Partager:
ll a neuf ans à peine et se rêve déjà en "plus jeune grand maître international" de l'histoire des échecs. Le Béarnais Marc Llari, sacré champion du monde de la discipline en septembre en Géorgie, nourrit de grandes ambitions.
Sur la petite table basse du salon familial, à Pau, trône un échiquier. "Il y en a quasiment dans toutes les pièces", sourit le père, Franck.
C'est là, ou sur son ordinateur, que le garçon passe des heures à jouer contre celui qui lui a appris à bouger les pièces alors qu'il n'avait pas encore deux ans, ou contre son mentor le grand maître Patrice Etchegaray, entraîneur de la section échecs de l'Aviron Bayonnais, deux à trois fois par semaine.
Avec un premier titre mondial remporté à huit ans, sans aucune défaite face à des "petits champions étrangers entraînés par les meilleurs joueurs", "un bel avenir" se dessine pour Marc, estime son coach.
Devenir grand maître international ou GMI: ce Graal régi par le classement Elo, système d'évaluation des échecs, exige a minima 2.500 points.
Avec 1.800 points, le jeune Marc, admiratif de l'illustre Garry Kasparov ou du champion du monde en titre, le Norvégien Magnus Carlsen, devra "travailler dur car la route est longue", selon son mentor.
Pour y arriver, il devra également réaliser des performances en tournoi, face à d'autres grands maîtres. La France en compte à ce jour 48.
- "Absolument exceptionnel" -
Le jeune Palois, licencié de l'Échiquier Henri IV, a fait forte impression dès ses débuts. Il n'avait alors que 5 ans mais était déjà "absolument exceptionnel", s'enthousiasme Laurent Bruneau, formateur du club local, qui insiste alors pour entraîner ce tout jeune joueur.
"Il nous a dit qu'il l'emmènerait aux championnats de France puis du monde mais je me suis dit qu'il disait n'importe quoi", se souvient Christelle, la mère de Marc, encore incrédule.
Championnats départemental, régional, national, d'Europe et du monde: Marc les a déjà tous connus. En avril 2022, il intègre l'équipe de France.
Devenir grand maître avant 14 ans est "un objectif extrêmement ambitieux" mais "dans ses cordes car il progresse à une vitesse phénoménale", juge Laurent Bruneau.
Il pourrait alors détrôner le Corse Marc'Andria Maurizzi, devenu grand maître international en mai 2021 à cet âge, voire Abhimanyu Mishra, Américain d'origine indienne, qui a atteint ce rang à 12 ans.
Pion en main, Marc explique ses ouvertures, montre des coups, à toute vitesse. "J'adore jouer vite, sourit-il. Mon truc, c'est l'attaque".
Enfant "très éveillé", "vivace", qui a besoin d'être "constamment stimulé" selon ses proches, Marc a déjà sauté trois classes et joue aussi du piano, de la guitare, fait de la cesta punta (pelote basque avec un gant en osier) ou encore du tennis de table.
- Dispositif dans les écoles -
Mais ce sont bien les échecs qui occupent son esprit. "Quand je ne joue pas, je visualise tout le temps des parties, je joue dans ma tête, j'en rêve aussi", dit-il, enthousiaste.
Depuis fin 2022, la Fédération française d'échecs, forte d'environ 50.000 licenciés, a initié un nouveau programme baptisé "Class'Echecs", en collaboration avec le ministère de l'Éducation.
Il vise à équiper 15% des écoles du territoire en échiquiers d'ici trois ans, pour initier 250.000 élèves de primaire.
"Les échecs ont un bénéfice important sur la logique, sur l'apprentissage des mathématiques ou la concentration", explique Alexandre Borreilh pour la Fédération.
Environ 1.500 écoles ont déjà mis en place le dispositif. "On a eu énormément de demandes. Depuis trois ans, les échecs ont nettement gagné en popularité et on atteint un nombre record de licenciés", ajoute M. Borreilh.