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Le géant de l'agroalimentaire Danone a vu son bénéfice net bondir au premier semestre et s'est montré confiant d'atteindre la "fourchette haute" de sa prévision de croissance annuelle, malgré de nombreuses incertitudes liées à la prise de contrôle de ses actifs en Russie.
Son directeur général Antoine de Saint-Affrique s'est dit "satisfait" de ce premier semestre "solide", qu'il a jugé en ligne avec la stratégie qu'il pilote depuis 2022.
Selon lui, le chiffre d'affaires devrait atteindre "la fourchette haute" de l'objectif de croissance pour 2023, fixé entre +4 et +6%, avec une "amélioration modérée" de la marge bénéficiaire.
La croissance de la multinationale française est toujours tirée par la hausse du prix de ses produits, comme les yaourts Activia, les eaux Evian et Mizone ou encore les pots pour bébé Blédina, avec une augmentation des prix de 9,4%.
Danone a réalisé 14,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires au premier semestre (+6,3%) et son bénéfice net est repassé au-dessus du milliard d'euros (+48,2%).
Le géant agroalimentaire avait été plombé l'an dernier par des dépréciations liées à la cession d'investissements restants en Chine.
En Bourse, l'action reculait de 2,75% à 55,20 euros vers 10H10, dans un marché en baisse de 1,07%, mais elle progresse de 12% depuis le début de l'année.
Danone a "absorbé un tiers des coûts liés à l'inflation" et a répercuté les deux tiers restants en augmentant le prix de vente de ses eaux ou yaourts, a indiqué une porte-parole à l'AFP, améliorant "légèrement" ses marges.
Le chiffre d'affaires a augmenté partout où Danone est présent dans le monde - en Europe, en Amérique du Nord et en Chine notamment - et dans toutes ses branches d'activité.
Les volumes vendus ont cependant reculé au deuxième trimestre (-2,3%), alors qu'au premier les consommateurs n'avaient pas été découragés par les hausses de prix.
- Incertitudes en Russie -
"Il n'y a rien d'exceptionnel mais le redressement progresse bien", ont estimé les analystes financiers de RBC.
Cependant, les difficultés s'accumulent pour Danone en Russie, qui négociait depuis des mois pour trouver un repreneur pour ses activités et a été surpris par la prise de contrôle de ses actifs par l'Etat russe mi-juillet.
"La situation est sensible et nous ne pouvons pas vous dire grand-chose à ce stade", a reconnu M. de Saint-Affrique.
Après cette perte de contrôle opérationnel de sa filiale, Danone va sortir de ses comptes ses activités "produits laitiers et végétaux" (EDP) en Russie à partir de juillet 2023, entraînant une "dépréciation" de 200 millions d'euros, s'ajoutant à celle de 487 millions l'an dernier.
Cette branche constitue la majeure partie de l'activité en Russie, où Danone pilote une douzaine d'usines. En octobre 2022, il avait indiqué que ce pôle représentait "environ 5%" de son chiffre d'affaires depuis le début de l'année.
Yakoub Zakriev, neveu du dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, a été nommé nouveau directeur général de la filiale de Danone en Russie.
Ces changements ont eu lieu "sans que Danone ait été informé ou donne son approbation" et bien qu'il "ne détienne plus le contrôle de la gestion de ses opérations en Russie, le groupe reste son propriétaire légal", a-t-il souligné.
La déconsolidation de la filiale russe aura également un impact de 500 millions d'euros lié au cours du rouble.
Cela "ne change pas nos perspectives et la croissance ne sera pas impactée", a assuré à l'AFP une porte-parole.
Selon une source proche du dossier, Danone est particulièrement préoccupé par la sécurité de ses 7.200 employés en Russie, qui jusqu'à présent avaient été exemptés de mobilisation pour aller se battre en Ukraine.