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Après une réunion hier, les responsables politiques se retrouveront à nouveau aujourd'hui avec les experts scientifiques pour aborder le retour à l'école des enfants d'autres années que les 1es, 2es, 6es primaires et 6es secondaires. Il est donc notamment question de l'enseignement maternel et des autres années primaires. Mais ce retour se heurte à un obstacle: les mesures très strictes mises en place dans les écoles sont gourmandes en espace. Dès lors, il est compliqué d'accueillir plus d'élèves qu'actuellement. Il va falloir par conséquent assouplir les mesures. Pour les enfants du maternel, de toute façon, "les experts reconnaissent eux-mêmes que la distanciation est impossible", a déclaré le ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Pierre-Yves Jeholet, ce matin sur Bel RTL. "Pour les enfants, le risque sanitaire d'aller à l'école est beaucoup plus faible que le risque psychologique, social, humain et affectif de ne pas y retourner", a encore dit Pierre-Yves Jeholet, relayant l'avis des pédiatres.
Pierre-Yves Jeholet espère une décision pour TOUS LES ÉLÈVES, sur base des recommandations des experts, et un message clair à l'adresse des parents et enseignants dès ce soir. Celui-ci a encore ajouté que la pression pour un retour de davantage d'élèves à l'école venait de Flandre.
Selon le ministre-président, toutes les parties autour de la table sont en accord sur le dossier de l'enseignement maternelle. Les discussions portent surtout autour des règles de distanciation sociale pour l'enseignement primaire.
Comment fonctionne l'école aujourd'hui?
Actuellement, les salles de classe doivent prévoir au moins 4 mètres carrés par élève en primaire, ce qui s'avère compliqué à respecter dans certaines écoles, et ce qui limite grandement le nombre d'enfants pouvant s'y rendre (souvent quelques demi-classes de 6e et 1e primaire, par exemple).
Si cette mesure saute, ça signifie que tous les élèves pourraient finalement rentrer à l'école d'ici une ou deux semaines... Rien n'a été acté pour l'instant, mais c'est le souhait du ministre flamand de l'enseignement, et il faudrait donc trouver une solution avec la Ministre Désir, de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Des discussions seraient en cours, et une décision pourrait tomber dans les prochains jours.
"Il faut alléger ces mesures"
Dans le RTL info 13h ce mardi, une professeur confirme que les enfants ne risquent pratiquement rien, et qu'il est peu probable qu'ils ramènent la maladie à la maison. "Ce qu'on ne savait pas quand on a fermé les écoles, c'est qu'ils sont très peu symptomatiques, donc ils ne développent pas de maladie grave (quand ils attrapent le coronavirus). On sait aussi qu'ils sont très peu transmetteurs, et qu'ils se font en général contaminer par les adultes. Donc effectivement, il n'y a pas de raison d'interdire aux enfants de jouer ensemble et de leur imposer des mesures très strictes. Par exemple, des classes avec des enfants séparés de 4 mètres et avec des masques toute la journée, ça n'a aucun sens", a expliqué Frédérique Jacobs, cheffe du service 'maladies infectieuses' de l'hôpital Erasme.
Elle poursuit: "Je pense qu'il va falloir discuter avec la Task Force pédiatrique et nos experts scientifiques pour vraiment alléger ces mesures. Il faudra prendre des précautions, ces enfants vont peut-être davantage (se) contaminer, car un risque faible ne veut pas dire 'pas de risque du tout'. Mais le risque sera surtout quand ils rentreront dans leur famille et qu'ils seront en contact avec des gens plus âgés ou porteurs de maladies sous-jacentes, plus fragiles".
Pour Yves Van Laethem, la mesure des 4 mètres carrés "n'est pas un diktat scientifique"
Le docteur Yves Van Laethem, infectiologue et porte-parole interfédéral de la lutte contre le coronavirus, disait lui aussi ce matin sur BEL RTL qu'un retour massif à l'école devait "être discuté". Il rappelait d'ailleurs que "le point final" de ces discussions pour une remise à l'école de tous les élèves, c'était finalement une question: "Que va-t-il se passer en septembre ? Car on ne va pas reconstruire de nouvelles écoles et le virus sera encore là !". La question est donc : "Faut-il qu'on fasse dès maintenant ce qu'on sera probablement obligé de faire en septembre ?"
Abolir une mesure si rapidement, ça semble étonnant. Mais son origine n'est pas médicale. "Elle est avant tout pragmatique: on avait pris à peu près la moitié de ce qu'on recommande pour les bureaux par exemple (8 ou 10 mètres carrés), et ce qui semblait faisable pour qu'au moins quelques enfants puissent rentrer à l'école". Les 4 mètres carrés par élève "ne viennent donc pas d'un diktat scientifique".