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Sur la route des Jeux: Mathilde Lamolle, "ça reste les JO et j'y étais"

A 24 ans, Mathilde Lamolle a déjà participé deux fois aux Jeux olympiques et est entrée en finale du tir au pistolet à 10m lors des récents Jeux de Tokyo.

Jusqu'aux JO de Paris, la championne d'Europe et multiple championne de France raconte son parcours à l'AFP. Dans ce cinquième épisode, elle raconte les Jeux du Covid, les tests PCR qui font "psychoter" et la frustration de rentrer sans médaille.

"Forcément, les conditions étaient spéciales. Avec le Covid et tous ces tests PCR, deux mois avant de partir, j'ai commencé à psychoter et à me dire que je n'avais pas le droit de tomber malade. En plus, on avait l'impression que tout pouvait être annulé au dernier moment. Ca a été comme ça jusqu'au premier soir, dans mon lit au village. Là je me suis dit +ça y est, c'est maintenant+. Malgré les conditions particulières, c'était quand même génial d'y être. Ca reste les JO et j'y étais.

Ce qui est dommage c'est qu'il n'y avait pas de lieu où on pouvait se retrouver ne serait-ce qu'entre Français. Au tir on n'était pas nombreux, donc on était souvent ensemble. Mais il y a eu très peu d'échanges avec les autres sportifs. C'était un peu comme un championnat du monde, où les seuls contacts qu'on a, c'est avec les gens de notre discipline, au pas de tir. La salle de sport était quand même sympa. C'était particulier, avec le masque, des plexis partout autour des appareils de cardio. Mais c'était au moins un endroit où on pouvait observer les autres athlètes, se sentir avec eux et sur des JO plus que sur des Mondiaux."

- Bonne surprise -

"On n'est arrivés que cinq jours avant les épreuves et il y avait très peu de créneaux d'entraînement. On avait droit à 20 ou 30 minutes. Avec une heure de route aller, une heure retour... Comparé à l'entraînement classique qui dure au moins trois heures, deux créneaux d'une demi-heure précision et vitesse, ça fait juste. On a dû s'adapter.

A 10m, ça se passe plutôt bien (7e et finaliste, NDLR). L'objectif était d'entrer en finale. Ca a été une bonne surprise avec tout ce qui s'est passé, notamment le fait que ma fédération ne voulait pas m'y envoyer estimant que je n'avais pas le niveau... En début de finale, je n'ai pas très bien géré. J'ai voulu trop bien faire. Il y avait quand même un très gros niveau, donc je suis satisfaite, même sans la médaille au bout."

- "Pleuré trois heures" -

"Trois jours après c'est le 25m. Je fais une très mauvaise précision, notamment les 15 premiers coups. Je perds neuf points et c'est beaucoup. Les 15 derniers sont mieux tirés. A la vitesse le lendemain, rien n'était fini et je me suis accrochée jusqu'au bout. Je tire plutôt bien mais il manque quand même deux points. A 25m j'étais attendue, j'étais une des favorites avec mon titre de championne d'Europe. Il ne manque pas grand chose pour rentrer en finale où je sais que j'aurais pu faire quelque chose de bien. L'impression est mitigée, ça n'est pas ce que j'espérais mais ça reste un bon résultat, un tir correct, qui a manqué d'un peu de réussite, un peu de compétition.

J'étais quand même très déçue sur le coup, je pense que j'ai pleuré pendant trois heures. C'était une grosse frustration plus que de la déception. Je savais que je pouvais faire mieux. Au bout du compte, je fais une belle saison, championne d'Europe, médaillée en Coupe du monde et une finale et une 12e place aux Jeux. C'est la meilleure saison de ma carrière mais j'ai eu des médailles sur toutes les compétitions sauf aux Jeux... Donc c'est frustrant mais ça confirme que j'ai fait énormément de progrès depuis Rio et que je suis sur la bonne voie."

Propos recueillis par Stanislas TOUCHOT

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