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Nucléaire : inquiétudes face à un possible enrichissement d'uranium au delà de 60% par l'Iran

L'Iran a démenti lundi des informations publiées la veille faisant état de la détection d'uranium enrichi à 84%, soit juste en deçà des 90% nécessaires pour produire une bombe atomique, qui ont suscité des inquiétudes internationales.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) avait déclaré dimanche soir être en discussions avec l'Iran après la publication d'une dépêche de l'agence de presse Bloomberg indiquant, sur la base de deux sources diplomatiques, que des inspecteurs de l'AIEA avaient décelé des niveaux d'enrichissement à 84%.

Un diplomate a confirmé à l’AFP que "ce pourcentage" était "correct" et que l'AIEA donnait maintenant à l’Iran "l’occasion de s’expliquer parce qu’il est apparemment possible qu’il puisse y avoir des pics de niveaux d'enrichissement plus élevés".

Selon Bloomberg, les inspecteurs "doivent déterminer si l'Iran a produit cette matière de manière intentionnelle" ou non.

La concentration pourrait résulter "d'une accumulation involontaire" du fait de difficultés techniques au niveau des cascades de centrifugeuses, les machines utilisées pour enrichir l'uranium.

Dans un tweet publié dimanche soir, l'AIEA a indiqué qu'elle tiendrait "informé le Conseil des gouverneurs" de l'agence onusienne "le moment venu".

- "Nouvelles inquiétantes" -

"Il va sans dire que si cette information de presse était confirmée, avérée, cela constituerait un élément nouveau et extrêmement préoccupant", a déclaré à des journalistes à Bruxelles la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, en espérant de l'AIEA "des informations plus précises".

La France participe avec l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine et la Russie à l’accord nucléaire de 2015 dont se sont retirés les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a affirmé avoir demandé lors d'un entretien téléphonique dimanche soir avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, que l'Iran "remplisse ses obligations" vis-à-vis de l’AIEA après les "nouvelles inquiétantes" parvenues sur l’enrichissement de l’uranium.

De son côté, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, a regretté la publication de telles informations. Il a appelé l'AIEA à "adopter une attitude professionnelle concernant les activités nucléaires pacifiques de l'Iran".

Ces informations relèvent d'une "distorsion des faits (...) Jusqu'à présent, nous n'avons pas fait de tentative pour enrichir au-delà de 60%", a réagi lundi le porte-parole de l'Organisation de l'énergie nucléaire iranienne, Behrouz Kamalvandi, cité par l'agence officielle IRNA.

Il a précisé que "la présence de particules au delà de 60% ne signifiait pas qu'il y ait un enrichissement (d'uranium) à plus de 60%".

En janvier, le directeur-général de l'AIEA, Rafael Grossi, s'était inquiété de "la trajectoire" prise par le programme nucléaire des Iraniens.

"Ils ont amassé suffisamment de matériel nucléaire pour fabriquer plusieurs armes nucléaires", même si d'autres étapes sont nécessaires, avait-il averti.

- Visite de l'AIEA -

Les nouvelles informations sur le dossier du nucléaire iranien surviennent alors que les négociations afin de ranimer l'accord conclu en 2015 pour limiter les activités atomiques de l'Iran en échange d'une levée des sanctions internationales sont au point mort.

Elles avaient débuté en avril 2021 à Vienne entre Téhéran et les grandes puissances, mais elles sont bloquées depuis août 2022 dans un contexte de tensions croissantes.

L'accord, connu sous l'acronyme de JCPOA, est moribond depuis le retrait des Etats-Unis décidé en 2018 par le président Donald Trump.

La République islamique s'est dans la foulée progressivement affranchie de ses engagements.

Elle produit désormais officiellement de l'uranium enrichi à 60% dans deux sites (Natanz et Fordo), un seuil bien supérieur à celui de 3,67% fixé par le pacte.

Selon Hossein Amir-Abdollahian, une prochaine visite de M. Grossi à Téhéran est toujours prévue. "Si l'agence agit avec un objectif technique et non-politique, il sera possible de s'accorder sur un cadre pour résoudre" le différend sur le nucléaire, a estimé le ministre iranien.

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