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Olivier Schoonejans : Est-ce que cette invasion était dans l'air ? Est-ce qu'on pouvait s'attendre à ce genre de débordements ?
Antonio Solimando : Oui, tous les ingrédients étaient là, déposés par Jair Bolsonaro, le président déchu et battu aux dernières élections présidentielles. Il avait d'abord lancé plusieurs rumeurs de fraudes électorales durant l'entre-deux tours, puis il n'a pas reconnu sa défaite : pendant deux mois, il s'est terré et est resté muet.
Enfin, il a quitté le Brésil avant même l'investiture de son rival. Tous ces éléments n'ont fait qu'amplifier les doutes de ses partisans les plus farouches à propos du fait que l'élection aurait été volée, qu'il y aurait eu une sorte de conspiration. Ces électeurs, déjà biberonnés aux discours alternatifs, complotistes, sont donc passés à l'acte.
OS : On a encore en tête l'assaut sur le Capitole à Washington, il y a deux ans...
AS : Avec des éléments très similaires, en effet. Trump avait également contesté l'élection de Joe Biden pendant des semaines. Son équipe et son avocat avaient mis en avant que Trump allait prouver que des machines de votes avaient été truquées, notamment. Les partisans de Trump se sont alors radicalisés et sont donc parvenus à pénétrer dans le Capitole.
Mais beaucoup d'autres types de manifestations d'extrême-droite ont déjà eu lieu auprès de symboles de la démocratie : on se souvient par exemple d'Anders Breivik, en Norvège, qui avait carrément organisé un attentat contre un bâtiment gouvernemental, ou encore, près de chez nous, lorsqu'un partisan d'extrême-droite avait tenté d'assassiner Jacques Chirac en 2002.