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Des blessés graves, des détonations, des véhicules de gendarmerie en feu: de violents affrontements ont éclaté lors d'une manifestation en France

De violents affrontements ont opposé forces de l'ordre et manifestants radicaux en début d'après midi dans les Deux-Sèvres (centre-ouest de la France).

Les violents affrontements qui ont éclaté samedi lors de la manifestation contre les bassines, un projet contesté de réserve d'eau dans les Deux-Sèvres (centre-ouest), ont fait de nombreux blessés parmi les gendarmes et les manifestants, selon un premier bilan et des témoignages recueillis par l'AFP.

"Parmi les manifestants pris en charge par les secours, à ce stade, il y a deux blessés graves, dont un victime d'un traumatisme crânien qui a été classé en urgence absolue par le médecin de la gendarmerie", ont indiqué les autorités peu après 16H00.  

Seize gendarmes ont également été blessés, dont six évacués vers les hôpitaux de la région et un grièvement touché qui va être héliporté, selon la même source. 

D'après un des organisateurs du rassemblement à Sainte-Soline, le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre, les affrontements ont fait "plusieurs dizaines de blessés graves" parmi les manifestants, dont trois ont été secourus en "urgence vitale".    

Selon la députée LFI de Haute-Vienne Manon Meunier, interrogée sur place par l'AFP, deux blessés auraient un pronostic vital engagé, information non confirmée par les autorités.  

"J'ai vu au moins 30 blessés mais il y en a plus. Certains avaient perdu connaissance, d'autres avaient la tête en sang. Beaucoup de blessés aux pieds et à la tête", avait indiqué plus tôt Claire Auger, une institutrice qui leur a porté secours.  

"Le Samu ne pouvait pas venir les chercher. On a vu juste une ambulance. On a sollicité les élus pour qu'ils fassent quelque chose. C'était la panique totale, ça a duré plus d'une heure avant que ça commence à évacuer", a ajouté ce témoin.  

"Le Samu nous répondait qu'ils avaient ordre de ne pas approcher du site, qu'il fallait qu'on évacue nous-mêmes les blessés jusqu'au village de Sainte-Soline où ils seraient pris en charge", a complété Marc Parenthoën, enseignant-chercheur. Selon la députée LFI, des élus sont partis à pied chercher des voitures pour transporter les blessés.  

Interrogée à ce sujet, la préfecture des Deux-Sèvres a expliqué que "pour faciliter et sécuriser l'arrivée des secours", les gendarmes les retrouvent d'abord en un point spécifique pour les escorter ensuite "jusqu'à la zone à risques".  

De violents affrontements ont opposé forces de l'ordre et manifestants radicaux en début d'après midi, avant un reflux de la foule dans un épais nuage de gaz lacrymogènes, le calme revenant vers 15H00.

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Cette situation a valu à la préfète des Deux-Sèvres d'être interpellée par la Ligue des droits de l'Homme, qui avait envoyé des observateurs à Sainte-Soline.

"Madame la préfète, laissez passer les secours d'urgence ! Nos observateurs ont constaté l'entrave par les forces de l'ordre à l'intervention des secours pour une situation d'urgence absolue", écrit la LDH dans un communiqué de presse.

Selon elle, le blessé se trouvait dans une zone "parfaitement calme", où rien ne faisait "obstacle à l'intervention du Samu", et il aurait dû être pris en charge "sans délai" par les secours.
 

"Faire front" 

"Alors que le pays se soulève pour défendre les retraites, nous allons simultanément faire front pour défendre l'eau", revendiquent les organisateurs, qui ont installé un campement à quelques kilomètres de Sainte-Soline, sur la commune de Vanzay, en bordure du périmètre d'interdiction.

"Ne tombez pas dans la violence, la vraie violence c'est celle de l'État", avait précédemment lancé à la foule Julien Le Guet, porte-parole de "Bassines non merci", sous le coup d'un contrôle judiciaire qui le prive de manifestation.

Le dispositif de sécurité est deux fois plus important que lors de la dernière manifestation. "Il y a une très grande mobilisation de l'extrême gauche et de ceux qui veulent s'en prendre aux gendarmes et peut-être tuer des gendarmes et tuer les institutions", avait justifié Gérald Darmanin vendredi sur Cnews.

Des armes avaient été saisies en amont du rassemblement - boules de pétanque, frondes, lance-pierres, produits incendiaires, couteaux et haches selon la gendarmerie - et 11 personnes interpellées, dont sept sont actuellement en garde à vue, selon le parquet de Niort.

Plusieurs élus EELV et LFI manifestent samedi, tandis que des observateurs des pratiques policières mandatés par la Ligue des droits de l'Homme doivent "documenter le maintien de l'ordre" durant le week-end.

Substitution 

La bassine de Sainte-Soline fait partie d'un ensemble de 16 retenues, d'une capacité totale d'environ six millions de mètres cubes, qui doivent être construites dans le cadre d'un projet porté par une coopérative de 450 agriculteurs, soutenu par l'État mais contesté de longue date.

Il vise à stocker de l'eau puisée dans les nappes superficielles en hiver, afin d'irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient, selon un principe de "substitution". Ses partisans en font une condition de la survie des exploitations face à la menace de sécheresses récurrentes.

Son coût de 70 millions d'euros est financé à 70% par des fonds publics en échange de l'adoption de pratiques agroécologiques par les bénéficiaires, une vaine promesse selon les opposants qui dénoncent un "accaparement" de l'eau par "l'agro-industrie" à l'heure du changement climatique.

"Il y a seulement 6% de la surface agricole utile qui est irriguée en France et il y a 100% des agriculteurs qui subissent la sécheresse", a déclaré Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne, samedi sur RMC.

Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a défendu quant à lui sur France Inter un projet "exemplaire" en termes de "sobriété" agricole.
 

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