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Ils ont passé 5 jours avec Adrien Rompen: deux touristes affirment avoir permis l’arrestation du meurtrier en cavale

Yanis, 21 ans et Myriam, 22 ans, affirment, photo à l’appui,  sur le réseaux socialTwitter qu’ils ont rencontré le fugitif Adrien Rompen et que c’est eux qui, après avoir découvert sa vraie identité, ont appelé la police et permis son arrestation en Espagne.

Hier, la section verviétoise du parquet de Liège annonçait que le fugitif qui a tué son épouse en 2015, a été intercepté lundi en Espagne après 17 jours de cavale.

Yanis et Myriam nous ont raconté leur version des faits. Ils ont décidé de passer un mois de vacances dans le petit village catalan de Montblanc. Lors d’un week-end au bord de la mer, à Tarragone, ils disent rencontrer Victor, un Belge d’une quarantaine d’années. Le feeling passe plutôt bien.

Ils disent remarquer deux, trois choses étranges

L’homme veut se faire tatouer et Myriam est justement tatoueuse. Selon le couple, Victor change ses plans pour le suivre à Montblanc et insiste pour faire tout un tas d’activités avec lui : randonnées, visite d’un monastère, soirées etc.

Ils restent quelques jours ensemble. Mais, Yanis affirme qu’ils remarquent deux, trois choses étranges : "Il est toujours très flou quand il parle de son passé... On apprend qu’il a fait un peu de prison. Sur le moment, on ne lui prend pas trop la tête. Ça peut arriver à tout le monde". Myriam finit par lui demander pourquoi il a fait de la prison. Il répond, disent-ils, "qu’il a très rarement pris de la cocaïne dans sa vie, mais que la dernière fois qu’il en a pris, il est allé un peu trop loin, sans plus de détails. Cela nous interpelle quand même". Ils rapportent qu’ils apprennent plus tard dans la soirée que ses enfants ne lui parlent plus: "Il dit mot pour mot qu’ils lui ont craché dessus".

Au fur et à mesure de leurs interactions, Yanis et Myriam se rendent compte qu’il ne parle jamais de la mère de ses enfants. Yanis, à ce moment-là, émet l’hypothèse qu’il a peut-être battu sa femme, tout en espérant que ce ne soit pas le cas.

Selon le couple, Victor se trompe deux fois de prénom

Ils le retrouvent un soir et ils décrivent une ambiance "bizarre, pesante". "Il avait ramené 5 litres de sangria, du vin blanc, alors qu’on était trois".

Yanis rapporte qu'à un moment, il raconte une histoire en se trompant de prénom, il se présente comme Adrien et non Victor. Le lendemain, alors que le couple veut rester seul, Victor s’impose une fois de plus. Celui-ci propose d’échanger leurs photos via mail. Et toujours d’après le couple, Victor commence par écrire une adresse commençant par "adr", avant de la rayer et d’inscrire Victor. "Ca se voyait qu’il ne connaissait pas bien l’adresse et à ce moment-là ça a fait tilt".

On avait émis l’hypothèse qu’il avait pu avoir un problème avec sa femme. Mais de là à ce qu’il l’ait tuée?

Yanis l’interroge: "Ça fait deux fois que tu trompes. Victor, c’est ton vrai prénom ?". Celui-ci répond que "c’est un délire qu’il a avec une amie de se faire appeler Victor pour le voyage, ça fait penser à victoire. C’est le mood de ce voyage, je m’appelle Victor pendant un mois". Yanis trouve ça bizarre, mais il essaye de ne plus y penser. 

Ce n’est que le lendemain que le couple partage ses impressions sur Victor et Yanis révèle à Myriam que ce n’est pas son vrai prénom. Elle dit qu’elle n’a pas un bon feeling avec Victor, qui doit justement les rejoindre à 14 heures.

Yanis commence à imaginer, sans trop y croire, qu’il est peut-être en cavale : "Dans ma tête, c’était un scénario de film, ce n’était pas la réalité". Il tape sur son téléphone les mots : Adrien, recherché, Belgique. Et là, "Premier article, je tombe sur une grosse photo de sa tête, le meurtrier de sa femme n’est pas rentré en prison depuis plus de 10 jours. La police belge le recherche activement". "On tombe des nues. On ne peut pas y croire, à ce moment-là. On avait émis l’hypothèse qu’il avait pu avoir un problème avec sa femme. Mais de là à ce qu’il l’ait tuée ? Jamais, on n’aurait jamais pu imaginer ça", poursuit Yanis.

Il est midi, midi trente, gros coup de stress. Le couple a rendez-vous avec Victor dans une heure et demie. Yanis et Myriam appellent le 112. Ils expliquent, en anglais, l’histoire aux officiers espagnols : "Il y a un fugitif qui a tué sa femme. On le côtoie depuis 5 jours. On sait où il est. Il faut venir le chercher tout de suite"

Se rendre compte qu’on a passé cinq jours avec lui

Adrien arrive en avance au rendez-vous, en même temps que la voiture de police : "Au moment où je fais un signe aux policiers pour leur dire de s’approcher de nous, je vois Adrien qui marche tranquillement dans notre direction". Yanis panique mais il parvient à pointer du doigt le fugitif, tout en disant le plus fort possible en direction de la voiture de police : "Es el hombre", c’est l’homme. 

La police intervient directement et appréhende le fugitif. "Se rendre compte qu’on a passé cinq jours avec lui… Il nous a touchés, pris dans ses bras… Cinq jours où il nous a menti, où il n’a exprimé aucun regret", relève Yanis.

Deux jours après ce dénouement, Myriam et Yanis ne réalisent pas complètement ce qu’ils disent avoir vécu : "C’est compliqué de réaliser l’ampleur de ce qu’il y avait derrière la fuite de cet homme… On a été mêlé à ça, sans le vouloir", estime encore Yanis. 

Myriam considère, elle, que cet épisode va les rendre "plus vigilants, méfiants à l’avenir". Le couple, qui ajoute ne pas être tout à faire remis de ses émotions, va rentrer en France cette semaine. 

Contacté, le parquet de Liège n’est pas en mesure de confirmer cette version de l’arrestation d’Adrien Rompen. Il dit ne pas avoir reçu d’informations sur l’interpellation intervenue en Espagne.  
 

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