A Frameries, les riverains de la rue Dagneau souffrent de nuisances sonores. D’autres ont également vu des fissures apparaître sur leurs murs. En cause: la déviation du trafic dans leur rue, suite à des travaux de rénovation commencés le 10 avril dernier. Les autorités communales se montrent compréhensives mais affirment avoir pris toutes les mesures envisageables pour réduire au maximum ces désagréments.
Quand on parle de travaux, c’est souvent synonyme de désagréments pour les automobilistes. Mais cela peut aussi être le cas pour les riverains. A Frameries, la phase finale d’un vaste projet de rénovation et d’embellissement du centre de la commune cause pas mal de soucis aux habitants de la rue Dagneau. Au point que Stéphane, l’un d’entre eux, nous a contactés via
"On a vraiment l’impression de descendre d’un étage"
Voitures, camions et bus des TEC passent désormais par cette rue plutôt étroite et à sens unique. Et cet accroissement incontestable du trafic a provoqué des nuisances sonores quotidiennes en raison des vibrations. "A 4h du matin, tout le monde est réveillé par le passage des premiers camions. C’est vraiment d’importantes secousses. On a vraiment l’impression de descendre d’un étage. Et ce n’est pas une de temps en temps. Il y a énormément de secousses, puisque c’est à chaque passage d’un camion ou d’un bus. C’est infernal, c’est jour et nuit. Avant, il y avait une voiture qui passait de temps en temps, et maintenant il y a plus de 10.000 véhicules qui passent", assure le riverain.
Des fissures dans les murs
Parallèlement à la fatigue qui s’accumule pour les habitants s’ajoutent des dégâts matériels aux habitations. Certains riverains ont signalé aux autorités l’apparition de fissures dans les murs de leur maison. "Moi-même, j’ai des fissures dans les murs en façade et aussi au niveau des plafonds. Dans d’autres maisons, le carrelage au niveau du sol a bougé. C’est assez pénible à voir puisqu’on fait des études, on met de l’argent de côté, on achète une habitation et puis on la voit se dégrader en quelques semaines", déplore Stéphane.
La seule solution
Excédés par cette situation problématique, des riverains se sont plaints auprès des autorités communales, qui se disent conscientes du problème. "La ligne de bus TEC qui passe par Frameries vers Mons est l’une des plus fréquentées de la région. Il y a donc beaucoup de bus qui passent et il fallait les dévier. C’est vrai que quand un bus passe, c’est quand même impressionnant. Et on savait que cette voirie-là n’était pas adaptée pour recevoir un trafic important à demeure. Mais c’était la seule solution, si l’on veut toujours assurer une bonne déserte pour nos habitants", indique Didier Draux, échevin des Travaux, de l’Aménagement du territoire et de la Mobilité.
Limitation de vitesse, radars et présence policière
Afin de soulager quelque peu la peine des habitants de la rue Dagneau, les autorités ont d’ailleurs pris rapidement plusieurs mesures."Tout d’abord, on invite au maximum les conducteurs à prendre les itinéraires de contournement de la ville. On a aussi limité la vitesse à 30km/h. On a instauré une chicane au milieu de la rue pour encore réduire la vitesse. On a installé des radars et on a limité le tonnage à 3,5 tonnes", énumère Jean-Marc Dupont, bourgmestre de Frameries. Les poids lourds doivent donc suivre à présent une autre déviation plus longue et ne sont plus autorisés à circuler dans cette rue.
Le souci, c’est que ces injonctions sont très peu respectées. D’après Stéphane, beaucoup de poids lourds continuent à rouler devant chez lui. Et certains automobilistes, surtout la nuit, dévalent la rue à une vitesse excessive."Il y a donc un danger réel au niveau de la sécurité. C’est vraiment devenu un grave problème dans le quartier qui nous est tombé sur la tête du jour au lendemain." Pour verbaliser les conducteurs en infraction, une présence policière renforcée a dès lors été mise en place. "Le problème, c’est l’incivilité des gens. La seule solution pour nous, c’est donc la répression et c’est pour cela que la police assure une présence. Depuis que je suis bourgmestre, c’est la rue la plus contrôlée de la commune", assure Jean-Marc Dupont.
Pas 10.000 véhicules par jour !
Par ailleurs, même s’il ne veut pas minimiser les désagréments subis par les habitants, le mayeur tend toutefois à relativiser certains faits. "Il est évident que beaucoup plus de véhicules passent par jour, mais pas 10.000 ! Une dame m’a dit que plus de 1.000 camions passent tous les jours. Mais ce matin, les policiers qui contrôlaient de 6h à 8h du matin n’ont aperçu que 4 camions."
Quant aux dégâts matériels, le bourgmestre se montre prudent. Ce jeudi matin, il s’est rendu sur place avec le chef du chantier, à la demande des riverains. Tous deux ont constaté que quatre maisons présentent bel et bien des dommages. Mais selon Jean-Marc Dupont, rien ne prouve actuellement que ces dégâts soient entièrement provoqués par la circulation plus dense à cet endroit. "On a conseillé à ces gens, c’est la procédure, d’introduire une demande d’indemnisation auprès de la commune. Et nous, nous transmettons cela à notre compagnie d’assurance. Et il appartiendra aux assurances d’établir la nature du préjudice, de la chiffrer et surtout d’établir le lien éventuel avec l’accroissement du trafic."
Pas d’étude de stabilité des sols
De leur côté, les riverains restent mécontents et continuent à se mobiliser. Une pétition a été remise aux autorités. Stéphane a lui aussi épinglé le fait qu’aucune étude de stabilité des sols n'avait été menée au préalable par la commune. D’après Didier Draux, échevin des Travaux, une telle étude n’est toutefois pas obligatoire. "Une voirie est faite pour supporter 44 tonnes. Donc, tout est prévu pour supporter ce genre de trafic. D’ailleurs avant les travaux, des camions de 7,5 tonnes passaient dans la rue", souligne l’échevin.
Reste que certains habitants devront réparer les dégâts matériels de leur maison. Et la note risque d’être salée. D’autant plus qu’ils ne sont pas certains de recevoir une quelconque indemnisation.
Seule consolation : le respect du calendrier
Leur seule consolation: les travaux avancent bien, selon le bourgmestre, et devraient être terminés comme prévu, début juillet. Jean-Marc Dupont assure également qu’il examine actuellement la demande de déviation pour les bus TEC introduite par les riverains. "On le fait très sérieusement, mais c’est plus compliqué que ce qu’ils imaginent. Si c’est possible sans déplacer le problème, je n’ai toutefois pas de problème à le faire. Il faut juste que cette proposition apporte une valeur ajoutée au dispositif actuel ", déclare le bourgmestre. Une décision à ce sujet devrait être prise dans les meilleurs délais.
Julie Duynstee
