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Guerre en Ukraine: le patron de la milice russe Wagner met en garde son propre pays

Le chef du groupe militaire privé russe Wagner, Evguéni Prigojine, a déclaré dimanche que ses hommes, qui combattent notamment à Bakhmout (est de l'Ukraine), manquaient de munitions et prévenu qu'une contre-offensive ukrainienne pourrait représenter "une tragédie" pour la Russie. "Nous (Wagner) n'avons que 10-15% des munitions dont nous avons besoin", a souligné le patron de Wagner dans une interview au correspondant de guerre pro-Kremlin Semyon Pegov.

M. Prigojine, qui a rendu les hauts gradés de l'armée russe responsables de ces pénuries, a dit s'attendre à une contre-offensive ukrainienne vers la mi-mai. "Cette contre-offensive pourrait devenir une tragédie pour notre pays", a-t-il averti.

Nous devons entasser des milliers de corps

Ces déclarations interviennent quelques heures après la diffusion d'une autre interview, cette fois auprès du blogueur militaire Semyon Pegov. Evgueni Prigojine y avait menacé de retirer ses troupes de la ville de Bakhmout en Ukraine, où le nombre de victimes est très élevé. "Tous les jours, nous devons entasser des milliers de corps que nous mettons dans des cercueils et renvoyons à la maison", a-t-il déclaré.

Les pertes sont cinq fois plus élevées que nécessaire à cause du manque d'artillerie et de munitions, a poursuivi M. Progojine. Le chef des paramilitaires affirme qu'il a écrit au ministre de la Défense russe pour demander des stocks supplémentaires au plus vite. "Si le déficit en munitions n'est pas comblé, nous allons être forcés - afin de ne pas fuir comme des rats lâches ensuite - à se retirer ou mourir", a déclaré le sexagénaire. Il a ajouté qu'il serait probablement obligé de procéder au retrait de certaines de ses troupes, mais que le front s'écroulerait alors ailleurs.

Passe d'armes avec l'armée russe

Le groupe Wagner a été en première ligne dans les combats autour de la ville de Bakhmout. Evguéni Prigojine est en conflit ouvert avec la hiérarchie militaire russe, qu'il accuse de ne pas livrer sciemment suffisamment de munitions à ses hommes et s'en est pris publiquement au ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, à plusieurs reprises.

Dimanche, le gouverneur de la région russe de Briansk frontalière de l'Ukraine a annoncé qu'un bombardement ukrainien ayant visé un village russe avait fait quatre morts et deux blessés. La veille, une attaque de drones a provoqué un incendie dans un dépôt de pétrole à Sébastopol, le port d'attache de la flotte russe de la mer Noire en Crimée, selon les autorités de la péninsule annexée par la Russie.

L'Ukraine se dit presque prête à contre-attaquer

Pour sa part, l'Ukraine a affirmé cette semaine que ses préparatifs en vue d'une contre-offensive touchaient à leur fin. "L'équipement a été promis, préparé et partiellement livré. Au sens large, nous sommes prêts", a récemment affirmé le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov. "Quand Dieu le voudra, (quand il y aura) la météo et la décision des commandants, on le fera". Mais il a ajouté que les puissants chars Abrams promis par les Etats-Unis "n'auront pas le temps de participer à cette contre-offensive", leur livraison à l'Ukraine ne devant intervenir que fin 2023.

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