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Toutes les pistes sont explorées pour retrouver Lina: "Après 7 heures d'opération ce jeudi, aucune trace ou indice n'ont été découverts"

En France, les recherches se sont poursuivies pour tenter de retrouver Lina, cette jeune fille de 15 ans disparue pendant le week-end. Quatre-vingts gendarmes ont été mobilisés ce jeudi pour effectuer deux nouvelles opérations de ratissage dans le secteur où elle a disparu samedi, une disparition inquiétante pour laquelle "toutes les pistes continuent d'être explorées" par les enquêteurs.

Les recherches ont débuté vers 09H30 et se sont achevées peu avant 16H00 dans cette zone boisée et accidentée au pied du massif des Vosges. Les gendarmes se sont déployés en ligne en avançant lentement dans plusieurs champs à la recherche d'éventuels indices.

Mais "aucune trace ou indice n'ont été découverts aujourd'hui", a déclaré le commandant Antoine Jouclas, de la compagnie de gendarmerie de Molsheim à l'issue des opérations.

Notre envoyé spécial Arnaud Gabriel explique l'objectif des gendarmes et des militaires était "d'essayer de trouver des branches cassées, des vêtements ou des objets qui appartenaient à l'adolescente pour essayer de trouver une piste. Après 7 heures d'opération sous une forte chaleur, plus de 28 degrés, les gendarmes et les militaires ont quitté les lieux. Ce soir, Lina reste introuvable", indique notre journaliste. "(...) Après 5 jours, les recherches se font toujours dans cette zone de disparition, près de deux étangs. Il n'y a pas de piste, et ce soir, les proches de Lina vont devoir passer une 6e nuit sans aucune nouvelle de la jeune adolescente."

 

Les environs de Saint-Blaise-la-Roche avaient déjà été ratissés notamment par une première battue lundi, qui avait rassemblé 130 personnes, et par une deuxième battue plus importante mardi, à laquelle avaient participé 380 volontaires, accompagnés d'une équipe cynophile de la sécurité civile et d'un hélicoptère équipé de caméras thermiques.

Mercredi, deux étangs situés près de la zone où a disparu la jeune fille, avaient également été sondés, sans succès.

L'une des hypothèses pourrait être l'enlèvement

Selon nos informations, l'une des hypothèses pourrait être l'enlèvement. Notre envoyé spécial Arnaud Gabriel se trouve à Saint-Blaise-la-Roche. Lina est passé par un petit chemin boisé, à deux kilomètres de chez elles. C'est là que son téléphone a borné pour la dernière fois. "Fait particulier, aussi, c'est ici que les chiens renifleurs ont perdu la trace complète de l'adolescente", rapporte notre journaliste.

Est-elle montée volontairement dans un véhicule ? "La famille est persuadée que c'est exclu, qu'il est impossible de penser à ce scénario-là". L'autre possibilité, c'est qu'elle ait été forcée de monter. "On est dans une zone très stratégique. Une zone de disparition, comme on l'appelle", explique-t-il.

"Ce qui est difficile dans ces recherches, ce sont aussi les lieux. C’est frappant lorsqu’on arrive sur place. Il y a des kilomètres de forêts à la ronde. C’est très boisé, valloné, il y a des feuillages partout, ce qui donne un sentiment d’impuissance. Par où commencer? Où aller? C’est très compliqué car il peut y avoir un indice juste là, à côté de nous, mais personne ne le voit", témoigne Arnaud Gabriel, qui suit les gendarmes.

Malgré tout, la maman de Lina, que notre équipe a rencontré, ne perd pas espoir : "Elle était devant sa maison, assise sur un banc, le regard vide. Épuisée, elle garde malgré tout espoir et du courage. Pas pour elle, nous dit-elle. 'C'est pour ma fille que je le fais, c'est la seule chose que je peux faire'", nous raconte Arnaud Gabriel. "Un échange très court, très bref, mais très intense et loin des caméras"

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Un témoin raconte l'avoir croisée sur la route vers la gare: "Je rumine"  

Par ailleurs, les enquêteurs analysent les témoignages qui leur parviennent en permanence. C’était le cas hier toute la journée, la soirée et même la nuit. Tous font l'objet de vérifications approfondies sur tout le territoire national. Jean-Marc Chipon, l'ancien maire de Plaine, fait notamment partie des deux témoins qui ont vu l'adolescente le jour de sa disparition quand elle était sur la route vers la gare. "Je me suis dit que c’était une gamine qui marche vite, je ne l’ai plus vue, si vous voulez par rapport à la marche d’un humain, je pense que logiquement j’aurais dû la recroiser une deuxième fois sur la route avant qu’elle n’atteigne la piste cyclable. Ce que je n’ai pas vu. Moi, il était vers 11h-11h15. Mais je rumine pour plusieurs raisons, parce que là c’est quand même une vie humaine, c’est une jeune fille qui en plus vit dans ma commune. Elle ne pouvait être que visible cette jeune fille, elle était habillée en blanc", a-t-il confié. 

