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Brûler le Coran, c'est désormais interdit au Danemark: voici ce que risquent ceux qui violent cette nouvelle loi

Le Parlement danois a adopté jeudi une loi criminalisant les "traitements inappropriés" de textes ayant une signification religieuse importante, interdisant de facto les autodafés du Coran, après des profanations du livre saint de l'islam qui ont suscité la colère dans plusieurs pays musulmans pendant l'été.

À l'issue d'un débat de près de quatre heures, le texte a été adopté en troisième lecture par 94 des 179 membres du Parlement. Il sera désormais interdit de brûler, souiller ou de donner des coups de pied publiquement sur des textes religieux ou dans le but de diffuser largement les images des profanations. Il sera également interdit de les déchirer, les couper ou les poignarder.

Tout contrevenant s'expose à une peine de deux ans d'emprisonnement. Pour le gouvernement danois, dont aucun représentant ne s'est exprimé lors du débat parlementaire, il s'agit avant tout de protéger les intérêts et la sécurité nationale du pays scandinave alors que la menace terroriste sur le pays s'est intensifiée. Le Danemark et son voisin suédois ont récemment cristallisé la colère au sein de pays musulmans.

En Irak par exemple, des centaines de manifestants partisans de l'influent leader religieux Moqtada Sadr ont tenté fin juillet de marcher en direction de l'ambassade danoise à Bagdad. Après ces troubles, le royaume nordique a un temps renforcé ses contrôles aux frontières, avant de revenir à la normale le 22 août. Entre le 21 juillet et le 24 octobre 2023 inclus, 483 autodafés et drapeaux brûlés ont été recensés au Danemark, selon les chiffres de la police nationale, qui ne précise pas de quels pays il s'agit. Introduit fin août, le projet de loi a fait l'objet de modifications à la suite de critiques dénonçant des restrictions à la liberté d'expression et des difficultés de mise en œuvre.

À l'origine, il devait notamment couvrir les profanations de tous les objets ayant une signification religieuse importante. Mais médias et associations y voyaient un retour du délit de blasphème, une disposition vieille de 334 ans qui sanctionnait les insultes publiques envers les religions, abrogé il y a six ans. En outre, des professionnels de la justice craignaient des difficultés de mise en application.

Lors du long débat en séance, l'opposition s'est insurgée contre le gouvernement, accusé de sacrifier la liberté d'expression. "C'est une trahison. Une défection énorme de la part du gouvernement", a dit la présidente de la formation d'extrême droite les Démocrates du Danemark, Inger Støjberg. En 2006, une vague de violences anti-danoises avait embrasé le monde musulman après la publication de caricatures de Mahomet. "Imaginez que nous devenions la génération qui restreint la liberté d'expression. Je ne l'avais pas vraiment pensé, et certainement pas après la crise de Mahomet. À l'époque, nous étions restés fermes", a ajouté l'ancienne ministre. Après l'adoption du texte, la loi doit être publiée et entrera en vigueur le lendemain de cette publication.

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