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A coups de pied, des centaines de manifestants, encagoulés et munis de boucliers, ont affronté la police près du Parlement péruvien, samedi à Lima, dans un nouvel épisode de violences qui ont fait 48 morts depuis décembre.
Un manifestant a été mortellement blessé lors de violentes manifestations samedi à Lima, a annoncé le bureau du médiateur sur son compte Twitter. Il s'agit du premier mort dans la capitale péruvienne.
Au milieu des grenades lacrymogènes, le centre de la capitale péruvienne a été une fois de plus le théâtre d'échauffourées entre forces de l'ordre et manifestants, dans une crise politique qui dure depuis 52 jours, faisant 48 morts au total, dont un policier.
Ces nouveaux heurts ont éclaté autour du Parlement, après le refus des députés de donner leur feu vert à des élections anticipées.
"Nous voulons la dignité, Dina démissionne maintenant", scandaient les manifestants en référence à la présidente par intérim Dina Boluarte, dont les protestataires revendiquent le départ.
Mme Boluarte dirige le Pérou depuis la destitution le 7 décembre par le Parlement de l'ancien président élu Pedro Castillo, ce qui a déclenché des manifestations dans le pays.
La marche de Lima avait commencé comme une fête populaire avant de virer à l'affrontement entre un groupe de manifestants encagoulés et la police anti-émeute, faisant un mort et deux blessés dont un policier.
- Premier mort à Lima -
Jusqu'à présent, les décès sont survenus à Puno et d'autres régions andines du sud du pays, où vivent des populations historiquement défavorisées, qui soutenaient M. Castillo et voyaient son élection comme une revanche sur ce qu'elles considèrent être le mépris de Lima à leur égard.
Les manifestants réclament l'avancée des élections présidentielle et législatives à 2023, une demande formulée par la présidente par intérim et rejetée par le Parlement tôt samedi matin.
Un projet de loi déposé vendredi prévoyait d'organiser des élections anticipées en décembre 2023. Pour contenir la mobilisation naissante, le Parlement avait déjà avancé le scrutin à avril 2024.
La présidente par intérim, dont le mandat court théoriquement jusqu'en 2026, avait appelé à de telles élections anticipées afin de sortir le pays "du bourbier".
Elle a déploré samedi que le Parlement n'ait pas été "en mesure de convenir d'une date pour les élections générales, lors desquelles les Péruviens pourront élire librement et démocratiquement les nouvelles autorités".
"Nous demandons instamment aux députés de mettre de côté les intérêts partisans et de faire primer les intérêts du Pérou", a-t-elle ajouté sur Twitter.
Depuis l'aéroport de Lima, d'où étaient envoyés médicaments et matériel médical vers le sud du pays paralysé par les blocages routiers, Mme Boluarte avait assuré ne pas vouloir "s'accrocher au pouvoir".
- Dix autres morts liés aux barrages -
"On ne va pas attendre. Il faut que ce soit maintenant", avait tempêté Sandra Zorela, une enseignante de 53 ans réclamant des élections rapides lors d'une manifestation à Cuzco, désertée par le touristes qui viennent habituellement visiter le Machu Picchu. Ce joyau du tourisme péruvien a été fermé en raison des troubles.
Face à la centaine de barrages routiers érigés principalement dans le sud du pays, les ministères de l'Intérieur et de la Défense ont annoncé que "la police nationale du Pérou, avec l'appui des forces armées, (allait) effectuer le déblocage des routes".
Le gouvernement a accusé les barrages d'être directement à l'origine de dix décès, dont ceux de trois enfants qui n'ont pu, selon lui, être soignés à temps.
Les autorités ont recensé jeudi 88 barricades sur des routes dans huit des 25 régions du Pérou. Est notamment bloquée une autoroute principale voie d'acheminement de produits alimentaires vers Lima.
Ces barrages entraînent des pénuries, font grimper les prix et, selon le gouvernement, compliquent l'accès aux soins et l'arrivée des médicaments dans plusieurs régions.
"Il n'y a pas de gaz ni d'essence. Dans les commerces on ne trouve que des denrées non périssables et tout est très cher, jusqu'à trois fois le prix normal", a expliqué vendredi à l'AFP Guillermo Sandino, un expert en marketing basé à Ica, à 300 kilomètres au sud de Lima.