Accueil Actu

Syrie: la campagne contre la Ghouta orientale

L'armée syrienne a lancé le 18 février une offensive meurtrière pour reconquérir l'enclave rebelle dans la Ghouta orientale, qui constitué le dernier fief des insurgés antirégime près de Damas.

Les raids aériens et les tirs d'artillerie ont tué plus de 650 civils dans cette enclave où sont assiégés quelque 400.000 habitants depuis 2013.

- Mort et désolation -

Le 18 février, les forces du régime tirent plus de 260 roquettes et l'aviation mène des raids intensifs sur plusieurs localités rebelles de la Ghouta orientale.

L'armée a renforcé ses positions autour de l'enclave en prévision d'une offensive terrestre, indique l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Le lendemain, l'armée syrienne tue 127 civils en pilonnant cette région, le bilan le plus lourd sur une journée dans l'enclave depuis 2013.

- Hôpitaux bombardés -

Le 20, selon l'OSDH, l'aviation russe bombarde le fief rebelle dans la Ghouta orientale pour la première fois depuis trois mois, touchant un hôpital à Arbine, désormais hors service. Six autres hôpitaux ont été visés par des bombardements en 48 heures, dont trois sont désormais hors service, selon l'ONU.

Des centaines de blessés affluent dans des hôpitaux de fortune. Ils sont soignés à même le sol.

Le 21, outre des bombes, les avions larguent des barils d'explosifs, une arme qui tue de manière aveugle et dont l'utilisation est dénoncée par l'ONU et des ONG.

Le Kremlin dément l'implication de la Russie.

Pour le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, la Ghouta orientale est devenue "l'enfer sur Terre".

- L'ONU réclame un cessez-le-feu -

Le 22, le représentant syrien à l'ONU Bachar Jaafari réitère la détermination du régime à reconquérir l'ensemble du territoire. "Oui, la Ghouta orientale deviendra un nouvel Alep".

Donald Trump juge que l'attitude de la Russie et de l'Iran, alliés du régime, est "une honte".

Le 24, le Conseil de sécurité de l'ONU adopte à l'unanimité une résolution réclamant "sans délai" un cessez-le-feu humanitaire d'un mois, après quinze jours d'atermoiements, notamment de la part de Moscou.

Mais le lendemain, les forces prorégime engagent de violents affrontements avec les insurgés, tout en menant des frappes aériennes et des tirs d'artillerie, selon l'OSDH.

Quatorze cas de suffocation, dont celui d'un enfant décédé, sont rapportés après un bombardement du régime, indique l'OSDH. Un médecin évoque une "probable attaque au gaz de chlore". La Russie dénonce une "provocation".

- Poutine ordonne une trêve, aussitôt violée -

Le 26, Vladimir Poutine ordonne l'instauration d'une "trêve humanitaire quotidienne" à partir du 27 de 09H00 à 14H00 notamment dans la partie rebelle de la Ghouta orientale. Des "couloirs humanitaires" seront mis en place pour l'évacuation des civils, selon Moscou.

Mais dès le lendemain, l'aviation et l'artillerie du régime bombardent de nouveau l'enclave. L'armée russe accuse les rebelles d'avoir ouvert le feu sur le couloir humanitaire.

Le 28, après une nuit marquée par des affrontements intenses, l'aviation du régime bombarde plusieurs localités.

L'ONU indique qu'une quarantaine de camions chargés d'aide humanitaire sont prêts à se rendre dans la Ghouta orientale. Mais malgré la baisse des tirs, le couloir humanitaire reste vide.

- Le régime progresse -

Le 1er mars, les bombardements du régime reprennent à la fin de la pause et les affrontements se poursuivent.

Le 2 mars, des frappes visent de nouveau le fief rebelle, selon l'OSDH. Des combats au sol permettent au régime de reprendre deux localités.

La chancelière allemande et le président américain estiment que le régime va devoir "rendre des comptes". "La France et les Etats-Unis ne tolèreront pas l'impunité" en cas "d'utilisation avérée" d'armes chimiques, affirme la présidence française.

Un débat "urgent" s'engage au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU mais le vote sur une résolution proposée par la Grande-Bretagne est repoussé, plusieurs dizaines de représentants ayant souhaité s'exprimer.

Le 4, l'OSDH annonce que le régime a repris plus d'un quart de l'enclave rebelle, à la faveur de l'intensification des combats au sol depuis plusieurs jours et sur plusieurs fronts.

Londres et Washington jugent Damas et Moscou responsables "de la souffrance humaine déchirante". Le président français Emmanuel Macron demande à l'Iran de faire "pression" sur Damas pour arrêter les attaques.

L'ONU annonce un convoi humanitaire de 46 camions pour lundi.

À lire aussi

Sélectionné pour vous