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22 gardiens de prison jugés pour coups volontaires et traitements inhumains: le tribunal a rendu son verdict

Le tribunal correctionnel de Bruxelles a rendu son jugement concernant 22 gardiens de la prison de Forest ainsi que la directrice de l'établissement. Ils étaient poursuivis pour traitements dégradants et inhumains à l'égard de détenus. 14 personnes ont été condamnées à des peines allant de 2 à 20 mois de prison avec sursis. C'est bien en-dessous de ce qu'avait demandé le ministère public.

Les procureurs avaient requis des peines de 6 mois à 5 ans de prison pour certains gardiens. Le tribunal correctionnel de Bruxelles se montre plus clément. 14 condamnations avec des peines de prison de 2 à 20 mois, toutes avec sursis. Pour les avocats de la défense, la justice n’a pas fait un procès pour l’exemple. "Très clairement, ce que l'on voulait absolument stigmatiser, c'était l'attitude prêtée à certains prévenus qui serait de considérer que la prison, l'univers carcéral, serait une zone de non-droit, estime Nathalie Gallant, avocate d’un prévenu. Et je pense que le jugement est extrêmement nuancé à ce sujet".

 
"On peut comprendre qu'il y ait des dérapages"

Parmi les faits reprochés aux gardiens et commis en 2014 et 2015 : des coups volontaires, des traitements inhumains et dégradants comme la privation d’aliments et de soins.

Si le ministère public regrette la loi du silence qui règne dans le milieu carcéral, il reconnaît aussi la difficulté du travail en prison. "Il y a souvent des insultes, des menaces et c'est très difficile pour les gardiens de prison de travailler dans ce contexte, estime Yannick De Vlaeminck, avocat de trois prévenus. Humainement, on peut comprendre qu'il puisse y avoir des dérapages, bien que ce ne soit pas acceptable".

 
"On reproche à ma cliente ce qu'il faudrait reprocher à ceux qui décident du budget des prisons"

Outre les condamnations, il y a cinq acquittements et trois suspensions du prononcé. Notamment pour la directrice de l’établissement à qui le juge reproche de la négligence. Elle n’aurait pas tenu compte d’un avis médical concernant un détenu vulnérable.

Son avocat, lui, pointe l’absence de moyens dans les prisons. "Dire à ma cliente qu'elle a été négligente, c'est demander l'impossible à des directeurs de prison, considère Dimitri de Béco, avocat de la directrice de la prison. Des directeurs de prison qui disent depuis des années qu'ils manquent de moyens, qu'ils manquent de gardiens, qu'il n'y a pas assez de médecins, pas assez d'infirmiers, que les prisons sont surpeuplées. Que voulez-vous? Ces gens aimeraient bien travailler dans de meilleures conditions. Je trouve qu'ici, on reproche un peu à ma cliente ce qu'il faudrait reprocher à ceux qui décident du budget des prisons".

L’avocat de la directrice fera appel de la décision du tribunal.

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