De plus en plus de secteurs annoncent qu’ils participeront à la grève générale de jeudi. Parmi ceux-ci, les pilotes et le personnel de cabine des compagnies aériennes. C’est en tout cas ce qu’a annoncé Erwin de Deyn, le président du SETCa. À cette occasion, Christian, un pilote de 53 ans, nous a fait parvenir un courrier dans lequel il dénonce les conditions de travail et le recul de l’âge de la pension.
Christian, 53 ans, est pilote de ligne. Il a déjà piloté 16000 heures, mais il ne se plaint pas, il pense tout d’abord à ses collègues plus jeunes qui verront l’âge de leur retraite reculé. "Il a fait un rêve", nous écrit-il:
"I had a dream… A bientôt 53 ans et 16000 h de vol, j’ai encore la chance d’être aux commandes d’un avion de ligne. La "chance", car dans la compagnie, sur les 500 navigants, nous sommes encore seulement une dizaine de "vieux quinquas navigants" à travailler à temps plein. La plupart des collègues de mon âge ont perdu leur licence médicale ou sont… morts!"
"En effet, si le métier de pilote de ligne s’avère passionnant, les conditions n’en restent pas moins éprouvantes : manque de sommeil permanent dû à l’alternance de travail de jour et de nuit ainsi que les décalages horaires, manque d’oxygène permanent (cabine pressurisée à 2500m…le manque d’oxygène est ressenti par le corps à partir de 1500m), humidité relative proche de 0%, 80 décibels en permanence dans les tympans, les rayons cosmiques à plus de 12000m soit l’équivalent d’une radio des poumons pour chaque aller-retour sur l’atlantique…le tout à raison de 190 heures mensuelles prévues par la réglementation européenne."
"Conséquence : une espérance de vie moyenne de 64 ans – chiffre communiqué par le fonds de pension KLM à l’association des pilotes."
"Afin de compenser les conditions difficiles du métier, en plus du régime normal de pension, nous cotisons pour un régime spécial prévoyant la retraite à 55 ans avec un minimum de 30 ans de carrière."
"Mais grâce à notre nouveau gouvernement, qui présente notre régime spécial de pension comme un privilège, voici quelle sera plutôt ma fin de carrière : soit j’ai la chance de conserver mon aptitude médicale jusqu’à 65 ans et, suivant les statistiques…je meurs pratiquement aux commandes, soit je perds ma licence et je vais grossir le rang des chômeurs de plus de 50 ans avec à la clef, une exclusion automatique après 3 ans dans le meilleur des cas."
"Je termine par une pensée pour mes collègues cheminots, infirmiers, professeurs qui comme moi exercent des métiers certes passionnants, mais aux conditions également souvent pénibles. Comme pour les navigants, peu de chance d’avoir un jour accès à une retraite bien méritée. Pas de chance, il ne fallait pas choisir une carrière dans un régime spécial ! We had a dream…"
