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Oxfam enquête sur 26 nouveaux cas de comportements sexuels inappropriés

La parole semble se libérer depuis la révélation d'abus commis par des membres d'Oxfam déployés en Haïti après le séisme meurtrier de 2010: l'ONG britannique a indiqué mardi enquêter sur 26 nouveaux cas de comportements sexuels inappropriés.

Seize de ces cas concernent les programmes internationaux d'Oxfam, confédération d'une vingtaine d'organisations humanitaires qui emploie 10.000 personnes à travers le monde et plusieurs dizaines de milliers de volontaires.

Ces cas se rapportent à "des événements récents comme à d'autres historiquement plus anciens", a précisé devant les membres d'une commission parlementaire britannique le directeur général d'Oxfam, Mark Goldring.

"Nous voulons vraiment que les gens se manifestent", a-t-il dit, indiquant que des enquêtes pourraient de nouveau être menées sur certaines affaires anciennes.

Ces derniers jours, d'autres révélations avaient déjà émergé. Plusieurs employés d'Oxfam sont ainsi accusés de viols au cours de missions humanitaires au Soudan du Sud et d'abus sexuels au Liberia.

Oxfam enquête aussi sur des accusations d'abus sexuels aux Philippines après le passage d'un typhon destructeur en 2013. La directrice régionale en Asie, Lan Mercado, a expliqué avoir connaissance de plaintes dans ce pays ainsi qu'au Bangladesh et au Népal sur la période 2009-2013, tout en affirmant que leur ampleur n'était "pas comparable" avec Haïti.

L'an dernier, "87 rapports d'incidents" ont été remontés au sein de l'ONG au Royaume-Uni et à l'étranger, 35 étant communiqués à la commission caritative, l'institution britannique qui contrôle les organisations humanitaires. Ces 87 cas vont d'affaires "mineures à très graves", selon M. Goldring. Il s'est excusé "pour les dommages qu'Oxfam a causés".

- 7.000 donateurs en moins -

L'ONG a remis au gouvernement haïtien l'enquête interne réalisée en 2011 au sujet de la mission humanitaire en Haïti.

Un responsable y reconnaît avoir payé des prostituées, d'autres employés sont accusés de harcèlement et d'intimidation, et un témoin a été menacé physiquement.

Une jeune Haïtienne a raconté au quotidien The Times avoir eu une relation avec l'ancien directeur d'Oxfam en Haïti, Roland Van Hauwermeiren, alors qu'elle avait 16 ans et lui 61. Il lui aurait donné de l'argent et des couches pour son nouveau-né. Selon elle, il invitait parfois dans sa maison des femmes venues demander un emploi et leur donnait parfois de l'argent.

M. Van Hauwermeiren a démenti la semaine dernière avoir organisé des orgies avec de jeunes prostituées. Il a dit avoir eu des rapports sexuels avec une "femme honorable et d'âge mûr" et maintenu qu'il ne lui avait pas versé d'argent.

Sept employés d'Oxfam en Haïti avaient quitté l'ONG dans le cadre de l'enquête interne.

Quatre ont été licenciés pour "faute grave" tandis que trois ont démissionné, dont Roland Van Hauwermeiren auquel il a été proposé un "départ digne, à condition qu'il coopère pleinement avec le reste de l'enquête".

Celui-ci avait poursuivi ensuite sa carrière dans l'humanitaire, devenant chef de mission pour Action contre la faim au Bangladesh de 2012 à 2014. Oxfam n'avait pas communiqué à ACF les raisons de sa démission.

"Nous aurions dû être plus proactifs", a reconnu M. Goldring. "Nous aurions dû dire 'S'il vous plaît appelez-nous - il y a lieu de s'inquiéter'".

Conséquence du scandale éclaboussant Oxfam, environ 7.000 donateurs réguliers ont interrompu leurs versements ces dix derniers jours et certaines entreprises s'interrogent sur leur soutien à l'ONG, selon le directeur général.

Pour contrer les critiques, Oxfam a annoncé une série de mesures dont la création d'une commission "indépendante" qui passera en revue la culture et les pratiques de l'ONG.

Le scandale s'est aussi étendu à d'autres organisations humanitaires, dont Save the Children. L'ONG britannique est accusée d'avoir laissé partir sans sanction Brendan Cox, le mari de la députée assassinée Jo Cox, alors qu'il lui était reproché un comportement sexuel inapproprié envers des collègues féminines.

Interrogé par la commission parlementaire, le directeur général de Save the children, Kevin Watkins, a expliqué que l'ONG avait produit par le passé deux rapports mettant en garde contre la propension "de prédateurs masculins" à s'engager dans l'humanitaire pour commettre des abus.

Selon lui, rien qu'en 2016 l'ONG a identifié "193 cas" problématiques concernant des enfants, ayant conduit à une vingtaine d'enquêtes policières et onze licenciements.

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