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En mer pour sauver des vies : JOUR 10 - Le poignant témoignage de Reem et Firas, mariés et futurs parents, ayant risqué leur vie en Méditerranée

Chaque année, des milliers de personnes risquent leur vie en tentant de traverser la mer Méditerranée. Ils fuient la guerre, la pauvreté et les persécution. Dans ces eaux souvent hostile, Médecin Sans Frontière (MSF) mène des missions de sauvetage vitale avec son bateau le Geo Barents. Une équipe de RTLinfo a pu embarquer exceptionnellement sur ce navire. 

A bord du Geo Barents, ils sont donc 68. 68 survivants, 68 histoires différentes. Ils viennent du Bangladesh, du Pakistan, de Palestine, de Syrie ou d'Egypte. Et tous ont fui pour un avenir meilleur. Ce qu'ils ont fait n'a aucun sens pour nous, Européens : ils ont pris le risque de mourir en mer Méditerranée pour fuir des persécutions, une guerre ou encore la pauvreté. Il n'y avait, pour eux, pas d'autre choix.

Parmi ces personnes, il y a Reem. C'est la seule femme dans le bateau. Elle est accompagnée de son mari, Firas. Le couple a quitté la Syrie suite à la guerre en 2018. Reem et Firas ont tenté d'introduire une demande d'asile légale dans plusieurs pays. Aux Etats-Unis, en France, au Japon ou encore au Mexique. Mais toutes ont été refusées. Après des mois de migration, ils sont arrivés en Egypte, où ils ont pour la première fois fait appel aux services de passeurs. Pour 2000 euros, ils ont traversé la frontière pour rejoindre la Libye par les montagnes. "C'était très dangereux, nous raconte Reem. On a marché sans s'arrêter pendant quatre heures sur des chemins difficiles. On devait courir. Si on s'arrêtait, ils nous frappaient".

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En Libye, le couple a appris qu'il ne voyageait pas à deux, mais à trois. Reem est enceinte de 4 mois. A nouveau, ils ont dû trouver un passeur. Cette fois la somme était encore plus importante. Pour franchir la Méditerranée, ils ont dû payer 5000 euros par personne. "On sait qu'on risquait notre vie, explique Firas. Mais on veut un avenir meilleur. On ne peut pas retourner en Syrie. Alors on a pris ce risque, nous n'avions pas d'autre choix. Nous voulons retrouver une maison, parce que nous n'en avons plus".

A bord, tous ont abandonné leur vie pour partir. Derrière eux, il y a leur communauté, leurs amis, leur famille. Taoufik, par exemple, n'a plus vu sa fille de 3 ans depuis le mois de novembre. Et il ne sait pas quand il la reverra. "Le choix que j'ai dû faire est difficile, témoigne ce Syrien de 32 ans. Mais le choix de rester était encore plus difficile. En partant, j'espère pouvoir offrir un avenir meilleur à ma famille". 

Pendant qu'on progresse vers le Nord de l'Italie, des activités sont organisées. Notamment une gymnastique le matin ou un atelier coiffeur et barbier. "Aucun d'eux n'a voulu partir, explique Nejma Banks, médiatrice culturelle. Ce sont des personnes qui fuient des atrocités, rien d'autre. Cela pourrait être vous ou moi dans le futur. On ne sait pas ce qui va se passer".

En sécurité à bord du Geo Barents de Médecins Sans Frontières, ces survivants s'offrent un moment d'évasion pour quelques minutes le temps d'un jeu ou d'un échange avec un membre de l'équipage. Leur parcours migratoire a déjà duré plusieurs mois. Et la suite restera difficile. Lorsqu'ils seront en Europe... ils n'auront aucune garantie d'obtenir l'asile. Et courent le risque donc... de tomber dans l'illégalité.

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