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Une Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT) a été inaugurée jeudi en Côte d'Ivoire afin d'aider au combat contre les jihadistes qui intensifient leurs actions sanglantes au Sahel voisin.
Le Premier ministre ivoirien Patrick Achi et son ministre de la Défense, Téné Birahima Ouattara, aux côtés du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, ont inauguré l'AILCT construite à Jacqueville, près d'Abidjan, sur une superficie de 1.100 hectares de cocoteraies.
Trois bâtiments permettent d'accueillir "trois stages de formation de 25 stagiaires" qui participent à des entraînements des forces spéciales et sont formés à faire face à la menace "terroriste".
"L'AILCT doit devenir un pôle d'expertise et de compétence régionales de la lutte contre le terrorisme au bénéfice de la stabilité de nos Etats et de la sécurité de nos populations", a déclaré M. Ouattara.
Selon Patrick Achi, "l'AILCT sera l'avant-garde de la riposte d'une Afrique de l'Ouest libre et consciente, spécialement entrainée et irrémédiablement déterminée" à lutter contre les jihadistes.
La France joue un rôle moteur dans la lutte contre les groupes jihadistes par la présence de 5.100 militaires de l'opération Barkhane dans plusieurs pays du Sahel, dont le président Emmanuel Macron a annoncé jeudi la fin "en tant qu'opération extérieure" et la mise en oeuvre "d'une alliance internationale associant les États de la région".
Outre le Sahel, les groupes jihadistes frappent à intervalles réguliers dans les pays du Golfe de Guinée depuis plusieurs années, notamment la Côte d'Ivoire.
L'inauguration de l'AICLT est intervenue après une attaque lundi soir dans le nord de ce pays frontalier du Burkina Faso, au cours de laquelle un soldat ivoirien a été tué, la troisième en un peu plus de deux mois dans cette région.
"Le Nord de la Côte d'Ivoire frontalier avec le Burkina Faso commence à être sous l'emprise des groupes jihadistes. Cette région constitue un enjeu important de sécurité pour l'Etat ivoirien", a affirmé à l'AFP l'expert antiterroriste ivoirien Lassina Diarra, en notant que "depuis quelques mois, des personnes, certes ultra-minoritaires commencent à être séduites" par les jihadistes.
- "Pas une fatalité" -
"Le fléau du terrorisme n'est pas une fatalité ni en Afrique ni ailleurs, c'est une menace qu'il nous faut combattre, comme nous continuerons à le faire au Sahel et comme nous le ferons ici ensemble", a déclaré M. Le Drian.
"Nous le faisons avec cohérence et pragmatisme, en mobilisant les meilleurs spécialistes dans des infrastructures optimales", selon le chef de la diplomatie française.
"Nous savons que notre responsabilité, c'est de combattre ensemble cet ennemi commun dont les exactions au Sahel nous concernent directement, car sur la carte des menaces, le Sahel est la frontière Sud de l'Europe et la frontière Nord des Etats du Golfe de Guinée", a-t-il dit.
Il a précisé que l'AICLT devait accueillir et former "policiers, militaires, gendarmes, magistrats ou encore douaniers et personnels des administrations pénitentiaires", mais serait "également un lieu d'échanges où ils pourront mettre en commun leur expérience et tisser des réseaux dont la valeur ajoutée ne manquera pas de se faire sentir en ces temps de crise".
"Avec l'appui de la France, des Européens, de la communauté internationale, les Etats de la région doivent intensifier leur coopération militaire, leur coopération sécuritaire et leur coopération judiciaire" et "en agissant avec la même énergie et la même exigence sur l'ensemble du spectre du contre-terrorisme", selon M. Le Drian.
"Il faut désormais que tous les acteurs de la région s'approprient pleinement cet outil exceptionnel, tout en intensifiant leur engagement commun contre les groupes qui les menacent", a-t-il dit.
Quelque 500 stagiaires ouest-africains ont déjà été formés depuis 2017 à l'AILCT, avant son inauguration, selon Téné Birahima Outtara.
La création de cette académie dans une Afrique de l'Ouest dont plusieurs pays sont en proie à des attaques jihadistes - Al-Qaïda, Etat islamique (EI), Boko Haram - avait été officialisée en novembre 2017 à Abidjan par M. Macron et le président ivoirien Alassane Ouattara.