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A Paris, le surgissement artistique de Subodh Gupta

Ses œuvres d'art ? "Ce sont des performances artistiques en elles-mêmes", confie le plasticien indien Subodh Gupta, figure majeure de l'art contemporain, connu pour ses œuvres spectaculaires et théâtrales à base d'ustensiles de cuisine.

"Regardez, regardez, c'est comme une scène de théâtre", s'enthousiasme l'artiste né en 1964 dans le nord-est de l'Inde, en pointant du doigt deux de ses immenses créations nichées sous les verrières du grand magasin "Le Bon Marché" - propriété du groupe de luxe LVMH - à Paris.

Après le Chinois Ai Weiwei ou la Portugaise Joana Vasconcelos, il est le huitième artiste invité dans le cadre de la "carte blanche" artistique que propose le grand magasin parisien, jusqu'au 19 février.

Son nom ne dira peut-être rien au grand public mais certaines de ses œuvres, elles, sont restées dans la mémoire de nombreux Parisiens.

La plus connue ? "Very Hungry God", un crâne monumental composé d'ustensiles de cuisine en inox installé à deux reprises à Paris et qui est devenu sa signature artistique.

Cette fois, pas de crâne géant mais encore et toujours des milliers de brocs et d'ustensiles de cuisson assemblés. "Ca fait un moment que je travaille avec ces objets", plaisante ce passionné de bonne chère, convaincu que l'"âme d'un peuple se trouve aussi dans sa gastronomie".

Avec ses œuvres, Subodh Gupta explore l'importance des objets du quotidien dans la construction d'une identité individuelle et collective. Notamment celle d'un pays, le sien.

- 12 mètres de haut -

Considéré comme l'un des grands noms de l'art contemporain, Subodh Gupta a exposé ses oeuvres dans de nombreux musées européens, dont le Tate à Londres. En 2018, "la Monnaie de Paris" lui consacrait une première grande rétrospective.

Intitulée "Sangam", du nom du confluent de trois rivières - le Gange, le Yamuna et le Saraswati -, la carte blanche du créateur indien s'étale sur les vitrines du grand magasin parisien et en son sein, avec trois oeuvres monumentales.¨

"Confluences car, ici, des gens du monde entier se retrouvent. On est à la confluence de différentes cultures", dit-il. Mais pas seulement. Cette exposition est aussi à la confluence entre l'art et le mercantile, comme à la confluence d'objets chinés et neuf.

Fidèles à son esthétisme imposant - voire tonitruant -, les oeuvres exposées au Bon Marché apparaissent tel un surgissement. Deux d'entre elles, "Sangam I" (un pot traditionnel indien) et "Sangam II" (un seau) sont suspendues aux verrières et font 12 mètres de haut.

L'œuvre la plus spectaculaire reste celle qu'il a intitulée "The Proust effect", immense hutte en suspension composée - comme les deux autres - uniquement d'ustensiles de cuisine: théière, plateaux, casseroles, poêles... "Le tout assemblé tel un puzzle", confie-t-il encore.

A cela s'ajoute le travail réalisé dans les vitrines et qui fait appel aux hologrammes. Comme lorsqu'on voit surgir sur une moto un petit naan, le pain farci traditionnel de son pays.

"La performance artistique est l'essence même de mon art. J'ai même envie de dire que mes oeuvres sont des performances artistiques", explique celui qui, dans sa jeunesse, a fait du théâtre.

Exposer ses oeuvres hors d'un grand musée ne lui pose-t-il pas problème ? Non, rétorque-t-il sans sourciller: "Exposer mes oeuvres dans des endroits atypiques et non conventionnels est une bonne chose car cela vous permet de toucher un public qui ne fréquente ni musées, ni galeries".

Surtout, insiste-t-il, "je n'ai fait aucun compromis. J'ai eu une liberté totale".

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