiques lui en veulent", a estimé auprès de l'AFP Johannes Kiess, politologue de l'Université de Leipzig, en Saxe.

"En revanche, pour les sympathisants de l'AfD de l'ouest du pays, ce procès écorne l'image du parti", ajoute M. Kiess.

Avant le scrutin européen, M. Höcke s'applique ainsi à dédiaboliser son image. Lors d'un duel télévisé il y a une semaine, il a prétendu que le concept de "remigration" de son parti visait à faire revenir les Allemands vivant à l'étranger et non à expulser les étrangers d'Allemagne.

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