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En Terminale, la note finale du bac connue à 80% fait craindre un fort absentéisme

L'année scolaire n'est pas terminée mais les élèves de Terminale ont déjà obtenu 80% de la note finale du bac avec les résultats des épreuves de spécialité et le contrôle continu, et les profs craignent un fort absentéisme dès le retour des vacances de Pâques.

Pour la première fois depuis l'instauration de la réforme du baccalauréat en 2019, les élèves de Terminale ont passé au mois de mars chacun deux épreuves de spécialité, les deux matières majeures choisies par chaque lycéen en Terminale. Elles comptent à elles seules pour un tiers des résultats du bac, calculés sur 100 points.

L'épidémie de Covid-19 avait jusqu'ici empêché l'examen de se dérouler normalement.

La note du bac repose à 40% sur du contrôle continu et à 60% sur des épreuves terminales (le français écrit et oral, passé en classe de première, les épreuves de spécialité, la philosophie et le grand oral, tous passés en Terminale). Les élèves connaissent à ce stade 80% de la note finale de l'examen.

La crainte est donc de voir les élèves de Terminale relâcher leur attention en cours voire, pour certains, ne plus aller en cours de manière régulière.

Le ministère lui-même a alerté sur l'importance de l'assiduité des élèves de Terminale. "Le troisième trimestre est d'ores et déjà en cours. Les élèves doivent maintenant poursuivre leurs efforts autour des évaluations des disciplines du tronc commun qui comptent dans 40% des résultats finaux, maintenir leur investissement en enseignements de spécialité dans l'objectif de préparer leur épreuve du grand oral et leur entrée dans le supérieur", a-t-il rappelé dans un communiqué.

"Sur 34 élèves, j'avais 22 élèves présents dans la classe ce matin alors que la semaine dernière, il n'y avait que 6 ou 7 élèves absents, on peut penser qu'on est sur une pente descendante", constate Renaud, professeur de sciences économiques et sociales dans un lycée de Seine-et-Marne, interrogé par l'AFP.

Il note même que "ceux qui sont présents ne sont pas toujours très attentifs". "D'autres verbalisent le fait que les cours n'ont plus d'importance à leurs yeux car les jeux sont déjà faits", regrette ce professeur qui n'a pas souhaité décliner son identité.

- "démobilisation totale" -

"Depuis des années, on nous parle de la reconquête du mois de juin pour maintenir les élèves en cours mais là nous sommes au stade de la reconquête des mois d'avril, mai et juin!", s'amuse-t-il.

Même constat pour François Desnoyer, professeur de mathématiques à Toulouse. "C'est la démobilisation totale dans ma classe de STMG (Sciences et technologies du management et de la gestion) depuis qu'ils connaissent leurs notes de spécialité", décrit-il. "Pour eux, le bac est passé, c'est derrière eux, ils se sentent quasi en vacances".

Depuis la mise en place de la réforme du baccalauréat instaurée par l'ex-ministre Jean-Michel Blanquer, les syndicats mettent le ministère en alerte sur l'absentéisme des élèves de Terminale après le passage d'épreuves qu'ils estiment arriver trop tôt dans l'année scolaire.

"Entre la banalisation des cours, le passage d'épreuves, les journées de correction, nous avons estimé à 1,2 million le nombre d'heures de cours perdues" en raison de l'organisation du bac en mars, a dénoncé sur Twitter Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, principal syndicat des chefs d'établissements.

Contacté par l'AFP, il explique avoir fait le calcul dans son propre lycée, à Vincennes près de Paris. "Sur 330 élèves, 250 ont déjà leur bac avec les notes du contrôle continu et les résultats des épreuves de spécialité. Tous les élèves ont accès à des simulateurs donc autant dire que la motivation pour continuer à suivre les cours est affectée", dit-il.

Son syndicat continue à demander "le retour des épreuves du bac en juin".

Lundi, François Bayrou, ancien ministre de l'Education, s'est lui aussi exprimé sur le sujet, interrogé sur Franceinfo. "La réforme du bac, je l'ai dit à Jean-Michel Blanquer, a apporté beaucoup de complexité dans l'idée que les élèves et leurs familles se font des études secondaires".

"Je suis persuadé qu'un jour cette question (de la réforme de la réforme) se reposera et devra être reposée, ne serait-ce que parce qu'il y a des chaises vides dans les classes, c'est dommage", a-t-il dénoncé.

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