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La Chine a fermement dénoncé mercredi la nomination par le Parlement européen de l'intellectuel et militant ouïghour emprisonné Ilham Tohti pour le prix Sakharov des droits de l'homme, accusant l'institution de "soutenir le terrorisme".
Ancien professeur d'université à Pékin, M. Tohti a été condamné en 2014 par la justice chinoise à la prison à vie pour séparatisme, lors d'un procès qui avait suscité une levée de boucliers à l'étranger.
Il est membre de l'ethnie musulmane ouïghoure, majoritaire au Xinjiang (nord-ouest de la Chine), une vaste région frappée pendant des années par des attentats mais désormais soumise à un contrôle policier drastique.
"Dans sa classe, il a publiquement loué en héros des extrémistes ayant commis des actes terroristes", a dénoncé mercredi lors d'un point presse Geng Shuang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
"Il a également utilisé son identité d'enseignant pour pousser ou forcer certaines personnes à participer aux activités du Mouvement islamique du Turkestan oriental (Etim) à l'étranger."
L'Etim est un groupe islamiste radical qui milite pour l'indépendance du Xinjiang. Il est largement considéré à l'international comme une organisation terroriste.
"Nous exigeons que (le Parlement européen) fasse une distinction claire entre le bien et le mal, retire sa nomination et cesse de soutenir le séparatisme et le terrorisme", a déclaré M. Geng.
Ilham Tohti avait déjà obtenu fin septembre le prix des droits de l'Homme Václav-Havel, décerné cette fois par le Conseil de l'Europe.
Cette initiative a été fermement condamnée mardi par le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué transmis à l'AFP.
"En brandissant le prétexte des droits de l'Homme et de la liberté, (le Conseil de l'Europe) blanchit un séparatiste qui soutient la violence et le terrorisme", a dénoncé la diplomatie chinoise.
"Cela profane et ridiculise les notions d'État de droit et de droits de l'Homme."
Le prix Sakharov, créé en 1988, est décerné chaque année à des personnes ayant apporté "une contribution exceptionnelle à la lutte pour les droits de l'Homme dans le monde".
Parmi les autres personnalités nommées figurent le chef indien Raoni, figure de la lutte contre la déforestation en Amazonie, et cinq étudiantes kényanes qui ont développé une application pour aider à lutter contre l'excision.
Le lauréat 2019 sera annoncé le 24 octobre.