Le crime de Jean-Baptiste Rambla, frère de Marie-Dolores Rambla assassinée en 1974, ne peut s'expliquer sans un détour par l'affaire Ranucci, selon son avocat. Le procès démarre mercredi devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône
Le 12 février 2005, la compagne de Jean-Baptiste Rambla, Patricia Aymar, découvrait dans un cabanon du jardin de son domicile à Marseille un sac de voyage contenant les restes d'un cadavre en décomposition. Immédiatement arrêté, M. Rambla avouait avoir étranglé Corinne Beidl, disparue depuis le 20 juillet 2004, qui, avec son compagnon Christian Chalançon, l'avait fait travailler en tant que régisseur adjoint ou serveur dans leur entreprise spécialisée dans la restauration sur les plateaux de tournage.
Selon les éléments recueillis par les enquêteurs, M. Rambla qui avait, selon ses dires, eu une relation amoureuse avec la victime, s'en était pris à elle car elle aurait voulu lui faire du chantage, le menaçant de perdre son emploi à défaut de relations sexuelles. Pour la défense de Jean-Baptiste Rambla, son crime ne peut s'expliquer sans évoquer un contexte dévastateur qui, depuis plus de trente ans, hante l'accusé. Aujourd'hui âgé de 41 ans, M. Rambla est le petit frère de Marie-Dolores Rambla, enlevée le 3 juin 1974 à l'âge de 8 ans, alors qu'elle jouait avec d'autres enfants devant leur immeuble à Marseille, et découverte assassinée le lendemain.
Le 28 juillet 1976, Christian Ranucci, 22 ans, condamné à mort pour ce meurtre, a été exécuté à la prison marseillaise des Baumettes pour ce crime. Mais l'affaire est loin de s'être arrêtée là, l'écrivain Gilles Perrault publiant deux ans plus tard "Le pull-over rouge", un livre qui reprenait l'enquête pour tenter de démontrer que, truffée de lacunes et d'inexactitudes, elle avait envoyé un innocent à la guillotine. Depuis plus de trente ans, les tenants de l'erreur judiciaire cherchent à faire réviser l'affaire.
"Jean-Baptiste avait six ans quand sa soeur a été enlevée et les flous de son témoignage de l'époque ont été utilisés par tous ceux qui voulaient voir réviser le dossier", explique Me Jean-Michel Pesenti, son avocat. Pour son conseil, M. Rambla a grandi avec une double culpabilité, celle de n'avoir pas pu sauver sa soeur et celle d'avoir pu involontairement alimenter une polémique qui a continué, pendant tant d'années, à faire souffrir sa famille.
Mais pour Christian Chalançon, l'une des partie civiles, pas question de s'engager sur ce chemin. "Notre client (M. Chalançon) vit un drame, il a dû subir six mois de silence et de questions pour ensuite découvrir que Jean-Baptiste Rambla qu'il avait aidé en le faisant travailler, était l'auteur de ce crime", explique Me Fabien Perez qui, avec Me Michel Pezet, défend les intérêts de M. Chalançon. "M. Rambla dit que pendant l'affaire Ranucci, on lui a enlevé son statut de victime; en raison du battage médiatique autour de cette affaire, c'est exactement ce qu'est en train de vivre M. Chalançon", ajoute Me Perez.
Pour ce dernier, le meurtre de Mme Beidl est avant tout un crime crapuleux, M. Rambla ayant tué sa victime car son "train de vie ne correspondait pas à ses ressources financières" et qu'il voulait lui soutirer de l'argent. Le verdict est attendu vendredi.
