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Combats meurtriers à Gaza, les espoirs de trêve relancés

Des combats meurtriers ont encore fait rage lundi à Gaza, au moment où les espoirs de trêve dans la guerre entre Israël et le Hamas sont relancés après des pourparlers en coulisses entre les pays médiateurs.

Le mouvement islamiste palestinien a cependant déclaré vouloir un cessez-le-feu "complet" avec Israël en préalable à tout accord sur une libération des otages israéliens détenus dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, il y a bientôt quatre mois.

Les craintes d'une extension du conflit ont ressurgi après la mort de trois soldats américains tués en Jordanie dans une attaque de drone, imputée par Washington à des groupes pro-Iran.

Dans le territoire assiégé et dévasté, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), qui fournit une aide vitale aux civils, est en difficulté après des accusations israéliennes sur l'implication présumée de douze de ses employés dans l'attaque menée le 7 octobre par le Hamas contre Israël.

L'Union européenne a demandé à l'Unrwa "d'accepter qu'un audit soit mené par des experts indépendants, choisis par la Commission européenne".

Le chef de la diplomatie israélienne, Israël Katz, a réclamé la démission du commissaire général de l'Unrwa.

Onze pays ont suspendu leur financement à l'agence, malgré l'appel du patron de l'ONU, Antonio Guterres, à garantir la poursuite de ses opérations.

Vingt organisations humanitaires, dont Oxfam, Save the Children et ActionAid, se sont dites "indignées" par la suspension de l'aide, dans un communiqué commun.

- "Mourir de faim" -

A Rafah, la ville du sud de Gaza frontalière avec l'Egypte où s'entassent plus d'1,3 million de déplacés selon l'ONU, certains témoignaient lundi de leur inquiétude.

"Nous vivons de l'aide que nous apporte l'Unrwa. Si elle s'arrêtait, nous mourrions de faim et personne ne viendrait à notre secours", confiait Sabah Masabih, 50 ans.

L'attaque sans précédent du Hamas a entraîné la mort d'environ 1.140 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

En riposte, Israël a juré d'"anéantir" le mouvement au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu'il classe organisation terroriste comme les Etats-Unis et l'Union européenne.

Les opérations militaires israéliennes dans le territoire palestinien ont fait 26.637 morts, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, selon le ministère de la Santé du Hamas.

En 24 heures, 215 personnes ont été tuées, selon le ministère qui a fait état de frappes notamment sur Khan Younès (sud)et Gaza-ville (nord).

A Khan Younès, devenue l'épicentre de la guerre, des combats "très violents" font rage, selon des témoins.

Des images tournées par l'AFP lors d'une récente visite organisée par l'armée montrent des chars progressant dans un paysage dévasté, entre les immeubles éventrés, où les soldats ont découverts un tunnel attribué au Hamas.

Les "spécificités" de cette guerre, explique Dan Goldfus, le commandant de la mission, "c'est que les manoeuvres se font en surface et en sous-sol".

En Israël, les sirènes d'alerte aux roquettes ont retenti lundi à Tel-Aviv et dans le centre du pays. Les tirs ont été revendiqués par la branche armée du Hamas, après plusieurs semaines de calme dans cette région.

- Négociations en coulisses -

En coulisses, les négociations se poursuivent en vue d'une trêve.

Un cadre pour une trêve accompagnée de nouvelles libérations d'otages va être transmis au Hamas, a annoncé lundi à Washington le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdulrahmane Al-Thani.

Il a fait état de "progrès notables" après une réunion dimanche à Paris entre le directeur de la CIA, William Burns, et de hauts responsables égyptiens, israéliens et qataris.

"Beaucoup de travail a été fait", "mais nous n'avons pas encore franchi la ligne d'arrivée", avait déclaré plus tôt sur CNN un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby.

Israël a fait état de discussions "constructives", malgré des "différends".

Mais le Hamas veut négocier un "cessez-le-feu complet" avec Israël en préalable à tout accord, a indiqué lundi à l'AFP un haut responsable du mouvement islamiste.

Le Qatar, l'Egypte et les Etats-Unis avaient négocié une première trêve ayant permis la libération fin novembre d'une centaine des quelque 250 personnes enlevées en Israël le 7 octobre, en échange de prisonniers palestiniens.

Selon les autorités israéliennes, 132 otages sont toujours détenus à Gaza, dont 28 sont présumés morts.

Le projet d'accord impliquerait une trêve de deux mois et la libération de tous les otages contre des prisonniers palestiniens détenus en Israël, selon le New York Times.

- Contexte régional explosif -

Dans un contexte régional explosif, trois militaires américains ont été tués et 34 blessés dans une attaque de drone dimanche dans le nord-est de la Jordanie, près de la frontière avec la Syrie et l'Irak, imputée par Washington à des groupes pro-Iran.

Le président Joe Biden répondra "d'une manière très conséquente", a déclaré sur CNN John Kirby, tout en assurant que les Etats-Unis ne "cherchaient pas la guerre avec l'Iran" ni de "conflit plus large au Moyen-Orient".

Téhéran a réfuté toute implication dans l'attaque.

Selon un responsable américain, une base de la coalition internationale antijihadistes dirigée par les Etats-Unis à Shaddadi, dans le nord-est de la Syrie, a également été ciblée par "de multiples roquettes", qui n'ont fait ni victime ni dégât.

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