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Le laboratoire pharmaceutique britannique Astrazeneca, l'un des premiers à mettre sur le marché un vaccin contre le Covid-19, reprend post-pandémie une trajectoire plus focalisée sur son portefeuille de médicaments spécialisés, comme sa pilule prometteuse contre le cancer du poumon.
Lors de la plus grande conférence annuelle de spécialistes du cancer, à Chicago, Astrazeneca a présenté ce week-end ce traitement, l'osimertinib (commercialisé sous le nom de Tagrisso), qui vise un type particulier de cancer du poumon.
Ce traitement concerne les patients atteints d'un cancer dit "non à petites cellules" (la forme la plus commune), mais présentant un type particulier de mutation.
Sous forme de comprimé, il a démontré qu'il réduisait de moitié le risque de décès par ce type de cancer du poumon, lorsqu'il est pris quotidiennement après une opération chirurgicale pour enlever la tumeur, selon les résultats d'un essai clinique présentés dimanche.
Le cancer du poumon est celui qui cause le plus de décès dans le monde, avec environ 1,8 million de morts chaque année.
L'action en Bourse du groupe pharmaceutique réagissait peu à cette annonce lundi, mais d'après les analystes, les investisseurs plébiscitent le groupe sur le long terme et la stratégie menée par le directeur général Pascal Soriot, arrivé aux commandes en 2012.
Pour Russ Mould, analyste chez AJ Bell, les investisseurs soutiennent la stratégie de "mise au point d'un portefeuille de nouveaux médicaments et traitements prometteurs, en interne ou via des acquisitions, dans l'oncologie, les maladies cardiovasculaires, rénales, le métabolisme, les problèmes respiratoires et les maladies rares".
Il y a eu "une série de bonnes nouvelles chez Astrazeneca, avec notamment des progrès dans ses efforts contre les hémorragies cérébrales et les thromboses veineuses profondes", ou encore des cancers des ovaires, renchérit Richard Hunter, analyste chez Interactive Investors.
Cette nouvelle positive pour Astrazeneca survient peu après le feu vert obtenu pour un autre médicament du groupe, le Lynparza, dans un cocktail de médicaments contre les cancers de la prostate, remarque Derren Nathan, analyste chez Hargreaves Lansdown.
- Paquebot -
A la mi-séance à la Bourse de Londres lundi, le titre d'Astrazeneca était en hausse de 0,49%, à 11.806,00 pence, en ligne avec la progression de l'indice vedette FTSE-100.
Le titre a progressé de 17% sur un an. Il a doublé depuis 5 ans et quasi quadruplé depuis l'arrivée de M. Soriot aux commandes.
Par comparaison, l'action de GSK, l'autre grand groupe pharmaceutique britannique, qui a couru en queue de peloton pour la mise au point des vaccins contre le Covid-19, a vu son titre reculer sur dix ans, et notamment sur les douze derniers mois.
D'après M. Mould, Astrazeneca est devenu un paquebot à la capitalisation boursière de 225 milliards de dollars et les investisseurs attendent du groupe que les bonnes nouvelles sur le plan clinique se poursuivent.
Le géant pharmaceutique avait dévoilé en avril un bénéfice net multiplié par près de cinq au premier trimestre, porté par un effet de comparaison positif lié au rachat de la société américaine de biotech Alexion, qui s'était traduit un an plus tôt par des charges exceptionnelles.
Mais il affichait une légère baisse de son chiffre d'affaires, due à une chute des ventes de son vaccin anti-Covid.
Ce vaccin, l'un des tous premiers sur le marché alors même que les sérums n'étaient pas la spécialité du groupe, a toutefois subi plusieurs revers, notamment un feu vert qui n'est jamais arrivé aux Etats-Unis.
Il a aussi connu des problèmes de livraison en Europe, combinés à des soupçons de risques de thrombose accrus à la suite de plusieurs décès - risques qui n'ont toutefois pas été confirmés dans la durée.
Hors médicaments contre le Covid-19, le chiffre d'affaires du groupe au premier trimestre a augmenté de 10%, tiré notamment par les ventes de médicaments contre le cancer.
Astrazeneca mise aussi sur les traitements contre les maladies rares - comme l'illustre le coûteux rachat d'Alexion, finalisé en 2021 pour 39 milliards de dollars.
Derren Nathan, analyste de Hargreaves Lansdown, remarque toutefois que le nouveau traitement concerne des patients souffrant de tumeurs avec "une mutation génétique particulière, souvent associée à des patients qui ne fumaient pas", et un faible nombre potentiel de patients, ce qui explique la réaction atone du titre.