A moins de 24 heures du couronnement de Charles et de Camilla, c'est l'effervescence sur le "Mall", la longue avenue qui part du palais de Buckingham. Les plus grands fans de la monarchie sont déjà là, dans une ambiance festive, sous le regard amusé et plutôt conquis des touristes.
Des centaines de tentes sont alignées sur cette artère, en première ligne afin de voir la procession fastueuse qui quittera Buckingham pour se rendre à l'abbaye de Westminster samedi à 10H20 (09H20 GMT).
Mais l'heure n'est pas encore à la solennité. On se croirait dans une fête costumée avec pour thème bien sûr, "rois et reines". L'extravagance est la bienvenue. "It's a royal party" (C'est une fête royale), lit-on sur une tente.
Un homme, couronne dorée sur la tête, le drapeau britannique (Union Jack) sur les épaules, pose à côté d'un poster de Charles grandeur nature. Une femme a opté pour un costume de beefeater, du nom de ces gardes devenus un symbole du Royaume-Uni.
Cinq copines, de joyeuses sexagénaires, en tailleur veste pantalon recouvert de centaines d'Union Jack, ont passé la nuit sous la tente. Elles sont habituées : elles étaient déjà là l'an dernier pour le jubilé de platine d'Elizabeth II, célébrant ses 70 ans de règne, et aussi pour les funérailles de la reine en septembre.
"Nous allons parfaitement voir demain", se félicitent-elles. "Etre ici, ensemble pour le couronnement, c'est ce qui fait de nous des Britanniques", clament ces femmes venues des Midlands, dans le centre de l'Angleterre.
"C'est tellement excitant", dit, enthousiaste, Karen Chamberlain, une femme de 57 ans, en arrivant sur le "Mall" avec son gros sac-à-dos et sa tente. Elle va camper avec sa soeur, le mari de celle-ci et leur fils de huit ans.
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"Aucun d'entre nous n'a vécu un couronnement", souligne Karen, qui travaille pour une organisation caritative près de Birmingham. "Notre mère était aussi venue en 1953 (pour le couronnement d'Elizabeth II, ndlr). Etre ici, c'est une manière de dire que nous sommes fiers de notre monarchie".
Des journalistes du monde entier, certains en direct à la télévision, zigzaguent entre les tentes. Les "bobbies", les policiers londoniens, orientent, souriants, cette petite foule, qui ne va cesser de grossir. Des groupes de touristes de passage observent, épatés, le spectacle.
Bill Powell, un Canadien de Toronto de 52 ans, s'est rendu sur "le Mall" dès l'atterrissage de son avion, mercredi. Comme pour le jubilé, il campe avec une amie canadienne établie en Angleterre. Ils ont installé le drapeau canadien sur les barrières.
"Croiser le regard de la famille royale, c'est incroyable. On ne peut pas imaginer ce que c'est simplement en regardant la télévision".
Il ne pense pas que le Canada, où Charles III occupe les fonctions de chef de l'Etat, deviendra une république. "Certains veulent que le Canada devienne une république parce qu'ils ne connaissent pas encore Charles", veut-il croire. "La priorité du roi, c'est son pays, la tradition, alors que celle des politiques, ce sont leurs propres intérêts".
"Je ne peux pas imaginer ce que ça fait de commencer le plus gros job de sa vie à 74 ans", commente son amie, Mary Foster, à propos de Charles.
"Etre ici, c'est génial", lâche Ilana Trevisan, une Française de 41 ans qui a fait le déplacement de Marseille avec sa mère et sa fille spécialement pour le couronnement. "On est fan de la monarchie", proclame-t-elle, sans toutefois regretter que la France soit une république. "Ma mère voulait que je me marie avec William quand j'étais petite !".
Elles sont séduites par l'ambiance sur le Mall et pensent rejoindre des Anglaises rencontrées un peu plus tôt sous une tente, dès deux heures, samedi. "Mais si je m'écoutais, je dormirais ici", dit la mère d'Ilana, Brigitte Abergel, malgré ses 62 ans.