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RDC: des centaines de jeunes se portent volontaires pour intégrer l'armée et combattre les rebelles du M23

Des centaines de jeunes congolais se portent volontaires pour intégrer l'armée et combattre les rebelles du M23 qui progressent de plus en plus dans l'est de la République démocratique du Congo. Les responsables de l'armée affirment que plus de 3.000 candidats âgés de 18 à 30 ans sont enregistrés sur l'ensemble de la province. Jeudi, dans un message à la nation, le président Félix Tshisekedi a appelé les jeunes à s'enrôler massivement dans l'armée pour combattre les rébellion du M23.

"Aujourd'hui, uniquement en province du Nord-Kivu, nous avons au-delà de 3.000 candidats qui ont accepté l'appel du chef de l'État pour qu'ensemble, nous puissions mettre hors d'état de nuire les M23 et leurs alliés de l'armée rwandaise", explique le lieutenant-colonel Ndjike Kaiko Guillaume, porte-parole de l'armée au Nord-Kivu.

"C'est une mobilisation générale de la jeunesse du Nord-Kivu (est)", s'est félicité samedi le Colonel Ndakala Faustin, directeur chargé du recrutement au sein de l'armée dans la province du Nord-Kivu, indiquant que dans la partie nord de la province, "2.018 jeunes" ont rejoint un camp de formation à Beni et "attendent leur enregistrement".

Lors d'une conférence de presse conjointe avec le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya à Kinshasa, le général-major Sylvain Ekenge, porte parole de l'armée, a affirmé qu'ils sont "plus de 2.000" candidats. "La nation est en danger (et) a besoin de ses fils et ses filles pour défendre la patrie", a-t-il insisté, tout en indiquant les conditions à remplir.

Il s'agit, a-t-il énuméré, d'"être âgé de 18 à 25 ans", "disposer d'une bonne moralité, d'une bonne santé physique et mentale". Il n'est pas question d'envoyer dans l'armée "les tomates pourries", a-t-il dit.

Bombardements

L'armée congolaise, qui a notamment déployé dans l'est de la RDC deux avions de chasse Sukhoï-25, a bombardé mardi matin des positions du mouvement rebelle M23, a-t-on appris auprès d'habitants et de source sécuritaire.

Le M23, ancienne rébellion tutsi, a repris les armes fin 2021 et conquis plusieurs localités du territoire de Rutshuru, dans le Nord-Kivu, dont Bunagana, cité stratégique à la frontière ougandaise, en juin dernier. Après plusieurs semaines d'accalmie, les rebelles ont repris l'offensive le 20 octobre et étendu leur emprise vers l'ouest, occupant plusieurs localités sur la route nationale 2, axe stratégique desservant la capitale provinciale Goma. "Deux avions de chasse viennent de bombarder Tchanzu et Runyoni", dans des collines proches de la frontière ougandaise, a affirmé un habitant de Bunagana, interrogé par téléphone depuis Goma.

"La population d'ici à Bunagana a peur, elle est en train de fuir vers l'Ouganda, c'est le sauve-qui-peut", a-t-il ajouté. Damien Sebuzanane, responsable de la société civile locale, a confirmé ces informations. "Bunagana s'est vidé de sa population", a-t-il affirmé. "Depuis ce matin, nos avions ont commencé à bombarder la colline de Tchanzu et ses environs. Cela va durer toute la journée", a précisé sous couvert d'anonymat une source sécuritaire précisant que lundi, "c'était la reconnaissance" et l'identification des cibles.

Selon cette source, des combats au sol ont par ailleurs été engagés vers Rugari, à environ 30 km au nord de Goma. "La coalition des forces offensives du gouvernement congolais est en train de bombarder des zones fortement peuplées (...), le M23 se défend", a de son côté déclaré Lawrence Kanyuka, "porte-parole politique" du M23.

Deux avions de chasse Sukhoï Su-25, déployés dans le Nord-Kivu depuis dimanche, ainsi que deux hélicoptères, ont été vus dans le ciel de Goma mardi matin, a constaté un correspondant de l'AFP.

"Guerre de survie du Rwanda"

L'est de la RDC est en proie depuis près de trois décennies aux violences de groupes armés, pour beaucoup héritées de guerres qui ont ensanglanté la région dans le sillage du génocide rwandais de 1994. Depuis, les deux pays entretiennent des relations de méfiance.

La tension est particulièrement vive entre Kinshasa et Kigali depuis la résurgence fin 2021 du M23, une ancienne rébellion tutsi qui a repris les armes en reprochant à la RDC de ne pas avoir respecté des accords sur la démobilisation de ses combattants.

Kinshasa accuse Kigali de soutenir cette rébellion, ce que le Rwanda conteste en accusant en retour la RDC de collusion avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un mouvement rebelle hutu implanté au Congo.

"Le FDLR, c'est un alibi pour le Rwanda", a dit le général Ekenge, en estimant que ce mouvement rebelle ne représente plus un danger pour le pouvoir de Kigali.

"La guerre que nous impose le président Paul Kagame est une guerre purement de survie du Rwanda", car "lorsque l'insécurité s'installe au Nord-Kivu lui, il (Kagame) tire des dividendes avec ses usines" de minerais, a encore dit le général congolais.

Après plusieurs semaines d'accalmie, le M23 est à l'offensive depuis le 20 octobre et a gagné du terrain tandis que les Forces armées congolaises (FARDC) tentent de lui barrer la route vers Goma, ville de plus d'un million d'habitants et chef-lieu de la province du Nord-Kivu.

Ce regain des tensions entre les deux pays des Grands Lacs inquiète la communauté internationale qui a appelé à l'arrêt immédiat des combats et au retrait du M23 des zones occupées.

Samedi, les ministres des Affaires étrangères de RDC et du Rwanda sont arrivés à la présidence angolaise pour une nouvelle médiation.

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