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La Chine a annoncé dimanche qu'elle ne publierait plus ses statistiques controversées sur le Covid, très critiqués récemment en raison de leur total décalage avec l'actuelle vague épidémique qui frappe le pays.
La commission nationale de la Santé, laquelle fait office de ministère, publiait depuis début 2020 les chiffres quotidiens des cas et décès liés au coronavirus, qui étaient relayés tous les matins par la presse.
Elle n'a pas justifié l'arrêt de leur publication. Mais ces statistiques ne reflétaient plus l'avalanche de contaminations qui submerge la Chine depuis l'abandon le 7 décembre des strictes mesures sanitaires de la politique "zéro Covid".
Auparavant, des tests PCR quasi-obligatoires permettaient de suivre avec fiabilité la tendance épidémique. Mais les personnes contaminées réalisent désormais des autotests chez elles et rapportent rarement les résultats aux autorités, ce qui empêche d'avoir des chiffres fiables.
"A partir d'aujourd'hui, nous ne publierons plus les informations quotidiennes sur l'épidémie", a indiqué la commission nationale de la Santé.
"Le Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) publiera des informations relatives à l'épidémie, à des fins de référence et de recherche", a-t-elle ajouté sans préciser le type ni la fréquence de ces futures publications.
Les Chinois, qui constataient un décalage flagrant entre d'un côté la contamination d'une grande partie de leurs proches, voire leur décès, et de l'autre les statistiques officielles, ont accueilli l'annonce avec dérision.
- "Fausses statistiques" -
"Finalement, ils se réveillent et réalisent qu'ils ne peuvent plus duper les gens" avec des chiffres sous-évalués, écrit un utilisateur du réseau social Weibo.
"Il était temps", estime un autre. "C'était le meilleur et le plus gros bureau de fabrication de fausses statistiques du pays", renchérit un troisième.
Autre source de controverse qui décrédibilisait les statistiques officielles: en vertu d'une nouvelle méthodologie, seules les personnes directement mortes d'une insuffisance respiratoire liée au Covid sont désormais comptabilisées comme décédées de la maladie.
La Chine n'a ainsi annoncé que six morts du Covid depuis la levée des restrictions.
Mais de nombreux crématoriums interrogés par l'AFP ont rapporté récemment un afflux inhabituellement élevé de corps à incinérer. Une situation largement passée sous silence par les médias chinois mais que les autorités commencent à évoquer.
La grande métropole de Canton (sud), peuplée de 19 millions d'habitants, a ainsi annoncé le report "après le 10 janvier" des cérémonies funéraires.
"S'il est décidé (par les familles) de ne pas organiser de cérémonie d'adieux, alors le corps pourra toutefois être incinéré directement comme en temps normal", a-t-elle précisé dans cette note publiée samedi soir.
Une précédente version du communiqué évoquait "un important volume d'activité récemment" pour justifier la mesure. Mais la mention a ensuite été retirée, probablement en raison de son caractère politiquement sensible, les autorités souhaitant donner l'image d'une situation sous contrôle.
- La vaccination s'accélère -
De nombreux hôpitaux sont sous pression face aux arrivées de malades du Covid et une pénurie de médicaments contre la fièvre et l'état grippal frappe les pharmacies.
Certains gouvernements locaux commencent toutefois à avancer des estimations de l'ampleur de l'épidémie.
Les autorités sanitaires du Zhejiang (est), au sud de Shanghai, ont jugé dimanche que le nombre de contaminations journalières dépassait désormais la barre du million dans cette province peuplée de 65 millions de personnes.
Un demi-million d'habitants sont par ailleurs infectés quotidiennement à Qingdao (est), ville de 10 millions d'habitants, a estimé cette semaine un responsable municipal cité par la presse officielle.
Dans la capitale Pékin, les autorités ont évoqué samedi "un grand nombre de personnes infectées" et appelé à "tout mettre en oeuvre pour améliorer le taux de guérison et réduire le taux de mortalité".
Une large part des plus de 80 ans, particulièrement vulnérables, n'ont pas de schéma vaccinal complet et se retrouvent en première ligne face au Covid.
La vaccination s'est toutefois accélérée ces dernières semaines, selon les chiffres de la commission nationale de la Santé.
Un total de 23,5 millions de doses ont été administrées du 8 au 23 décembre, contre 3,3 millions durant la quinzaine précédente - soit une multiplication par sept.