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"Dégager du temps de médecin", "retrouver une échelle humaine": Emmanuel Macron a annoncé vendredi une réorganisation de l'hôpital ainsi qu'une série de mesures pour faciliter l'accès des patients à un généraliste et "sortir de ce jour de crise sans fin" dans le système de santé français.
Deux constats s'imposent: "l'inquiétude de beaucoup de nos compatriotes" qui peinent à trouver un généraliste; et "l'épuisement, ce sentiment parfois de perte de sens" qui gagne les personnels de santé, a concédé le chef de l’État en présentant, pour la première fois depuis sa première élection en 2017, des vœux spécifiques aux soignants.
Le système est "à bout de souffle" de l'aveu même du gouvernement avec des urgences débordées et un manque criant de personnels, sur fond de triple épidémie hivernale de Covid-19, grippe et bronchiolite.
Devant des soignants réunis au Centre hospitalier Sud Francilien (CHSF) de Corbeil-Essonnes, en banlieue parisienne, il a assuré vouloir "aller beaucoup plus vite, beaucoup plus fort et prendre des décisions radicales".
Mais il n'existe pas de "recette miracle", a-t-il aussi souligné, même si le numerus clausus qui plafonnait le nombre d'étudiants en médecine a été supprimé durant son premier quinquennat.
"On va vivre dans les années qui viennent dans une situation qui va plutôt se dégrader en terme d’offre" car "on ne forme pas des médecins en un ou deux ans", a-t-il averti.
"Et donc notre défi collectif c’est à court terme de dégager du temps de médecin, de soignant face au patient", a-t-il dit.
Côté médecine de ville, en pleine grève de généralistes pour une augmentation du prix de la consultation, il a ainsi proposé de "mieux rémunérer" ces derniers quand ils "assurent la permanence des soins", notamment des gardes, et "prennent en charge des nouveaux patients".
- "Garder les soignants" -
Les 600.000 patients souffrant d'une maladie chronique et ne disposant pas, à l'heure actuelle, d'un médecin traitant s'en verront proposer un "avant la fin de l'année", a-t-il également annoncé.
Emmanuel Macron a aussi promis d'"accélérer le recrutement des assistants médicaux", qui peuvent réaliser des actes simples et des tâches administratives pour alléger la charge des médecins, pour en porter le nombre de "près de 4.000" actuellement à "10.000 d'ici la fin de" 2024.
Il a demandé que soient identifiées "d'ici au 1er mars" toutes les possibilités de délégations de tâches des médecins vers les paramédicaux et les pharmaciens.
Le chef de l'Etat a aussi plaidé pour la libéralisation de la "télé-expertise". Actuellement, un médecin ne peut réaliser, sur une année civile, plus de 20% de son volume d'activité à distance.
Il a par ailleurs invité à une réorganisation du travail à l'hôpital "d'ici au 1er juin" pour le rendre plus attractif.
"On doit ensemble travailler à une meilleure organisation du temps de travail", a-t-il développé, déplorant une "hyper-rigidité" dans l'application des 35 heures et un système qui "ne marche qu'avec des heures supplémentaires".
- "C'est très dur" -
Pour remettre les soignants davantage aux manettes, il a expliqué qu'un "tandem administratif et médical", "sur la base d'un projet", serait instauré à la tête de chaque hôpital.
Par ailleurs, il a annoncé la "sortie de la tarification à l'acte" à l'hôpital dès le prochain budget de la Sécurité sociale, au profit d'un financement sur "objectifs de santé publique".
Plutôt bien reçues par la Fédération hospitalière de France (FHF, hôpitaux publics) et même l'intersyndicale des praticiens hospitaliers APH, ces annonces ont en revanche été très fraîchement accueillies par les organisations de médecins libéraux, qui ont vu "peu de moyens" concrets pour prendre davantage de gardes et de patients.
En arrivant dans cet hôpital de l'Essonne, frappé en août par une cyberattaque, Emmanuel Macron, accompagné du ministre de la Santé, a pu prendre le pouls en direct de l'état du système de soins lors d'un échange avec les équipes pédiatriques du CHSF.
"On veut vous témoigner de notre fatigue", "la rémunération n'est certainement pas à la hauteur des efforts accomplis", ont enchaîné infirmières, sage-femmes et brancardiers.
Après la grève des généralistes, la grogne continue de monter. FO, deuxième syndicat de la fonction publique hospitalière, a appelé à une grève illimitée à partir du 10 janvier, de même que l'Unsa qui se projette déjà dans la bataille contre la réforme des retraites.
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