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Entre défiance et gravité, les Américains se rendent aux urnes

Sanctions pour certains, défense de la démocratie pour d'autres venus défendre leur "droit à être là", les Américains votent dans la gravité et la tension mardi, pour des élections de mi-mandat d'ores et déjà marquées par la défiance et les doutes.

"J'ai noté que certains des candidats qui se sont présentés récemment ont choisi les calomnies, les campagnes négatives et des choses comme ça. Je ne veux pas que ces gens-là me représentent au plus haut niveau", indique Quonn Bernard, un ingénieur de 39 ans rencontré à l'ouverture d'un bureau de vote d'Union City, une localité à majorité afro-américaine proche d'Atlanta, en Géorgie.

"Je suis venue ici pour voter aujourd'hui parce que mes ancêtres, beaucoup de mes ancêtres, qu'ils aient été noirs ou femmes, n'ont pas eu le droit de voter", indique Kuanna Harris, une avocate de 26 ans venue elle aussi déposer son bulletin de vote dès sept heures du matin dans cet Etat du Sud encore marqué par les plaies de la ségrégation et considéré comme charnière pour le contrôle du Sénat.

- Journée "plutôt normale" -

A Phoenix en Arizona, l’un des bureaux de vote installé dans une bibliothèque du centre-ville a rencontré des problèmes mardi matin avec ses machines chargés d’imprimer les bulletins, ont constaté des journalistes de l'AFP. Seuls les électeurs ayant déjà préparé leur bulletin scellé dans une enveloppe pouvaient le déposer, les autres étaient priés de se rendre dans un autre bureau à 500 mètres de là.

De quoi renforcer la défiance de certains Arizoniens, dans cet Etat du sud-ouest où la victoire de Joe Biden à la présidentielle en 2020 continue d'être contestée par les candidats républicains, malgré plusieurs audits et recomptages ayant démontré la validité des résultats.

"Cette machine aurait dû être testée il y a longtemps, la semaine dernière", grommelle Donald Newton, un octogénaire républicain qui a réussi à voter dans le bureau voisin, et croit dur comme fer que l’élection de 2020 "a été volée".

Malgré quelques problèmes techniques, "je pense que nous allons avoir une journée de vote plutôt normale", tempère Kenneth Bellows.

Cet étudiant en droit de 32 ans a lui aussi voté républicain, car il est déçu de la gestion économique du président Joe Biden. Les Etats-Unis subissent la pire inflation depuis 40 ans et "cela handicape les Américains qui essaient juste de s’en sortir", estime-t-il.

- Rester "civilisé" -

A la sortie du bureau de vote, Mona Sablan dit avoir donné sa voix aux démocrates, car pour cette infirmière de 56 ans, la seule chose qui compte, "c’est le droit à l’avortement", particulièrement menacé en Arizona depuis que la Cour suprême permet à chaque Etat américain d’adopter ses propres règles en la matière.

A McAllen, ville du Texas à la frontière avec le Mexique, Enrique Ayala, un retraité de 64 ans, espère que "tout le monde va se montrer civilisé et que toutes les parties accepteront leurs victoires ou leurs défaites".

Une petite file d'attente s'est formée dès 7 heures du matin à l'intérieur du Soldiers and Sailors Memorial Hall and Museum de Pittsburgh, grande ville industrielle de l'Etat de Pennsylvanie, considéré comme décisif pour le Sénat.

"Il y a tant de polarisation et de désinformation que je veux m'assurer que ma voix est entendue", raconte Robin Girdhar, un médecin de 61 ans, mug de café en main. "C'est inquiétant, la rhétorique des deux côtés semble très extrême", ajoute-t-il, ne cachant pas son choix pour les démocrates.

"Il y a des questions vraiment importantes en jeu", indique Alexandra Ashley, une avocate de 30 ans. "L'avortement est probablement le plus important pour moi".

"Certains veulent affaiblir la démocratie. Et c'est une chose que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre", ajoute cette autre électrice démocrate.

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