"Plusieurs amis de Lina ont été entendus"

Les policiers mènent également des auditions pour tenter d'éclaircir certains points. "Plusieurs amis de Lina ont été entendus avec leurs parents, parfois à plusieurs reprises. L’une de ses amies était encore auditionnée hier dans la soirée par les enquêteurs qui vont poursuivre ce travail de recueil de témoignages", indique Arnaud Gabriel, notre journaliste envoyé sur place. 

"A chaque fois, la peur se lit dans les témoignages, comme cette amie de Lina qui explique que ses derniers sms envoyés ne correspondaient pas à ceux envoyés par la jeune adolescente. Les réponses étaient courtes et écrites alors qu’elle faisait souvent des messages audio. Des messages dans lesquels il y avait de la ponctuation, or Lina n’en mettait jamais. Des éléments troublants qui inquiètent de plus en plus", révèle notre journaliste.  

Des plongeurs ont sondé deux étangs 

Une équipe de plongeurs de Strasbourg a sondé mercredi après-midi deux étangs, alors que la jeune fille n'a plus été vue depuis qu'elle s'est rendue samedi en fin de matinée vers la gare de Saint-Blaise-la-Roche (Bas-Rhin), empruntant à pied un itinéraire d'environ trois kilomètres depuis son domicile dans cette zone boisée et forestière au pied du massif des Vosges.

Plusieurs véhicules de la gendarmerie et des équipes spécialisées venues de Strasbourg sont arrivées sur les lieux peu après 14H00 mercredi. Une camionnette de la police allemande faisait également partie du convoi.

Les plongeurs ont ensuite quadrillé méthodiquement les deux étangs du Breux, au bord desquels passe une piste cyclable que Lina aurait dû emprunter samedi. Un chemin que la jeune fille avait parcouru tous les jours la semaine passée pour se rendre à la supérette où elle était en stage, dans le bourg de Saint-Blaise-la-Roche.

Sous les yeux de quelques proches et de nombreux journalistes, les plongeurs, répartis en petits groupes, ont exploré les lieux jusqu'à environ 18H30.

Dix personnels, dont sept plongeurs, ont participé aux recherches, selon le parquet de Saverne. Selon le gérant de l'étang de pêche, qui n'a pas souhaité donner son nom, trois pêcheurs étaient sur place dès 06H00 samedi matin, et ils n'ont pas vu passer la jeune fille, contrairement à la veille.

Par ailleurs, 15 militaires de la gendarmerie ont effectué dans la journée un nouveau ratissage sur le terrain. Mais "aucune (de ces opérations) n'a permis la découverte d'élément utile à l'enquête", a indiqué le parquet de Saverne dans un communiqué mercredi soir. "Toutes les pistes continuent ce soir d'être explorées", est-il précisé.

Jeudi, 80 gendarmes seront mobilisés pour deux nouvelles opérations de ratissage "sur la zone potentielle" de la disparition. "Les témoignages parvenus aux services d'enquête au cours de la journée ont fait l'objet de vérifications approfondies sur tout le territoire national", indique également la procureure de Saverne, Aline Clérot, dans le communiqué.

Cellule psychologique

"L'atmosphère est très particulière. Les habitants sont inquiets et se posent énormément de questions et il n'y a pas de réponses", remarque notre journaliste sur place, Arnaud Gabriel.

Une cellule d'urgence médico-psychologique (CUMP) avait été mise en place à partir de 13H00 mercredi dans la commune voisine de Plaine. Une dizaine d'habitants s'y sont tournés pour être encadrés par des professionnels.

A sa demande, l'association d'aide aux victimes SOS France Victimes 67 coordonnera le dispositif "pour permettre un suivi à moyen et long terme".

L'adolescente a disparu samedi en fin de matinée. Deux témoins l'ont vue à pied sur la route entre chez elle et le village, entre 11H15 et 11H30. Son téléphone, qui n'a pas été retrouvé, a cessé de borner à 11H22, avait précisé Mme Clérot, lors d'une conférence de presse mardi.

"Proche de sa maman" 

"Aucune activité bancaire sur son compte n'a été constatée depuis la disparition de la jeune fille", avait ajouté la magistrate.

L'hypothèse d'une fugue a été rapidement écartée: "C'était une jeune fille très gentille, très heureuse, souriante, toujours partante pour les bonnes choses", avait ainsi déclaré mardi Thibault, un de ses amis. "Elle était respectueuse, très proche de sa maman, elle faisait toujours attention de ne pas la décevoir. Je ne crois pas une seule seconde qu'elle aurait fugué."

Selon lui, l'adolescente, fille unique, est entrée cette année en CAP aide à la personne dans un établissement proche de Saint-Blaise-la-Roche, à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Strasbourg. Ses parents sont séparés, sa mère est infirmière et Lina n'a semble-t-il plus beaucoup de relations avec son père.

Plusieurs battues rassemblant des centaines de personnes, lundi et mardi, n'avaient rien donné.


 

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