Partager:
Les autorités brésiliennes poursuivent la recherche des organisateurs de l'assaut de bâtiments officiels dimanche à Brasilia, après le lancement de mandats d'arrêt contre deux anciens responsables, dont un proche allié de l'ex-président Jair Bolsonaro.
Anderson Torres, ancien ministre de la Justice du leader d'extrême droite, fait l'objet d'un mandat d'arrêt émis mardi par un juge de la Cour suprême pour collusion présumée avec les émeutes en tant que secrétaire à la sécurité de la capitale, poste dont il a été démis après les événements.
"Il faut combattre avec fermeté le terrorisme, ces putschistes qui veulent instaurer un régime d'exception", a déclaré mardi à Brasilia le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes.
Il a également lancé un mandat contre Fabio Augusto, le commandant de la police militaire à Brasilia, démis de ses fonctions après les violences. Selon des médias, ce dernier serait déjà en détention.
Le juge Moraes avait destitué dès dimanche le gouverneur du district de Brasilia, Ibaneis Rocha, qui avait présenté ses excuses au président Lula pour "les failles" de la sécurité.
M. Torres se trouvait aux Etats-Unis dimanche, comme l'ex-président qui avait quitté le Brésil deux jours avant l'investiture de Lula, se refusant à lui remettre l'écharpe présidentielle.
Niant "toute collusion avec la barbarie", M. Torres a déclaré mardi sur Twitter qu'il allait rentrer au Brésil afin de "se présenter à la justice" et s'occuper de sa défense.
Jair Bolsonaro a quitté mardi l'hôpital de Floride où il était soigné pour des douleurs intestinales, et est retourné chez un ancien spécialiste des arts martiaux qui l'héberge au sud d'Orlando a constaté un photographe de l'AFP.
La police brésilienne a par ailleurs libéré mardi près de 600 personnes arrêtées pendant l'assaut de bâtiments officiels à Brasilia, et la justice s'apprête à lancer des poursuites contre ceux qui ont organisé et financé l'insurrection.
Des quelque 1.500 partisans de Bolsonaro interpellés après les incidents de dimanche, 527 suspects ont été incarcérés, ont annoncé les autorités.
Ces bolsonaristes refusent de reconnaître l'élection du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, investi le 1er janvier.
Mardi, des individus qui avaient été confinés dans un gymnase de l'Académie nationale de Police fédérale ont été amenés par autocars vers une gare routière d'où ils ont pu rentrer chez eux, ont constaté des journalistes de l'AFP.
- "une autre bataille" -
La Police fédérale a annoncé dans un communiqué que 599 personnes avaient été libérées "pour des raisons humanitaires", notamment en raison de leur âge, de leur état de santé ou parce qu'elles étaient accompagnées d'enfants en bas âge.
Tous les autocars sortant de l'académie de la police n'allaient pas à la gare routière. Certains ont acheminé des personnes interpellées vers un commissariat, pour qu'elles soient ensuite transférées au complexe pénitentiaire de Papuda.
"L'école de formation de la police fédérale a été transformée en camp de concentration nazi. C'est humiliant de voir comment des gens bien comme nous ont été traités", a affirmé un des bolsonaristes libérés, Agostinho Ribeiro, qui attribue les déprédations à des militants de gauche "infiltrés". "Maintenant nous allons nous reposer et nous préparer pour une autre bataille car s'ils pensent nous intimider, ils se trompent lourdement", a-t-il affirmé.
L'invasion du Palais présidentiel, du Congrès et de la Cour suprême à Brasilia, qui a rappelé l'assaut du Capitole à Washington il y a deux ans, a causé des dégâts matériels considérables.
- Rester ferme -
"La démocratie brésilienne reste ferme", a tweeté mardi Lula, qui considère ce qui s'est passé dans la capitale comme "des actes terroristes". "Nous allons sortir le pays de la haine et de la désunion", a-t-il écrit dans un autre message.
Plus tôt mardi, le ministre de la Justice Flavio Dino a indiqué qu'environ 50 nouveaux mandats d'arrêts seraient délivrés prochainement.
"Certains viseront des personnes qui ont pris part au saccage des lieux de pouvoir et n'ont pas été arrêtées en flagrant délit. D'autres viseront des personnes qui ne se trouvaient pas à Brasilia (...), mais sont soupçonnées d'être impliquées dans l'organisation ou le financement" des émeutes, a expliqué le ministre lors d'un entretien à la chaîne Globonews.
Des influenceurs ont créé un compte sur Instagram permettant aux internautes de dénoncer des usagers ayant publié des selfies pendant les émeutes. Ce compte était suivi par plus d’un million d'abonnés mardi en fin de journée.
Le président du Sénat, Rodrigo Pacheco, s'est pour sa part montré favorable à l'ouverture d'une Commission d'enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur "les violations de l'Etat de droit" qu'ont représenté les émeutes à Brasilia.