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La Belgique, qui a déjà fourni du matériel létal (armes et munitions) et non-létal aux forces armées ukrainiennes depuis le début de la guerre, continuera à soutenir l'Ukraine, avec des livraisons en cours de mitrailleuses lourdes et d'autres matériels envisagées, a affirmé vendredi la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, lors d'une réunion des soutiens à Kiev organisée par les États-Unis.
"La Belgique continuera à soutenir l'Ukraine en analysant tous les besoins au sein de la Défense belge ou en coordination avec l'industrie belge. De nouveaux dons sont en cours avec notamment des mitrailleuses lourdes. Et nous étudions actuellement les possibilités de livrer des munitions de défense aérienne et antichar à partir de nos propres stocks", a-t-elle déclaré devant des ministres de la Défense et de hauts responsables militaires d'une cinquantaine, réunis sur la base aérienne de Ramstein (Allemagne), à l'invitation du secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin.
Mme Dedonder a ajouté que la Belgique soutenait toute initiative dans le cadre de l'Union européenne ou de l'Otan qui permette de conclure davantage d'achats en commun de matériel à destination de l'Ukraine, selon le texte de son intervention.
La ministre a récapitulé - avec des détails rarement mentionnés jusqu'ici - les livraisons déjà effectuées depuis le début de l'invasion russe, le 24 février dernier, en citant différents types d'armes: des fusils d'assaut FNC et les plus modernes SCAR, ainsi que des F2000 (tous produits par la FN Herstal), des mitrailleuses légères Minimi et lourdes de calibre .50 (soit 12,7 mm), des lance-roquettes de type LAW, ("Light Anti-Tank Weapon" ou M72) et des lance-grenades antichars Carl Gustav et des missiles antichars, d'un type non précisé. "Le tout complété de munitions de différents calibres", a ajouté la ministre.
Ce vendredi soir, notre journaliste Loïc Parmentier et caméraman Pierre Haelterman ont interrogé la ministre Ludivine Dedonder sur l'aide belge à l'Ukraine.
Voici son interview:
Loïc Parmentier: Qu’est-ce que la Belgique va envoyer à l’Ukraine avec cette nouvelle livraison d’armes?
Ludivine Dedonder: Les Ukrainiens ont exprimé le besoin d'obtenir des moyens de défense antiaérienne et de lutte antichar, nous allons donc répondre à ces besoins sur base de nos propres stocks. Nous allons également répondre au besoin de formation des troupes ukrainiennes. Ce qu'ils souhaitent, c'est d'avoir du matériel, mais le full package. C'est-à-dire ce matériel, les munitions, mais également la formation.
Loïc Parmentier: Et ça augmente bel et bien d'un cran le niveau d'armes que la Belgique envoie. On était plutôt sur des armes légères, désormais, c'est un cran plus loin?
Ludivine Dedonder: Il y a un momentum. C'est vrai qu'aujourd'hui, on voit que la Russie se renforce et que les stocks, du côté ukrainien, diminuent. Il faut donc pouvoir les aider à défendre leur territoire, à défendre leur population. Donc c'est vrai qu'aujourd'hui ce sont des envois supplémentaires qui sont faits.
Loïc Parmentier: La Belgique a déjà dépensé, dans votre département, 90 millions d'euros pour du matériel, aussi bien médical que des armes légères. On est sur quel budget désormais?
Ludivine Dedonder: On a dépensé effectivement à ce stade 90 millions d'euros de dépenses militaires en soutien à l'Ukraine. Demain, ce sera d'autres livraisons. On n'a pas encore chiffré ce montant, mais ce sera effectivement une aide substantielle.
Loïc Parmentier: Est-ce que les armes que l'on va envoyer sont dans les stocks en Belgique, ou elles seront directement commandées avec de l'industrie militaire.
Ludivine Dedonder: En ce qui concerne les moyens de défense anti-aérienne et de lutte anti-char, c'est sur base de notre propre stock. Vous savez que nous sommes en pleine reconstruction, donc nous avions commandé aussi du matériel dans le cadre de ce que les militaires appellent la "readiness" (ndlr: niveau de préparation), et c'est ce matériel-là que nous allons envoyer pour partie. Pendant ce temps-là, évidemment, nous demanderons à l'industrie de pouvoir réapprovisionner nos stocks.
Loïc Parmentier: Avec ce degré d'armes qui augmente, vous ne craignez pas des répercussions pour les pays qui aident, de la Russie?
Ludivine Dedonder: Vous savez, aujourd'hui parler d'escalade, je pense qu'on est en plein dans l'escalade. Il y a une guerre. Chaque jour, la Russie attaque unilatéralement l'Ukraine. Elle tue, elle blesse des milliers de militaires, de civils, des enfants. Elle s'attaque au réseau énergétique pour les forcer à se soumettre. L'escalade est déjà là et elle est du côté russe. Il faut aider les Ukrainiens simplement à se défendre.