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Rachid Benomari avait avoué des meurtres en Somalie avec une milice islamiste: il ne sera pas jugé car les enquêteurs n'ont rien trouvé

C'est une info découverte par nos journalistes RTL INFO. Le terroriste français Rachid Benomari avait avoué avoir participé à une trentaine de meurtres en Somalie. La justice belge a enquêté mais n'a finalement trouvé aucune preuve. Actuellement incarcéré à Ittre, l'homme ne sera donc pas jugé pour ces faits. Car aujourd'hui, les aveux d'un suspects ne suffisent plus à établir sa culpabilité.

En 2014, Rachid Benomari est jugé par le tribunal correctionnel de Bruxelles. Il est condamné pour avoir organisé une filière de recrutement en Belgique afin de prendre part à des combats en Somalie avec le groupe islamiste Al-Shabab.

Durant le procès, il avoue avoir participé là-bas aux meurtres d’une trentaine de personnes lors d’embuscades. Suite à ses affirmations, la justice belge a ouvert une nouvelle enquête.

"Pour mettre en place le contexte de l'organisation terroriste, à ce moment-là on a ouvert une enquête séparée pour vérifier si effectivement il y avait eu des meurtres. Et si tous ces meurtres étaient effectivement imputables à monsieur Benomari", explique aujourd'hui Hamid El Abouti, avocat de Rachid Benomari.


Les éléments découverts par les enquêteurs ne collent pas

Deux juges d’instruction et des enquêteurs se sont notamment rendus au Kenya, pays voisin de la Somalie, pour tenter de corroborer ces aveux. Si certains officiels évoquent alors une embuscade qui pourrait correspondre aux faits, les éléments ne collent pas. Conséquence: la justice belge vient d'établir un non-lieu et abandonne les poursuites.

"Ils ont auditionné des colonels, etc. Ils ont fait des devoirs d'investigation. Ils se sont rendu compte à la fin que du point de vue de la localisation des faits, du point de vue de l'existence même des faits, on ne peut pas aujourd'hui établir que ces meurtres ont eu lieu. Et on ne peut surtout pas établir qu'ils ont été commis par monsieur Benomari dans le cadre d'une organisation terroriste", confie l'avocat Hamid El Abouti.

Pour que des aveux puissent être pris en compte en tant que preuve, ils doivent être corroborés

Considéré dans le passé comme la reine des preuves, les aveux ne sont plus suffisants pour établir une culpabilité dans un dossier judiciaire. "Aujourd'hui, on estime que pour que des aveux puissent être pris en compte en tant que preuve, ils doivent être corroborés par d'autres éléments. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle on a le droit de retirer ses aveux tout au long de l'enquête. Car ce n'est pas considéré comme une preuve en tant que tel", précise Ofelia Avagiam, avocate pénaliste.

Incarcéré à la prison d’Ittre, Rachid Benomari purge sa peine de 18 ans dans l’aile des radicalisés.

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