Partager:
Un fort séisme, le deuxième en deux mois dans le centre de l'Italie, a provoqué d'importants dégâts et jeté à la rue des milliers de personnes paniquées et désormais inquiètes que les autorités les relogent loin de chez elles.
Au grand soulagement des secouristes, aucun habitant de la zone touchée n'a été porté disparu et les urgences des hôpitaux de la région n'ont reçu que quelques dizaines de personnes pour des blessures légères ou des malaises.
"Vu la force des secousses (...), c'est miraculeux", a estimé le ministre de l'Intérieur, Angelino Alfano, tandis que le chef du gouvernement, Matteo Renzi, a débloqué d'urgence 40 millions d'euros et s'est rendu sur place dans l'après-midi pour soutenir les sinistrés.
A deux heures d'intervalle, deux secousses d'une magnitude de 5,5 et 6,1, selon l'institut américain de géologie USGS, ont été enregistrées mercredi soir près de Visso, à quelques dizaines de kilomètres au nord des localités détruites le 24 août par le séisme de magnitude 6 qui avait fait près de 300 morts, des personnes surprises dans leur sommeil.
Mercredi, la première secousse a probablement sauvé de nombreuses vies en poussant les gens à quitter leurs logements avant la deuxième, plus destructrice.
Mais maintenant, impossible d'y retourner pour au moins 4.000 personnes, selon la protection civile.
Ainsi à Visso, "toutes les maisons sont inutilisables", qu'elles soient détruites, fissurées ou juste fragilisées, a expliqué le maire de la commune, Giulio Pazzaglini, micro à la main, s'adressant à la population du centre d'accueil installé par la Croix Rouge.
Beaucoup de sinistrés paniqués par la force et la fréquence de centaines de répliques qui sont montées jusqu'à 4,6 depuis mercredi soir ont passé la nuit dans leur voiture, sous une pluie battante.
Si jeudi a vu le retour du soleil, les options pour les jours, les semaines et les mois à venir, en fonction de l'importance des réparations, sont délicates : s'installer dans des structures à l'extérieur, essentiellement des hôtels sur la côte à 80 km, choisir soi-même un logement avec une aide financière ou rester sur place dans des structures collectives.
Il fait en effet trop froid en cette saison dans ces régions de moyenne montagne pour envisager de maintenir des camps de toile autour des villages.
"On ne peut pas imaginer de passer l'hiver dans une tente, il ne faut même pas monter les camps", a insisté M. Renzi après une réunion avec les responsables des secours à Camerino.
- 'Rude épreuve' -
Pour installer les gens sur la côte, il faudra mettre en place un système de navettes pour les aider à revenir dans leur région - en particulier ceux qui y travaillent - et surtout de surveillance contre les traditionnels "chacals" venant piller les habitations vides.
Un premier car est parti jeudi soir pour la côte, mais Elio Lazzaretto, hébergé dans un vaste hangar où s'alignent 300 lits de camp à Camerino, n'a pas envisagé d'y monter.
"Malgré les risques, je ne me vois pas quitter cette région. J'y suis né, j'y ai passé toute ma vie", a expliqué à l'AFP cet homme de 78 ans dont la maison, en bordure du centre historique, n'a pas été endommagée mais reste dans la zone interdite d'accès.
Pourtant, le gouvernement a promis, comme après le séisme d'août, que tous les bâtiments endommagés ou détruits seraient reconstruits. "L'Italie n'abandonne pas ses citoyens. Le séisme nous met à rude épreuve, mais nous sommes plus forts", a martelé M. Renzi.
Par mesure de précaution, beaucoup d'écoles ne rouvriront pas avant la fin du pont de la Toussaint.
Beaucoup de sinistrés sont cependant encore marqués par la peur qui les a saisis mercredi soir, deux mois après le drame d'Amatrice.
"Le séisme a été très fort, apocalyptique, les gens hurlaient dans les rues, il n'y avait pas de lumière. Notre village est fini", s'est désolé Marco Rinaldi, maire d'Ussita, village situé à 600 mètres d'altitude.
"Hier au moment de la deuxième secousse, mon épouse et moi avons eu à peine le temps de sortir avant que la maison ne s'écroule", a raconté à l'AFP Massimo Testa, un septuagénaire qui avait restauré une maison du XVe siècle dans le centre de Visso.
"Mon épouse était pétrifiée, elle voyait les pierres tomber autour d'elle. Grâce à Dieu, on est en vie, c'est le plus important", a-t-il ajouté, encore sous le choc.