Le téléphone de Christian bascule sur le réseau français à Bleid, il appelle les secours et surprise: ils ne sont pas Belges...

"Que faire si j'assiste à un accident grave, comment appeler les secours?". Le 4 août dernier, Christian a vécu une situation particulière à Bleid (Virton). Habitant la Gaume depuis près de 40 ans, il a contacté notre rédaction via le bouton orange Alertez-nous pour signaler qu'il n'est pas parvenu à joindre les services de secours depuis son village. Son téléphone avait basculé sur le réseau de téléphonie mobile français. "Impossible" dès lors pour lui de joindre la centrale d'urgence 112 en Belgique ou le 101. "Cela aurait pu être dangereux", estime-t-il. 

"En partant du village de Bleid et en empruntant la rue du Bataillon Laplace, il y avait un troupeau de vaches en train de paître gentiment le long de la route. Elles étaient suffisamment nombreuses, et je me suis dit qu’il fallait prévenir la police", raconte Christian. "J’ai formulé le 101 et je suis tombé sur le réseau français SFR (ndlr: Bleid se situe à 4km de la France) qui m’a dit que ce numéro est impossible à joindre. J’ai fait le 112 en me disant tant pis, je vais déranger ces personnes pour pas grand-chose. Et je suis tombé sur quelqu’un qui m’a demandé 'Bleid, c’est dans quel département ?'. J’ai répondu qu’il n’y avait pas de département, que c’est du côté de Virton..."

Il poursuit son histoire: "On m’a alors dit de téléphoner au 112 belge. Mais si je refaisais le 112, j’allais retomber sur le numéro français. On m’a dit de m’éloigner et de trouver un réseau belge et retéléphoner. Donc si j’avais eu un accident à cet endroit-là, il m’était impossible de téléphoner à des secours. Je me suis dit "ce n’est pas grave, je vais via la 4G essayer de trouver le numéro de la police locale de Virton et essayer de les joindre. Malheureusement, pas de 4G, donc impossible d’avoir le numéro de la police (découvrez le déploiement de la 4G à Bleid via Proximus selon l'Institut belge des services postaux et des télécommunications). Je me suis déplacé de 4-5 km pour obtenir le réseau 4G et obtenir le numéro de la police de Virton. La police m’a répondu et a envoyé quelqu’un quelques minutes plus tard."

S'il ne s'est pas retrouvé dans une situation "insurmontable" ce jour-là, Christian, client chez Proximus, se dit "surpris" d'avoir rencontré ces "difficultés" pour joindre les secours.

"C’est la première fois que je me retrouve dans ce cas-là. Ce n’était pas important, il n’y avait pas de danger insurmontable. Pour autant qu’on roule prudemment, on ne risque pas d’avoir un accident. Mais si j’avais eu un accident, il aurait été impossible d’obtenir des secours. Ce n’est pas une zone blanche car il y a quand même du réseau, mais elle a le réseau français. Dans cette région, on est proche de la frontière. C’est dangereux. Je me trouvais sur le haut de Bleid en direction de Bakèse (un hameau du village de Bleid), il y avait du danger, mais ce n’était pas une urgence, pas quelque chose de menaçant. Heureusement, qu’ici à la maison, on a le téléphone fixe. S’il se passe quoi que ce soit, on sait téléphoner aux urgences", conclut-il.

La fin des frais de roaming est liée

Du côté de Proximus, le porte-parole Haroun Fenaux explique que "dans les zones frontalières, on passe parfois sur le réseau de l'opérateur qui se trouve de l'autre côté de la frontière. Soit on n'a plus de réseau belge, et on tombe sur le réseau français. Soit on a encore du réseau belge, mais le téléphone se branche sur l'antenne la plus forte, où le signal est le plus fort. C'est là où, parfois, à des endroits frontaliers, des antennes françaises émettant plus fortement que les antennes belges (voir plus bas), on peut se retrouver sur le réseau français".

Une situation, comme celle vécue par Christian, se présente-t-elle régulièrement? Probablement, car les frontaliers n'ont sans doute pas/plus le réflexe de "bloquer" le réseau français, comme l'explique Haroun Fenaux: "Il faut comprendre que depuis que les communications téléphoniques à partir de la France sont au même prix et comprises dans le forfait que l'on a en Belgique, le problème est beaucoup moins important que ce qu'on a pu avoir à l'époque où les prix de roaming étaient beaucoup plus élevés. A ce moment-là, quand on tombait sur le réseau français, on payait plus cher que si on était sur le réseau belge (donc les gens faisaient attention et désactivaient le roaming, ou l'itinérance). Mais depuis que le roaming est compris dans les forfaits belges, c'est un problème qui n'existe plus."

Il existe une solution

Le porte-parole de Proximus souligne que le cas vécu par Christian est "très spécifique". "C'est un appel d'urgence au moment où il était justement sur le réseau français. C'est en effet embêtant. Si je pouvais conseiller ce client, c'est de forcer son GSM à rester sur le réseau Proximus. Ce sera une bonne façon de ne plus avoir cette mauvaise blague. Quand vous allez sur l'option réseau, il est très facile de pouvoir forcer le réseau à rester sur Proximus et ne pas accepter le Roaming. Quand vous allez à l'étranger, évidemment, il faut changer cette fonctionnalité. Mais tant que vous restez en Belgique, annulez la possibilité de faire du roaming."

"J'aurais été moi-même surpris. Quand on se retrouve à la frontière, mais pas encore du côté français et qu'on appelle le 112, probablement dans un moment de stress, on ne comprend pas tout de suite qu'on est sur un 112 français. Je peux comprendre l'étonnement du client. Il n'était pas obligé de se déplacer. Il pouvait reprendre un réseau belge et téléphone au 112. Un client Base, par exemple, qui n'aurait pas de réseau, quand il veut appeler le 112, peut utiliser le réseau Proximus pour pouvoir l'atteindre."

Pourquoi le réseau français est-il plus puissant? 

"En Belgique, nous avons un double principe de précaution et nos antennes émettent moins fort que les antennes françaises. Ces dernières utilisent ce que préconise l'OMS (Organisation mondiale de la Santé), soit 41,2 volts/mètre (V/M). Beaucoup de pays suivent cette norme. La Belgique a depuis longtemps eu des normes d'émission bien en deça des normes préconisées par l'OMS. Nos antennes seront toujours moins fortes que les antennes françaises. Et il n'y a pas de plan de la part du législateur pour augmenter les normes jusqu'à 41,2. Il les a récemment un peu plus élevées de façon à pouvoir déployer la 5G pour les opérateurs (14,5 V/M à Bruxelles et 18,4 en Wallonie)", conclut Haroun Fenaux.