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Macron appelle les Calédoniens à "bâtir l'avenir" et confirme une révision constitutionnelle

"Ce ne sont pas simplement des arbres qui tombent, derrière il y a des hommes qui souffrent": Emmanuel Macron a été confronté mardi à l'impact du changement climatique en Nouvelle-Calédonie, l'un des enjeux sur lesquels il appelle à "bâtir l'avenir" au-delà des fractures politiques.

Tribu des Tiouande, littoral de Touho, sur la côte est. Arrivé en hélicoptère, le chef de l'Etat constate les dégâts de l'érosion. Une famille a dû déménager de sa maison qui s'est effondrée et une sépulture familiale est menacée par la mer qui grignote la terre.

"Dans la culture kanak, on ne déplace pas les morts comme ça", lui dit l'ancien occupant des lieux, les yeux embués.

En tout, ici, huit familles sont concernées à court terme, selon les habitants. Mais la menace est bien plus vaste.

Pour Maurice Tillewa, maire indépendantiste d'Ouvéa, "si on ne fait rien aujourd'hui, il y a certainement une partie" de cet atoll calédonien voisin "qui va disparaître".

"Je suis prêt à ce que l'Etat prenne un engagement vis-à-vis de vous, mais il faut que ce soit un consensus", répond le président, suggérant d'ajouter les conséquences du déréglement climatique aux compétences régaliennes de l'Etat sur place. Il a évoqué des financements supplémentaires pour la recherche, et appelé à accélérer le relogement et "mieux protéger la côte".

C'est l'un des objectifs de sa deuxième visite dans l'archipel du Pacifique, après celle de 2018: invoquer les défis du XXIe siècle pour "regarder l'avenir ensemble".

Entre-temps, le territoire d'outre-mer a organisé les trois référendums prévus par l'accord de Nouméa de 1998, qui se sont soldés par un "non" à l’indépendance. Mais les indépendantistes du Front de libération national kanak socialiste (FLNKS) contestent le dernier scrutin de 2021, qu'ils avaient boycotté.

- "Respect" -

Dès lors, les tractations sur le futur statut institutionnel patinent et butent sur la question épineuse du corps électoral gelé, sur laquelle il est urgent de s'entendre pour aboutir à une révision constitutionnelle à temps pour les élections provinciales de 2024.

Dans un entretien sur Nouvelle-Calédonie la 1ère, RRB et Caledonia, Emmanuel Macron a confirmé un prochain "changement de la Constitution" ad hoc pour ce territoire. L'accord de Nouméa prévoit une telle révision pour modifier le statut institutionnel.

Cette réforme portera-t-elle d'emblée sur tout le statut ou dans un premier temps uniquement sur le corps électoral? "Le degré" et "l'ambition" dépendront "du calendrier et de ce sur quoi on sait se mettre d'accord", a répondu le président, plaidant pour un "consensus" en vue d'un "dégel" du corps électoral.

La fin de la parenthèse référendaire, "ce n'est pas un point final", "c'est un point-virgule", et il faut désormais "construire la suite", avait reconnu Emmanuel Macron dans la matinée lors d'une visite au Sénat coutumier à Nouméa.

Mais "si les débats institutionnels sont importants", "notre devoir commun", "c'est maintenant de bâtir l'avenir", a-t-il résumé.

Dans la grande case du Sénat coutumier, le président de cette institution consultative qui représente la coutume kanak, Victor Gogny, a dit espérer que sa venue favorise un "climat de confiance et de dialogue".

Il a toutefois mis en garde contre la volonté du ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin d'attendre "une ou deux générations" pour une éventuelle mise en oeuvre du "droit à l'autodétermination".

"Un retour en arrière", a-t-il balayé, "la France doit vraiment construire et réussir avec le peuple kanak et les citoyens calédoniens notre modèle de décolonisation".

Face à cette attente, exprimée de manière posée mais ferme, Emmanuel Macron a promis "respect" et "confiance".

Mais il s'est inscrit dans un temps long en plaidant pour "un travail de mémoire et d'histoire", "lent, humble, exigeant", à travers un processus "vérité et réconciliation".

"Le grand risque", "c'est de faire du sur-place", de "considérer le passé comme indépassable" et "de s'enfermer" dans "une identité figée et un débat institutionnel avec à nouveau des rendez-vous pour voter", a insisté le chef de l'Etat.

A ce stade, Gérald Darmanin n'a pas réussi à réunir indépendantistes et non-indépendantistes autour d'une même table pour des négociations tripartites. Il a fixé un nouveau rendez-vous à Paris fin août.

Emmanuel Macron va-t-il débloquer l'impasse ? Il doit réunir mercredi tous les acteurs ensemble, avant de prononcer un discours place de la Paix à Nouméa.

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