Deux Français et deux Chinois, parmi lesquels deux dirigeants d'une entreprise de haute technologie, ont été inculpés à Paris le 24 mars, soupçonnés d'avoir livré des secrets industriels à la Chine et à la Russie, a annoncé jeudi une source judiciaire.
Ommic, fleuron français de semi-conducteurs pour l'industrie des télécommunications et le domaine spatial, a été pris en main par le Chinois Ruoadan Z., qui en est devenu président en 2018 après avoir racheté 94% des parts via un fonds d'investissement créé en France, d'après les révélations du quotidien Le Parisien.
Le directeur général Marc R. ainsi qu'une cadre chinoise de la société ont été inculpés pour livraison à une puissance étrangère de procédés, documents ou fichiers de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la France. Un crime passible de 15 ans de détention et 225.000 euros d'amende.
D'après Le Parisien, la justice soupçonne le directeur d'avoir "mis en place de nombreux stratagèmes de contournement pour livrer sciemment des puces puissantes et informations sur des technologies sensibles à la Chine et la Russie", notamment la maîtrise du nitrure de gallium, un matériau qui permet une puissance démultipliée des semi-conducteurs.
Un montage complexe aurait "également été mis en place pour transférer du matériel prohibé vers Moscou et contourner l'embargo commercial (...) en passant par la Chine".
Marc R., d'abord en détention provisoire, a été remis en liberté sous contrôle judiciaire par la cour d'appel de Paris. Les trois autres personnes soupçonnées sont sous contrôle judiciaire également. Cinq autres personnes avaient été arrêtées par les services de renseignement intérieur français (DGSI) en mars, d'après Le Parisien, ce que n'ont pas confirmé les sources interrogées par l'AFP.
L'information judiciaire porte également sur des soupçons d'exportations illégales en contrebande, d'association de malfaiteurs, de faux et usage de faux, d'abus de biens sociaux.