Si les caisses sont vides, c'est en raison des mesures qu'a voulues la droite, a affirmé dimanche le président du PS, Elio Di Rupo, lors d'une réunion de son parti.
Il s'en est pris plus particulièrement aux intérêts notionnels, défendus sous la précédente législature par les libéraux pour favoriser les investissements des entreprises mais qui à eux seuls coûtent 2,4 milliards d'euros au budget de l'Etat, soit bien plus que ce que les socialistes réclament pour améliorer le pouvoir d'achat des gens.
"La droite en Belgique, comme en France, a une obsession: faire des réformes très coûteuses et pourtant dès que nous, socialistes, nous proposons quelque chose, on nous répond: ça va coûter! ", a lancé M. Di Rupo.
Le président des socialistes francophones a cité en exemple quelques unes des mesures préconisées par son parti et en a comparé le coût avec celui des intérêts notionnels: la baisse de la TVA de 21 pc à 6 pc sur le gaz et l'électricité ne coûterait ainsi que 700 millions d'euros, soit 3,5 fois moins que les intérêts notionnels.
Et de s'en prendre au ministre des Finances, Didier Reynders, qui avait indiqué devant le conseil des ministres que la mesure ne coûterait que 500 millions d'euros. "La politique, c'est une question de choix mais aussi d'honnêteté intellectuelle. Quand on dit que ça va coûter 500 millions d'euros, ça doit coûter 500 millions", a-t-il souligné.
Sur le même thème, M. Di Rupo a dénoncé les "indécences" d'une économie de "rentiers" et a plaidé pour une taxation des plus-values sur actions. Entre 1991 et 2005, 194 milliards d'euros de plus-values n'ont pas été imposés. Si l'on déduit les moins-values, il reste 70 milliards qui, s'ils avaient été soumis à l'impôt des sociétés, auraient rapporté 23 milliards d'euros, a-t-il expliqué.
Aux yeux du PS, un rééquilibrage est nécessaire entre les bénéfices engrangés par les sociétés et les revenus des travailleurs. "On est ravi que les entreprises puissent bien travailler mais on serait aussi ravi que les gens puissent bien vivre. Il faut trouver un équilibre. (...) Nous refusons des profits himalayesques des entreprises et les revenus des gens qui seraient en dessous du niveau de la mer", a-t-il dit.
L'opposition entre la gauche et la droite a été au coeur du discours du président du PS. Il s'est revendiqué d'une "gauche moderne" qui fait de la solidarité sa valeur fondamentale face à une droite qui a surtout œuvre au bonheur des mieux nantis. "Je suis convaincu que dans ce qui a été fait, là où beaucoup d'argent a été déversé, c'est en faveur de quelques milliers de personnes alors que nous nous occupons de millions de personnes", a-t-il lancé.
Lors de cette réunion, le PS a initié son opération des "Artisans du progrès". Durant 12 mois, des militants du PS ainsi que des sympathisants organiseront des débats sur des thèmes divers pour alimenter la réflexion du parti et nourrir son programme. A ce jour, quelque 140 ateliers sont déjà prévus en Wallonie et à Bruxelles.
