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Plus de 1.250 postes non pourvus au concours externe de professeurs des écoles

L'Ecole française toujours confrontée à la crise des vocations. Plus de 1.250 postes n'ont pas été pourvus cette année au concours externe de professeurs des écoles, selon des chiffres relayés par des syndicats, qui alertent sur l'"hémorragie" en matière de recrutement des enseignants.

Selon des chiffres accessibles sur la plateforme Cyclades du ministère de l'Education nationale, compilés par des syndicats et par l'agence spécialisée AEF, 1.264 postes n'ont pas été pourvus sur les 8.174 postes ouverts pour le concours externe de professeurs des écoles (le principal des concours existants).

Au total, 84,5% des postes offerts ont été pourvus, contre 75,7% en 2022.

Sans surprise, les académies de Versailles, Créteil et de Guyane, traditionnellement déficitaires, sont particulièrement touchées: 605 candidats admis à Créteil pour 1.166 postes (soit 561 postes non pourvus), 707 à Versailles pour 1.285 postes (578 postes non pourvus) et 50 en Guyane pour 165 postes (115 postes non pourvus).

L'an dernier, pour le premier degré, la totalité des concours du premier degré a permis l'admission de 8.265 candidats pour 9.951 postes.

"La crise du recrutement est devenue une véritable hémorragie que rien ne vient stopper", s'alarme la secrétaire générale du syndicat SE-Unsa, Elisabeth Allain-Moreno, dans un communiqué. Pour elle, il est "vital que le ministère de l'Education nationale réagisse".

Elle pointe un "effondrement dramatique" dans les académies franciliennes de Créteil et Versailles et la Guyane, où les difficultés sont traditionnellement plus grandes.

Dans un rapport de février 2023, la Cour des Comptes pointait "des tensions de recrutement majeures" dans les deux plus grandes académies de France, Créteil et Versailles, dans le premier degré. "En outre, les notes obtenues, même si elles peuvent toujours être relativisées, aux concours de professeur des écoles dans l’académie de Créteil, voire de Versailles, attestent de faiblesses préoccupantes de nombreux candidats mais aussi de lauréats des concours", complétaient les magistrats financiers.

Pour Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, "il y a moins de postes perdus cette année que l'an dernier" mais "on en perd encore beaucoup".

Selon elle, "chaque année, il y a une perte cumulée des postes".

L'année dernière, le recrutement d'enseignants (premier et second degrés confondus) avait connu une crise inédite, avec plus de 4.000 postes non pourvus au total, provoquant l'émoi dans le monde de l'éducation.

- "cercle vicieux"-

"On attend les résultats des concours du second degré mais on sait déjà qu'il va y avoir le même problème d'attractivité, notamment en maths", selon Caroline Brisedoux, secrétaire nationale du Sgen-CFDT.

Contacté par l'AFP, le ministère de l'Education n'a pas communiqué officiellement à ce stade, soulignant que "les chiffres ne sont pas encore consolidés". Le département de Mayotte est notamment encore dans l'attente de résultats.

Mais le ministère a déjà annoncé qu'il allait recourir aux candidats inscrits sur les listes complémentaires (non reçus aux concours cette année mais bien classés), comme le demandaient les syndicats, "afin de préparer la rentrée dans les meilleures conditions".

"Cette autorisation intervient de manière anticipée par rapport à l’année dernière" pour permettre aux académies de les affecter "en même temps que ceux inscrits sur la liste principale", s'est-il défendu auprès de l'AFP.

Avec la crise de recrutement d'enseignants, le recours aux contractuels est devenu incontournable pour pallier les manques. Ainsi, des sessions de recrutements "express" ont eu lieu ces dernières semaines dans diverses académies en France. Ces enseignants fraichement recrutés seront devant des classes dès le mois de septembre.

"Le recrutement de profs en 20 minutes, c'est quand même le pompon!", s'affole Grégoire Ensel, président de la fédération de parents d'élèves FCPE. "C'est un cercle vicieux qu'il faut arrêter en revalorisant d'urgence le métier d'enseignant qui est toujours le plus beau du monde", affirme-t-il.

Pap Ndiaye avait anticipé en mai dernier une "meilleure rentrée" scolaire en septembre. "Mais nous avons encore du chemin à faire" face aux difficultés de recrutement d'enseignants persistantes, avait-il cependant reconnu.

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