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Le gouvernement veut "résister aux vents contraires" avant l'épreuve du feu des retraites

De "l'audace" pour "résister aux vents contraires": Emmanuel Macron et Elisabeth Borne ont sonné mercredi la mobilisation du gouvernement à l'orée de l'épreuve du feu sur les retraites dont dépendra en partie la tournure du second quinquennat du chef de l’État.

L'heure était grave pour le premier Conseil des ministres de 2023, avec un climat assombri par la guerre en Ukraine, la crise énergétique, l'inflation qui pèse sur les entreprises et les Français et un système de santé à bout de souffle.

Première hypothèque majeure en ce début d'année, la réforme des retraites qui sera présentée le 10 janvier aux Français puis le 23 en Conseil des ministres, avant un examen potentiellement houleux à l'Assemblée nationale et le risque d'une fronde dans la rue.

Ce contexte "va demander à chacun ici de la résolution, de l'abnégation, de la résistance aux vents contraires, mais aussi de l'imagination", a dit Elisabeth Borne en présentant les vœux du gouvernement au président de la République, comme le veut la tradition à la rentrée de janvier.

"Nous devrons donc être inventifs", "et en même temps garder le cap", a développé la cheffe du gouvernement, selon des propos rapportés à l'AFP par plusieurs participants.

En réponse, Emmanuel Macron a invité ses ministres à "l'audace et à rester à l'écoute des préoccupations des Français", a expliqué le porte-parole du gouvernement Olivier Véran devant la presse.

"Certains ont une sorte de fascination pour le malheur, le pessimisme, la fatalité et les crises qui succèdent aux crises. Vous, ayez de l’audace", a exhorté le chef de l'Etat selon un participant.

- "Cohésion" -

Comme chaque année début janvier, le gouvernement s'est d'abord retrouvé place Beauvau pour le traditionnel petit-déjeuner de rentrée au ministère de l'Intérieur. Sur la grande table dressée, chacun a trouvé un petit paquet cadeau rouge.

Puis les ministres ont rejoint en groupe, et à pied, le palais de l’Élysée situé juste en face pour participer au Conseil des ministres.

Il y avait "la volonté d'afficher une cohésion, un gouvernement en ordre de marche derrière le président", estime Anne-Charlène Bezzina, maître de conférences en droit public à l'université de Rouen.

Le chef de l’État avait confirmé, dès ses vœux aux Français le 31 décembre, que 2023 serait l'année de la réforme des retraites, appelant ses concitoyens à "l'unité" pour ne pas céder à "l'esprit de division" dans des "temps si durs".

Sur l'âge de départ, syndicats et oppositions sont vent debout, qu'il passe à 64 ou 65 ans, contre 62 actuellement.

- "Feu à la plaine" -

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, dont l'exécutif espère une opposition moins frontale à son projet, a dit mercredi avoir "le sentiment que ce sera 64 ans"... pour mieux réaffirmer que ce sera "inacceptable" même pour son syndicat réformiste.

A sa sortie de Matignon, le patron de la CGT Philippe Martinez a contesté de nouveau une réforme "dogmatique" et prédit des "mobilisations importantes, dès le mois de janvier", en ironisant sur l'"exploit" de la Première ministre qui, avec cette réforme, unit les syndicats pour la première fois depuis 12 ans.

"Quand on pense qu’il y a des vents contraires, il n’est peut-être pas utile de mettre le feu à la plaine", a suggéré Laurent Escure, secrétaire général de l'Unsa, prédisant "un conflit social très dur, très profond".

"Nous pouvons faire reculer le gouvernement sur les retraites", a assuré le patron du PS Olivier Faure dans Libération.

A l'inverse, le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux a défendu une réforme pour garantir l'équilibre financier du système, dans un entretien mercredi à l'AFP, après une entrevue par visio avec Elisabeth Borne.

Le pays sera-t-il paralysé par les grèves ? Le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou craint que cette réforme provoque "une réaction assez vive" des cheminots.

Quelle que soit la mobilisation, l'exécutif se montre déterminé à aller jusqu'au bout, prenant l'opinion à témoin.

"Les Français sont plus raisonnables que certains syndicats", a jugé dans Le Parisien le ministre du Travail Olivier Dussopt.

Il jette de "l'huile sur le feu", a réagi M. Martinez, prêt au rapport de force: "on va se mobiliser ensemble contre cette réforme. Eh bien on verra qui est raisonnable et qui n'est pas raisonnable".

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