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Des plumes du cabaret aux tailleurs épurés en passant par des peignoirs: Dior a célébré Joséphine Baker et la liberté des Années folles dans une collection présentée lundi à Paris, au premier jour de la semaine de la haute couture.
Chanteuse, danseuse, membre de la Résistance française et militante pour les droits humains, "Joséphine Baker est une grande artiste et l'unique femme de couleur à entrer au Panthéon qui, à travers ses vêtements, a déterminé sa position et elle-même", a déclaré à l'AFP la styliste des collections féminines de Dior, Maria Grazia Chiuri.
Cliente de la maison Dior, l'artiste afro-américaine, avec son corps musclé et ses cheveux courts, incarne une autre féminité que celle d'une femme "fleur" de l'iconique New look de Dior aux épaules douces et taille fine soulignées par la veste bar et la jupe-corolle.
En 1925, elle quitte les Etats-Unis pour Paris afin de se produire dans la Revue Nègre au théâtre des Champs-Elysées, où elle a réincarné des stéréotypes raciaux.
Mais quelques mois après le succès de son premier spectacle à forte imagerie coloniale, elle change de vestiaire et de représentation: d'abord en icône d'Art déco, puis en tailleurs ou "uniformes" de résistante.
Fascinée par le rôle du vêtement dans cette métamorphose, Maria Grazia Chiuri rend hommage à chacune de ces étapes dans la collection: le music-hall avec des matières métallisées, des franges, des plumes, des ensembles avec des mini-shorts ou un body, puis des robes longues et fluides des années 1920-30, ensuite des tailleurs droits.
Des manteaux en velours évoquent des pièces qu'une artiste enfile dans sa loge après le spectacle, ce moment entre la scène et la vraie vie, métaphore des identités qui se construisent en coulisses.
"Immédiatement après son succès, elle a fait des choix très précis de haute couture: tailleurs pour le jour, mais aussi des jupes à plis... Les images d'elle en uniforme sont extraordinaires. Elle avait une conscience incroyable de ce qu'elle pouvait faire avec sa notoriété, comment la mettre au profit des autres femmes", souligne Maria Grazia Chiuri.
Joséphine Baker ou Marlene Dietrich, amie de Christian Dior et autre muse de la maison et de cette collection, "représentent des jeunes femmes très en avance par rapport à leur époque. C'est une collection pour une femme qui veut choisir elle-même sa façon d'être", ajoute-t-elle.
La collection se réfère plus généralement aux Années folles, "un moment historique particulier, surtout à Paris où les femmes ont eu une très grande liberté. Les silhouettes se sont simplifiées, les corsets ont disparu. Leur façon de s'habiller était confortable tout en restant féminine et très glamour".