En cas de séisme, ou d'importants accidents provoquant des ensevelissements, les experts s'accordent pour affirmer que les premières 72h sont cruciales pour sauver des victimes sous les décombres. En Turquie et en Syrie, ce délai est largement dépassé. Pourtant, même plus de 10 jours après les tremblements de terre dévastateurs qui ont frappé la région (le 6 février 2023), des survivants sont encore extraits des décombres.
Des miracles, des histoires incroyables, quand les chances de survie sont extrêmement infimes. Après 5 jours sous les décombres, le taux de survie ne dépasse pas les 6%, selon le chercheur britannique Steven Godby, expert en risques naturels. À ce stade, la catastrophe a fait plus de 40.000 morts.
Avant l'effondrement : l'instinct de survie
Avec ce genre d'événements, il est difficile d'anticiper, évidemment. Le délai entre un tremblement de terre et l'effondrement d'un bâtiment est si infime qu'il ne permet pas systématiquement de se mettre à l'abri. Cela dit, c'est le premier réflexe qui peut sauver des vies : l'endroit où l'on se trouve avant l'effondrement. Certains pays très sujets aux tremblements de terre ou autres catastrophes naturelles organisent des exercices pour apprendre aux habitants à se mettre à l'abri.
Dans ces cas-là, les conseils donnés sont de "se jeter, se couvrir et se maintenir", selon un article du média britannique BBC. Il est conseillé aux gens de se protéger sous une table, par exemple, de se jeter sur le sol, et d'attendre que les secousses s'arrêtent. Autre exemple : en cas de tempête, se cacher dans sa baignoire, avec son matelas au-dessus de soi, pour se protéger au maximum.
En Turquie et en Syrie, la population a été surprise par le tremblement de terre, en plein sommeil, ce qui rend cet élément de protection plus difficile à établir.
L'eau, l'oxygène, la nourriture : les essentiels
Si le lieu dans lequel vous vous trouvez est si important, c'est parce qu'il va déterminer votre temps de survie après un effondrement. C'est ce qu'on appelle la "poche de survie". Cette poche devra vous apporter en priorité de l'air, de l'oxygène, et puis de la nourriture. En théorie, le corps humain est capable de tenir 3 jours sans boire, et plusieurs dizaines de jours sans manger. En revanche, il n'est possible, toujours en théorie, de survivre qu'à 3 minutes sans oxygène.
Bref, ces trois éléments vitaux sont essentiels à la survie à plus long terme, une fois le cap des 72h passé. L'être humain perd en moyenne 1,2 litre d'eau par jour, en transpirant par exemple. Il faut donc ravitailler son corps avec une source d'hydratation, comme la pluie qui ruisselle dans les décombres, dans de nombreux cas.
Cela dit, le corps se met en mode "survie", dans des conditions extrêmes, une sorte d'hibernation qui permet de dépenser moins d'énergie, et de ralentir le rythme habituel. Cette réduction des besoins énergétiques permet de survivre plus longtemps. À l'inverse, si une victime est en panique, en hyperventilation, elle risque de consommer plus d'énergie.
Le facteur mental
C'est là qu'entre en jeu le facteur le plus subjectif de la survie : la force mentale des victimes. En effet, lorsque les jours passent, que vos appels à l'aide ne semblent pas entendus, que vous souffrez, vous sentez seul, et buvez de l'eau de pluie, il est difficile de garder l'esprit positif et calme en attendant les secours.
Les experts conseillent de rester focalisé sur la survie, et d'essayer le plus possible de mettre sa peur de côté pour ne pas succomber à la panique. Cet exercice demande une très grande maîtrise de soi-même, évidemment.
D'autres paramètres cruciaux
Rares sont ceux qui s'en sortent sans blessure après un effondrement. En effet, ce type de catastrophe cause une variété de traumatismes allant de l'écrasement à l'hémorragie, en passant par le trauma crânien. La survie des habitants va donc d'abord dépendre de leur niveau de blessure. Les conditions climatiques sont également essentielles, la chaleur extrême ou le froid compliquent la survie.
Enfin, la survie sous les décombres ne garantit pas la survie à l'hôpital. Une fois l'adrénaline redescendue, certaines blessures se réveillent. Le syndrome d'écrasement est aussi un énorme risque pour la santé des survivants : ce syndrome survient après une "compression appuyée et prolongée pendant plus de deux heures", selon le site de l'Académie de Médecine française. Une fois la victime libérée, une toxine se répand dans le corps. Les parties du corps écrasées présentent d'importants œdèmes, et l'état de la victime se déteriore fortement quelques heures après son sauvetage.
