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Les migrants de la gare du Nord déplacés vers des centres pour sans-abri

Il n'y a plus aucun migrant à la Gare du Nord à Bruxelles. La police avait reçu l'ordre d'évacuer ce matin les 200 migrants qui dorment depuis des mois dans la gare. Mais les policiers n'ont pas eu l'occasion d'intervenir. Les associations avaient pris les devants. Dès jeudi soir, ces migrants ont été conduits dans des centres d'hébergements. L'espace qu'ils occupaient à la Gare du Nord va être fermé.

Le déplacement des migrants en transit à la gare du Nord a commencé vendredi matin, a indiqué la ministre à l'Asile et la Migration, Maggie de Block (Open Vld). Les migrants ont été redirigés vers des centres pour sans-abri à Bruxelles, où ils seront suivis par l'Agence fédérale pour l'accueil des demandeurs d'asile (Fedasil). Ceux qui "ne saisiraient pas cette chance" et retourneraient vers la gare seront emmenés en centre fermé, a précisé la ministre.

Les migrants déplacés seront informés par Fedasil des procédures de retour volontaire et d'asile. La plupart d'entre eux n'ont en effet pas demandé l'asile en Belgique et espèrent poursuivre leur voyage vers le Royaume-Uni.

Leur présence aux alentours de la gare du Nord est revenue au-devant de l'actualité après que la société de transport flamande De Lijn a annoncé que ses bus n'y feraient plus halte à cause de "l'insécurité qui y règne et du manque d'hygiène".

La police n'avait pas de solution

Mehdi Kassou, porte-parole de la plateforme citoyenne pour l'accueil des réfugiés, était sur les lieux. Il explique: "Hier soir, nous avons pu orienter 60 personnes vers la Croix rouge, 40 personnes vers le Samusocial et 40 personnes vers la plateforme citoyenne. En l'absence d'une idée structurelle, on peut faire preuve de pragmatisme et montrer que les dispositifs bruxellois, avec un peu d'énergie, pouvaient solutionner en partie ce qu'il se passait à la Gare du Nord." 

Bernard Clerfayt, bourgmestre de Schaerbeek, enchaine: "Il y a deux ans, nous avions mené des opérations sur les personnes en séjours irréguliers. Nous avions demandé à l'Office des Étrangers qui dépendait de monsieur Francken ce qu'il fallait en faire. Dans 90% des cas, la réponse était 'libérez-les'. Ils revenaient ici. La police n'avait pas de solution. Si ces gens étaient là, c'est qu'il n'y avait pas de solution en centre d'accueil - fermé ou ouvert-  de la part de l'État fédéral. S'il y a des solutions, si on peut les envoyer ailleurs alors on peut garantir que cet espace ne soit pas un espace ou les migrants restent".

Les conditions y étaient inhumaines

"Nous rendons la gare du Nord aux navetteurs et aux voyageurs", s'est félicitée vendredi matin Maggie De Block, qui ajoute qu'une gare ne constitue pas un centre d'accueil. "Les conditions y étaient inhumaines, tant pour les migrants que pour les usagers et les personnes qui travaillent à la gare."

Dans les centres pour sans-abri, "la priorité sera d'accompagner les personnes vulnérables comme les femmes seules, les familles avec enfants et les personnes qui nécessitent une aide médicale ou psychologique".

Les migrants qui opteront pour le retour volontaire ou l'introduction d'une demande d'asile seront pris en charge dans les infrastructures de Fedasil.


Solution provisoire ou résolution à long terme?

Comme l'a indiqué notre journaliste Benoît Duthoo en direct dans le RTL INFO 19H, l'enjeu est plus large: il faut éviter que les migrants puissent s'installer et séjourner ailleurs dans le quartier autour de la Gare du Nord. "Pour cela, il faut probablement deux éléments. Il faut maintenir à long terme l'offre de places dans les centres d'accueil. Pour cela il faut un financement à long terme et on peut s'interroger quand on constate que la mise en place de ce dispositif est fait et annoncé à une semaine des élections. L'autre élément est d'assurer une présence policière dans le quartier. Je peux vous dire que pour l'instant en tout cas il y a de nombreux policiers de la zone locale, mais des policiers fédéraux, des agents de la police des chemins de fer. Ils s'occupent de surveiller les grandes allées de la Gare du Nord", a commenté notre reporter en direct.



La gare du Nord pas desservie vendredi soir, mais les bus peuvent s'y parquer (De Lijn)

Les bus de la société De Lijn ne desserviront pas les arrêts de la gare du Nord vendredi soir, mais ils pourront déjà s'y parquer, indique la société flamande de transports publics. Le service aux voyageurs reprendra une fois que la police aura donné son feu vert.

Des chauffeurs de la société De Lijn s'étaient plaints du manque d'hygiène aux alentours des arrêts de bus situés au sous-sol de la gare, où un groupe de migrants avait établi un camp de fortune. L'arrêt avait alors été déplacé sur la place Rogier, mais non sans provoquer des désagréments.

Vendredi matin, les migrants ont été redirigés vers des centres pour sans-abri à Bruxelles. Depuis, la société De Lijn attend le feu vert de la police pour rétablir la desserte des arrêts concernés. Si les bus peuvent s'y parquer vendredi soir, aucun passager ne sera embarqué, précise De Lijn.

La reprise normale du service est attendue pour ce week-end, bien qu'il n'y ait encore aucune certitude. "Dès que nous en savons plus, nous tiendrons nos voyageurs informés via notre site web, les médias et les médias sociaux", selon la société flamande.

Samedi matin, les bus 20 et 61 de la STIB desserviront à nouveau les arrêts souterrains de la gare du Nord dès leur premier trajet, a fait savoir la société bruxelloise des transports publics.

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